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Jeune Cambodgien : du bouddhisme au christianisme

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« J’ai été baptisé et j’ai fait ma 1e communion pendant la veillée pascale 2006 avec 6 autres jeunes Cambodgiens ; il n’y avait personne de ma famille ! 7 jours avant Pâques, ma sœur, âgée de 33 ans, est décédée du Sida ; ce fut la dernière fois que j’ai vécu une cérémonie bouddhiste. » (Présence Mariste n°281, octobre 2014)

Boy Peter KANN est né le 11 novembre 1983 à Battambang (250.000 h) dans une famille bouddhiste cambodgienne. Enfant, il était berger et cultivateur (rizières). Il s’est converti au christianisme et chemine maintenant vers la prêtrise.

Avec le roi Norodom Sihanouk, nous avons vécu plusieurs tragédies dont la pire fut le génocide des Khmers Rouges : 1,7 millions de morts, soit environ 1/5e de la population. Le Cambodge est un pays très pauvre : 30 % des habitants touchent moins d’un euro par jour. Le royaume reste dépendant de l’aide internationale. La fragilité du Cambodge est aussi sa démographie : 50 % de la population a moins de 20 ans. Sur 15 millions de Cambodgiens, 96 % sont bouddhistes et seulement les chrétiens seulement 1 %, dont 20 000 catholiques.

Ma conversion
Boy portant le khrama, foulard typique cambodgien
Photo fms

J’ai perdu ma mère à l’âge de 9 ans et mon père est décédé quand j’avais 16 ans. Déjà je me posais la question de la mort (pourquoi sont-ils morts alors que je suis si jeune ?). Après 2002, j’ai vécu dans un monastère bouddhiste qui comprenait une quarantaine de bonzes. Nous nous levions à 5h 30 du matin et notre petit déjeuner ne comprenait que du riz. Ensuite j’allais au lycée en vélo. Certains jours, je partais avec les bonzes, de 9 h à 10 h 30, pour demander, dans chaque maison un peu de nourriture à mettre dans le bol de chacun.

Un jour, un ami du lycée a réalisé que j’étais orphelin ; il m’a a conseillé d’aller à l’église catholique. J’ai logé dans le foyer de la paroisse et j’ai alors fait la connaissance de l’un des 5 prêtres cambodgiens. Avant, j’avais été étonné de voir, dans l’église, des catéchistes dialoguant avec des jeunes. En entendant le texte de l’appel des premiers disciples par Jésus, je me suis senti proche de Saint-Pierre le pêcheur. Logeant dans le foyer de la paroisse, je devais suivre la catéchèse. Jouer le rôle de St Joseph pour Noël m’a beaucoup marqué. Jésus est né dans la pauvreté comme moi !

En participant à la fête de Pâques, l’idée de la Résurrection m’a touché, car je faisais le lien avec la mort de mes propres parents. Alors, nous n’avions pas un mot juste en khmer pour exprimer la réalité chrétienne de la résurrection. Pour les bouddhistes, l’idée de la résurrection peut être confondue avec celle de renaître, une réincarnation sous une autre forme.

A la communauté de St-Priest
Photo fms

J’ai été baptisé et j’ai fait ma 1e communion pendant la veillée pascale 2006 avec 6 autres jeunes Cambodgiens ; il n’y avait personne de ma famille ! 7 jours avant Pâques, ma sœur, âgée de 33 ans, est décédée du Sida ; ce fut la dernière fois que j’ai vécu une cérémonie bouddhiste.

Et maintenant

A la Pentecôte 2007, j’ai été confirmé par l’évêque de Battambang. Puis j’ai travaillé avec l’Église du Cambodge (formation du catéchuménat, catéchèse, …). En 2009, j’ai eu la chance de vivre une expérience de foi et de prière durant 3 mois avec la communauté de Taizé. J’ai eu mon diplôme d’informaticien cette année-là. Pendant 4 ans, j’ai suivi les cours bibliques donnés par le Père François Ponchaud (Misions Étrangères de Paris). En 2010, j’ai connu le F. Francis, Frère Mariste ghanéen qui donnait des cours d’anglais.

Actuellement je suis à Lyon au foyer d’étudiants du Chemin Neuf où j’ai connu le F. Alain. C’est Mgr Anthony, l’évêque indien (MEP) de Kompong-Cham, qui m’a envoyé en France en juillet 2013 pour des études de français et de théologie à la Catho de Lyon.

Peter BOY et F. Alain STEINBACH
(Publié dans « Présence Mariste » n°281, octobre 2014)

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