« Que les pauvres m’entendent et soient en fête ! » (Ps 33)

Joïlita Tresca, engagée au Sappel, va vers des familles démunies de la banlieue lyonnaise, à la Duchère, à Vénissieux,… (« Présence Mariste » n°275, avril 2013)

« Ne laissez jamais la tristesse vous envahir au point de vous faire oublier la joie du Christ ressuscité » a écrit Mère Teresa. C’est animée, d’une semblable conviction, que Joïlita Tresca, engagée au Sappel, va vers des familles démunies de la banlieue lyonnaise, à la Duchère, à Vénissieux,…
Pour Présence Mariste, elle a bien voulu dire comment elle vivait en communion avec ces familles du quart-monde. Nous l’en remercionsvivement.

PM - Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le Sappel  ?

Joïlita Tresca : Le Sappel a été fondé en 1989, par deux couples qui étaient alors volontaires du mouvement ATD Quart Monde pour permettre aux plus démunis d’être acteurs dans la société. Devant la forte demande spirituelle des familles du Quart Monde, ils choisissent de fonder la communauté du Sappel afin de leur permettre de grandir dans la foi et de trouver leur place dans l’Église.

« La présence des plus démunis, au cœur de la communauté, fait advenir le royaume… »

PM : Depuis quand êtes-vous au Sappel et qu’est-ce qui vous a conduite à vous investir là, plutôt qu’ailleurs ?

J.T. : J’entre dans ma troisième année au Sappel. J’ai vécu une conversion en 2005 qui a tout de suite suscité en moi deux élans !
Le premier fut missionnaire : désir de partager cette Bonne Nouvelle qui transformait tout à coup et radicalement ma vie !
Le deuxième fut le désir d’aller à la rencontre des plus exclus. J’ai donc vécu différents engagements auprès de personnes sans domicile ou en prison. Jusqu’au jour où j’ai rencontré les familles du Quart Monde.

Désormais, pour moi, le visage de Jésus aura leurs traits : ceux du serviteur souffrant dont parle Isaïe  : méprisé, homme de douleurs, mais qui sera lumière des nations. D’une certaine manière, cette rencontre m’a engagée : je ne pouvais plus faire comme s’ils n’existaient pas. Partager la foi avec eux est un désir qui a grandi en moi, peu à peu, jusqu’à s’incarner au Sappel.

PM : Très concrètement, que faites-vous au quotidien ? Quelles sont vos activités ?

J.T. : Je vais chez les gens pour des temps de catéchèse familiale, en attendant qu’ils puissent un jour s’intégrer à un groupe de leur paroisse. Je suis aussi animatrice du groupe des jeunes qui se rassemble lors des « dimanches du Sappel » : des journées familiales durant lesquelles nous partageons des temps de fraternité, de créativité, de partage, et de prière.

J’accompagne également ces jeunes individuellement - l’un d’eux prépare son baptême pour la fin de l’année - et je participe à un groupe de prière avec des adultes. Ensuite, il y a des évènements plus ponctuels comme des retraites, des pèlerinages à Lourdes, des camps. Le reste du temps, je prépare tout cela ! Et j’écris, après chaque rencontre, ce qui s’est vécu, en prenant soin de noter la parole des plus pauvres : pour pouvoir rendre ce trésor à l’Église.

PM : Vous insistez beaucoup sur la joie de faire ce que vous faites. Qu’est-ce qui, en profondeur, suscite en vous cette joie ?

La joie pendant les camps permet d’oublier la souffrance

J.T. : Je crois que ma joie profonde vient du fait que c’est là que se vit, pour moi, la communion avec le Seigneur : à travers celle vécue avec les plus pauvres. Ils vivent une intimité particulière avec Lui, et ils m’y ouvrent. Elle se vit souvent au pied de la croix, dans une impuissance insupportable, car leur quotidien est un abîme de misère. Mais ils puisent en Dieu une force de vie, un acharnement à croire et à aimer quand même, qui est pour moi une source d’émerveillement continuelle… Si leur souffrance est dense, leur joie ne l’est pas moins ! Et elle me semble toujours jaillir comme une victoire, une résurrection ! Enfin, il me semble que la présence des plus exclus, au cœur de la communauté, fait advenir le Royaume. Alors, heureux sommes-nous de nous tenir à leurs côtés !

Propos recueillis par Michel CATHELAND

N.B. : La communauté du Sappel tire son nom d’un domaine situé dans l’Ain, à Labalme-sur-Cerdon, acquis en 1973 par ATD-Quart Monde pour y accueillir de petits enfants. En 1980, le Père Joseph Wresinski, le fondateur, voulut en faire un centre spirituel.

(Publié dans « Présence Mariste » n°275, avril 2013)

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