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La Terre pour tous

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Dans la doctrine catholique, le droit de propriété est toujours limité par ce qu’elle appelle le principe de la « destination universelle des biens ». (Présence Mariste n°301, octobre 2019)

La propriété privée
Marie Agnès REYNAUD

La doctrine sociale de l’Eglise reconnaît un rôle fondamental à la propriété. Quelqu’un qui est dépourvu de toute propriété se trouve dans un état de grande précarité ; la propriété assure donc à l’homme la liberté qui lui est nécessaire pour une vie pleinement humaine. Mais dans la doctrine catholique, le droit de propriété est toujours limité par ce qu’elle appelle le principe de la « destination universelle des biens ».

La destination universelle de biens 

Parmi les multiples implications du bien commun, le principe de la destination universelle des biens revêt une importance immédiate :« Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice inséparable de la charité ». Le principe de la destination universelle des biens ne s’oppose pas au droit de propriété mais constitue une limite très forte et indique la nécessité de le réglementer. Ainsi donc, ceux qui possèdent davantage ont comme devoir de faire fructifier les biens qu’ils ont en propre afin d’en faire profiter le plus grand nombre.

Alors, à qui appartient la terre ?
Le droit de propriété est toujours limité par le principe de la « destination universelle des biens »s

La terre appartient à son propriétaire aussi longtemps que son usage ne prive pas d’autres personnes d’un des droits fondamentaux, entre autres celui d’être nourri correctement. On ne peut au nom de l’argument de la propriété priver autrui de l’accès à un bien qui lui est nécessaire pour vivre. « Dans certains pays, une redistribution de la terre est indispensable dans le cadre de politiques efficaces de réforme agraire, afin de surmonter l’empêchement que de grandes propriétés improductives, condamnées par la doctrine sociale de l’Église, constituent pour un développement économique authentique. Les pays en voie de développement peuvent enrayer efficacement le processus actuel de concentration de la propriété de la terre. »

Tous au secours de la terre !

La terre est un bien commun en grand danger. Elle est victime de l’appétit vorace de grands groupes financiers qui en détournent sa destination première, à savoir nourrir hommes, faune et flore pour des monocultures d’agrocarburants, le marché international de la compensation carbone, des parcs de loisirs ou des centres commerciaux gigantesques …

Illustration fournie par le groupe ATTAC (1)

Les pays les plus riches l’achètent pour assurer l’approvisionnement de leur propre population, et des dirigeants véreux la loue ou la vendent au plus offrant. Et une urgence absolue : sauver les sols qui sont une ressource limitée et dont la dégradation, peut-être irréversible, menace la sécurité alimentaire de la planète.

N’oublions pas que la terre est notre bien commun à destination universelle, la terre dont « l’homme est la fleur » dit un proverbe vietnamien.

Marie-Agnès REYNAUD

Article rédigé à partir du « Compendium de la doctrine sociale de l’Église » du Conseil Pontifical Justice et Paix et d’articles du CCFD-TS.

(1) http://attacmaroc.org/fr/wp-content/uploads/2017/10/8.jpg

(Publié dans « Présence Mariste » n°301, octobre 2019)

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