La laïcité à l’école

L’école, un lieu d’écoute, d’échange, de découverte, pour mieux se connaître et ainsi mieux vivre ensemble.

« Comment dans mon métier, j’apprends aux élèves à mieux vivre ensemble dans une société multiculturelle et multi religieuse. »
Voici le témoignage de Sylvain, enseignant et directeur d’école publique.

LA CLASSE : UNE SOCIÉTÉ À PART ENTIÈRE

Une classe est une petite société à part entière. Les enfants (je parle bien d’enfants et non d’élèves) qui la constituent arrivent le matin avec leurs expériences, leurs vécus familiaux, leurs joies, leurs peines, leurs cultures et naturellement aussi leurs religions.
Comment réussir à faire cohabiter, coopérer et s’entraider tous ces êtres si différents ? Voilà un véritable défi pour l’enseignant.

En classe, faire cohabiter, s’entraider des enfants bien différents

Il semble indispensable de donner des espaces où les enfants puissent exprimer ce qu’ils sont réellement, ce qu’ils ressentent, ce à quoi, ils croient aussi. Ainsi dans ma classe, j’ai institué des espaces de paroles où chacun peut s’exprimer sans être jugé, moqué ou raillé. La matinée débute par le traditionnel « quoi de neuf ? » où chacun peut prendre la parole et dire ou raconter quelque chose qui lui tient à cœur. Cela peut aller de la visite chez mamie, à la préparation de la première communion ou à l’écoute d’un extrait du Coran… C’est arrivé, cette année, que des enfants chrétiens expliquent ce qu’ils font au catéchisme, et que des enfants musulmans nous expliquent le ramadan, le Coran…

LA LAÏCITÉ DANS TOUT CELA ?

Oui, mais la laïcité dans tout cela ? Et bien nous y sommes en plein dedans. En laissant les enfants s’exprimer sur leurs religions et leurs croyances et, surtout, en ne prenant pas parti et en ne faisant aucun prosélytisme en tant qu’enseignant chrétien, la Laïcité est bien là dans ce genre de découverte mutuelle.

D’aucuns penseront qu’à l’école publique on ne doit en aucun cas laisser place à l’expression des croyances. Je ne pense pas, car en refusant de reconnaître l’enfant dans son moi le plus profond, nous ne ferions que renforcer le repli sur les communautés d’origine. Or, par ces échanges, souvent passionnants et respectueux, les enfants se découvrent, s’écoutent, apprennent à mieux se connaître et ainsi à mieux vivre ensemble. Car le conflit est souvent généré par la méconnaissance de l’autre ou le déni de sa culture.

DES ESPACES DE PAROLE

Il existe d’autres temps de parole institutionnalisés dans la classe, comme le « débat philo » ou le conseil de coopérative. Le débat philo traite d’une question philosophique qui préoccupe les enfants : « Pourquoi meurt-on ? Dieu existe-t-il ?… »

Chaque enfant est là avec son vécu personnel et familial

Le conseil, de coopérative est l’organe d’organisation de la vie de la classe : projets, règlements, souhaits,…
Ces espaces de paroles sont vitaux et permettent aux enfants de mieux vivre ensemble dans une société multiculturelle qui n’est plus celle de nos grands-parents où finalement l’enfant n’était pas ou peu écouté, et où le respect de l’adulte était le résultat d’une crainte plus qu’une relation intelligente de confiance réciproque.

Au fond le leitmotiv de ma mission éducative est et restera comme l’écrivait Paul Valéry « l’enrichissement mutuel par nos différences ».

Témoignage recueilli par Odile PALLANDRE
(paru dans Présence Mariste N° 258 Janvier 2009)

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