Rencontre avec Mgr Alain PLANET

Alain Planet, évêque du diocèse de CARCASSONNE parle de son appel à l’épiscopat, de sa manière d’exercer ce ministère. (« Présence Mariste » n°243, avril 2005)

Alain Planet, prêtre du diocèse de Valence, a été nommé par le pape, évêque du diocèse de CARCASSONNE. Il a eu la gentillesse de répondre à nos questions. Les photos évoquent la cérémonie de son ordination épiscopale dans l’amphithéâtre de Carcassonne le 19 septembre 2004.

P.M. - Comment envisagez-vous votre manière d’exercer
votre ministère épiscopal ?

Mgr.A.P.- Il faut d’abord dire que l’appel au ministère épiscopal est une épreuve, au sens biblique du terme. Ma vie était faite, du moins le pensai-je, je venais d’être nommé curé d’une grande paroisse, j’avais des projets pour cinq ans.
Il a fallu laisser la paroisse, le pays, ma vieille mère qui n’a d’autre fils que moi, les amis…
Et cela en quarante huit heures ! Oui, une épreuve au sens où j’étais mis en demeure de vérifier ma foi. Etais je prêt à faire confiance au Christ ?

L’appel accepté, c’est dans une grande paix que je me suis trouvé, et grâce à Dieu cette paix demeure. Alors j’ai pu commencer à envisager mon épiscopat..

Pour moi il a été d’emblée évident que c’était un ministère, un service. J’étais donné à un peuple, à une Eglise dont l’histoire me précédait. Je n’étais que le 87e évêque de Carcassonne.
Il y en aura un 88e et l’Eglise en pays d’Aude ne m’avait pas attendu pour recevoir et porter l’Evangile.
Il fallait donc me mettre à l’écoute des Audois, apprendre mon Eglise, et essayer de servir la mission des catholiques en terre d’Aude. J’ai pris du temps pour apprendre l’histoire chrétienne du pays. De St.Paul de Narbonne à Mgr. Despierre, mon immédiat prédécesseur, il s’est passé bien des choses heureuses ou malheureuses qui ont façonné le département.

J’ai essayé de me mettre à l’école des saints de mon diocèse : ils sont nombreux les hommes et les femmes qui ont manifesté l’Evangile dans leur vie sur cette terre : des inconnus comme ce « bienheureux » Raymond, vétéran de l’Ordre de Malte qui passa sa vie au service des pauvres, ou des très connus comme St.Dominique ou la bienheureuse Marie-Thérèse Soubiran.

Puis, conduit par le vicaire général, j’ai parcouru le pays. J’ai écouté mon prédécesseur me raconter notre diocèse avec amour et clairvoyance et puis j’ai commencé à rencontrer les gens et les groupes…

P.M.- Et alors, vos contacts avec l’environnement ?

Mgr.A.P. - Maintenant que j’ai été accueilli (et chaleureusement accueilli) maintenant que je suis Audois, je peux commencer à prendre ma place dans l’Eglise de l’Aude : écouter, conforter, au besoin redresser.
Ma place c’est celle de celui qui prie et qui se sait porté par la prière des autres : savoir que chaque jour mon nom est porté à l’Eucharistie. Il s’agit avec les catholiques de l’Aude d’adapter mieux notre Eglise aux exigences d’aujourd’hui, de veiller - c’est le sens du mot évêque - à ce que l’Evangile soit bien proposé à tous.

Mais ce n’est pas une tâche solitaire :

il y a le presbytérium qui est vraiment la chair de ma chair, les diacres (et j’aime à les qualifier de l’antique citation
« ils sont l’oreille, la bouche, le cœur et l’âme de l’évêque »,
les consacré(e)s de tous ordres, il y a le peuple des baptisés que « le Seigneur lui-même a député à l’apostolat ». Il y a le collège de mes frères évêques avec qui je dois prendre soin de l’Eglise tout entière. Heureuses rencontres de la Province autour du Métropolitain, laborieuses et fraternelles rencontres de la Conférence épiscopale française, relations confiantes avec le Nonce apostolique, échanges fraternels avec les évêques de la proche Espagne, avec mon « jumeau » l’évêque de Fada N’Gourma au Burkina Faso, avec mes voisins de la province de Toulouse.

Il y a la joie des rencontres,
 la chaleur des contacts : ce détenu de la maison d’arrêt qui m’écrit pour me parler de sa foi,
 ce magistrat qui me dit sa préoccupation de voir diaboliser les gens du voyage et m’expose son souci de défendre l’humain,
 ce jeune musulman avec qui j’ai fait un pacte de prière réciproque pour la durée du ramadan,
 ce prêtre qui me fait part de sa joie à l’occasion de son jubilé,
 ces diacres qui m’associent à la relecture de leurs ministères,
 ces hommes politiques de tous bords qui m’exposent leurs craintes devant la crise viticole
 et tant d’autres visages qui se bousculent dans ma mémoire tandis que j’évoque ces rencontres…

P.M. - Est-ce que votre « passé mariste »
peut, en quelque sorte, colorer votre manière de
voir votre ministère d’évêque ?

Mgr.A.P. - Je pense que oui. J’ai beaucoup dit dans la presse que j’ai le sentiment que c’est à l’Institution des Maristes à Bourg de Péage que j’ai appris à devenir chrétien. Je suis sûr aussi que le chemin que j’ai fait dans les années 70 au Bureau de l’Union mondiale des Anciens Elèves, tandis que nous cherchions à donner un visage à une famille mariste ouverte aux « simples » laïcs, a été déterminante dans ma formation humaine, non moins que mes années d’enseignement dans une école mariste.

Je crois (j’espère) y avoir appris
 un rien de simplicité dans les rapports,
 un goût de la relation humaine vécue comme une relation de famille,
 le désir de vivre avec Marie l’esprit de Nazareth,
 le souci de la pastorale des enfants et des jeunes. -l’ouverture à l’universel.
C’est là aussi que j’ai reçu mes premières responsabilités et que j’ai eu à réfléchir à l’exercice du pouvoir.

C’est le 7 mai que j’ai appris ma nomination au siège de Carcassonne, spontanément j’ai pensé au Fr.Henri Vergès dont on fêtait le lendemain les dix ans de son témoignage et je lui ai conté mon épiscopat.
Ce n’est qu’après que j’ai découvert que Matemale, son pays natal, avait appartenu autrefois au diocèse d’Alet dont j’hérite pour la partie audoise.
J’ai retrouvé ici la mémoire du Fr.Adjuteur qui était né à Quirbajou du Fr Léonida qui s’est formé à Castelnaudary.

Suis-je un évêque de la Famille mariste ?

Je l’espère : pas seulement parce que j’ai le portrait du P.Champagnat dans ma chambre, une croix de Frère sur mon bureau, les trois violettes, une photo de mon ancienne école sur ma bibliothèque et une image de St. Marcellin et du Fr. Henri dans mon bréviaire, mais surtout parce que je me sens marqué par ce que j’ai reçu et vécu dans le monde mariste parce que je ne cesse de me sentir appelé à vivre cet esprit de famille dont le Fr.Virgilio Léon disait qu’il est la caractéristique même de l’esprit mariste.

C’est cet esprit de famille que j’aimerais vivre : dans mon diocèse comme déjà je le vis avec mes frères évêques. C’est à la suite de Marie que je voudrais vivre la confiance tranquille en ce Dieu qui m’appelle, c’est avec Marcellin que je voudrais choisir les « trois premières places » (la crèche, la croix, l’eucharistie) et y conduire mes frères ; Je compte beaucoup sur la prière de toute la famille mariste pour avancer dans ce chemin.

Propos recueillis par Frère Marcel Soutrenon


(Publié dans « Présence Mariste » n°243, avril 2005)

Vos réactions

  • Georges Boghossian 12 novembre 2012 11:08

    Le hasard a fait que je retrouve, sur internet, Alain Planet, avec lequel j’ai usé mes fonds de culotte, sur les bancs de la 7è chez les Mariste à Bourg de Péage, mais je ne suis pas été surpris qu’il soit devenu Evêque, car déjà à cette époque, il avait quelque chose de différent, quelque chose en plus de nous tous.

    J’en suis heureux pour lui et lui transmets, avec quelques retards mais non moins de sincérité, tous mes voeux dans l’accomplissement de sa belle mission sous le regard bienveillant de la Sainte Vierge Marie et de son fils bien aîmé Jésus.

    Toute mon admiration Monseigneur.

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