Accueil des familles dans un centre pénitentiaire

L’importance de l’accueil en milieu pénitentiaire. (Présence Mariste n°256, Juin 2008)

Frère Jean MONTCHOVET a bien voulu témoigner pour Présence Mariste de son engagement dans ce service d’accueil des familles des détenus. Qu’il en soit vivement remercié.

Comment se passe concrètement la permanence d’accueil ?
Il est 12 h 30 lorsque je pénètre avec mon coéquipier — on est toujours deux — dans le local réservé aux familles en attente de parloir. C’est une salle assez vaste pour recevoir jusqu’à cinquante personnes, bien éclairée par de grandes baies vitrées, d’accès facile pour tous et très proche de l’entrée des deux prisons : la Maison d’Arrêt, et la Centrale.
Une famille, arrivée de Nantes, a sorti le pique-nique. Des sièges fixes, une table, un meuble imposant comprenant les casiers, sous clé, où les familles déposent leurs affaires personnelles pour la durée du parloir, deux bornes électroniques permettant de prendre les rendez-vous suivants, constituent le mobilier du local. Un coin est réservé pour les enfants.

Comme la fleur, offrir le parfum d’une présence


Nous installons la table à langer, un présentoir pour revues, horaires des bus et trains. Et le petit bar (!) avec café, thé, chocolat, boissons fraîches, gâteaux, bonbons : le tout offert par l’association.
Le premier parloir n’aura lieu qu’à 14 heures, mais certains ont tellement peur de manquer l’appel qu’ils sont là bien avant.
D’autres familles arrivent, apportant des sacs de linge qui seront remis au surveillant pour le détenu… Il y a ceux que l’on revoit régulièrement, les enfants dont on connaît les prénoms, mais notre rôle est de repérer plus spécialement ceux qui arrivent pour la première fois. Ils se sentent un peu perdus. Par les renseignements qu’on peut leur donner, tout en buvant un petit café, on gère une partie de leur stress. La manière aussi dont on accueille les enfants — sourires, jeux, chansons parfois — aide beaucoup les mamans à amorcer un dialogue.

Il arrive que certains nous demandent de les aider à rédiger une lettre pour le juge ou l’avocat. Si le détenu envisage un transfert dans une autre prison, nous les aidons à trouver les contacts nécessaires pour l’accueil ou un logement possible proche du nouveau lieu.

À 14 heures, un surveillant s’installe dans le guichet d’entrée de la M. A. Une trentaine de personnes quittent notre salle : c’est la vérification des permis de visite. Le groupe ressortira vers 15 h 30, et laissera la place à un deuxième groupe qui rentrera à 16 heures.
Pour la Centrale, une vingtaine de personnes vont rentrer, jusqu’à 18 heures.
Vers 16 h 15, les locaux sont vides. Nous rangeons et repartons.

On assume une permanence, sur un planning, tel jour à telle heure. C’est donc bien cadré.
Ce local ne devient-il pas comme une passerelle pour les familles, passant de la rue à la prison ? Un pont étroit nécessitant confiance, mais suscitant la solidarité ?

Cultiver la simplicité de l’accueil

Quelques valeurs de fond qu’exige cette présence :

  • Le non jugement, dans un lieu si proche de la prison ou le jugement pèse si fort (celui de la Justice, mais aussi celui du quartier, des voisins…).
  • La patience, qui se dit dans la régularité et la durée avec lesquelles les familles reviennent. Patience, aussi, dans l’avancée de chacun pour se rencontrer.
  • La confidentialité : je n’ai pas à savoir le nom des familles, le délit commis, le temps d’incarcération… Seule, la famille est habilitée à le dire.
  • Le souci de l’entretien matériel du local d’accueil. Il offre des commodités simples, mais nécessaires au bien-être de la préparation au parloir : un miroir pour se recoiffer, se maquiller… un jeu bien adapté à l’âge des enfants…

    (Éléments d’une future charte de l’accueillant, en cours d’élaboration, émanant du Secours Catholique, association qui, à Moulins, assure ce service)

    Frère Jean MONTCHOVET
    (Publié dans Présence Mariste n°256, Juin 2008)

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