Témoignage d’un prêtre brésilien

Un bel exemple actuel d’abandon à la Providence

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Le père Delton Filho a passé une quinzaine de jours à N-D de l’Hermitage, en septembre dernier. C’est un jeune prêtre, plein de foi et de dynamisme apostolique, parlant bien le français. Lors de son séjour, il a accepté volontiers de donner son témoignage dans une émission de RCF Saint Etienne ; ainsi qu’une interview pour Présence Mariste.
Qu’il en soit vivement remercié.

Présence Mariste : Père Delton, peux-tu nous dire quelques mots sur l’histoire de ta vocation de prêtre ?

Père Delton : Il faut commencer par ma paroisse, la paroisse St Sébastien. J’ai vécu là comme n’importe quel jeune chrétien ; en jouant diverses musiques à la guitare. J’ai fréquenté une femme, et nous avons pensé au mariage. Nous avons vécu 7 mois ensemble notre vie de jeunes.

L’engagement des trois premiers membres de la communauté

En priant, j’ai entendu intérieurement la voix du Seigneur : « Est-ce que tu es content comme cela ? ». J’ai répondu : « Oui, Seigneur, je suis très content. Je travaille la musique dans ma paroisse avec des amis croyants, et aussi je suis bien avec la personne qui pourrait devenir ma femme ».
« Est-ce que tu veux être encore plus grand dans la foi, encore plus fort ? »
« Oui, me voici, Seigneur. »

La radio Cœur Fidèle au service de l’évangélisation

Ensuite, mon directeur spirituel m’a beaucoup aidé à discerner cet appel ; et je suis entré au séminaire en 1995, pour faire une expérience. Après quelques jours de séminaire, le Seigneur a mis en moi une grande confiance et la confirmation très forte de continuer. J’ai été aidé par les formateurs, des prêtres ; si bien que je n’ai jamais quitté le séminaire. Tout cela a été vraiment un appel du Seigneur.

Il y a eu les années de formation au séminaire. Tu es devenu prêtre et tu es aussi au point de départ d’une communauté de laïcs consacrés. Comment cela s’est-il passé ?

Au cours de mes études, Dieu m’a permis de vivre beaucoup de choses ; Il m’a gratifié de nombreux dons spirituels ; j’ai voyagé pas mal et connu ainsi beaucoup de monde. Lorsque je suis retourné au Brésil pour commencer mon travail de prêtre, comme professeur de philosophie au séminaire, je me suis demandé ce qui serait le mieux pour moi : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »
J’ai commencé dans une paroisse où les jeunes constituaient le grand défi. Je n’avais pas le temps de m’occuper d’eux. Alors j’en ai invité quelques-uns à venir dans la maison paroissiale pour un petit temps de prière et de partage, tous les samedis à 5 heures du matin.

Quand la musique parle au cœur et chante le Seigneur


J’ai accompagné 3 groupes mixtes différents, de 30 jeunes chacun. Quand j’ai eu terminé l’accompagnement du dernier groupe, 7 jeunes du premier groupe m’ont demandé de les aider à faire une expérience d’accompagnement plus profond tous ensemble. J’ai alors commencé avec eux la direction spirituelle, la confession. Et une amitié s’est créée entre nous, car ces jeunes avaient un grand désir de faire une expérience missionnaire.

Cependant, je ne me suis jamais considéré comme fondateur, ni n’ai voulu commencer une nouvelle communauté. Je voulais faire seulement ce que doit faire un prêtre diocésain. L’évêque m’a demandé de trouver une radio pour le diocèse et de l’installer dans ma paroisse. Quatre jeunes ont voulu m’accompagner dans cette expérience. L’évêque nous a dit oui, mais nous n’avions pas d’argent pour débuter. Nous avons d’abord cherché une maison, l’avons louée et avons commencé à vivre ensemble, partageant les joies, les difficultés, la prière. Ce fut le début de notre vie en communauté.

Père Delton célébrant la messe à N-D de l’Hermitage


Six mois après, l’évêque nous a rendu visite. « Vous êtes déjà en communauté », nous a-t-il dit. Nous avons accepté ce terme de communauté. C’est ainsi que nous sommes une communauté missionnaire et mixte, de laïcs consacrés.

Vous avez donné un nom à cette communauté et à la radio. Celui de « Cœur fidèle ». Pourquoi ce choix ?

D’abord, à cause de ma dévotion personnelle au Sacré-Cœur que j’ai reçue de ma mère. J’ai eu la confirmation de l’appel à cette dévotion en arrivant dans ma paroisse, qui était celle du Sacré Cœur. Je crois que tout ce que j’étais en train de vivre avec les jeunes correspondait au désir du Cœur de Jésus.

Lors d’une mission d’évangélisation au Brésil


Ce qui nous a séduits le plus, c’est la fidélité du Cœur de Jésus. Il a été une victime offrant sa vie, dans l’obéissance jusqu’à la Croix. C’est pour cela que nous avons choisi le nom de CŒUR FIDÈLE.

Cette communauté a essentiellement pour mission l’évangélisation par la radio. Qui vous a donné cette mission, que représente-t-elle et quels en sont les enjeux ?

La première préoccupation a été de répandre la paix dans l’église locale. L’évêque nous a demandé de faire ce travail par la pastorale et la communication. Le diocèse n’avait pas de moyens de communication, sauf le Journal diocésain. Nous avons commencé à préparer ce journal. Nous avons loué une radio et, par la suite, en avons acheté une, la Radio Cœur Fidèle. Nous avons maintenant un travail avec les médias : radio, journal et Internet.
Nous organisons aussi des rencontres de formation pour les jeunes en utilisant divers moyens d’évangélisation : communication, musique, prédication, prière…
Nous envisageons de continuer ces missions pour faire arriver le plus loin possible le message du Cœur de Jésus qui nous appelle à voir sa Miséricorde comme la clé qui peut sauver l’humanité dans le changement culturel que vit maintenant notre monde sécularisé. Le message de la Miséricorde, c’est la clé pour aider l’homme d’aujourd’hui à comprendre la volonté de Dieu, et aussi pour être plus proche de l’Église.

Les enfants aussi ont leur mot à dire à la radio « Cœur Fidèle »


C’est aussi par le chant que nous évangélisons. Quand je suis en concert, que ce soit devant 10 000 ou 10 personnes, je fais chaque fois une expérience extraordinaire : la puissance de la Parole de Dieu est incroyable, car elle arrive directement à ces personnes.

Dans nos échanges, j’ai été frappé par ton attitude d’abandon à la Providence. De quelle manière vis-tu cette attitude, et comment as-tu expérimenté les fruits de cet abandon à la Providence ?

Au début, j’ai eu la certitude que l’appel à vivre en communauté était un appel de Dieu, pour faire grandir cette communauté. L’évêque nous a dit qu’il n’avait pas d’argent à nous donner pour faire vivre la communauté. Il nous fallait donc faire appel au Seigneur.
C’était surtout l’achat de la radio qui était notre grand défi. Nous n’avions pas de salaires. En effet, depuis que j’ai commencé avec la communauté, j’ai renoncé à ma rémunération de prêtre, et les missionnaires laïcs n’en ont pas non plus. Pour acheter la radio, nous comptions sur les dons des gens. Nous ne faisons pas non plus de publicité. Acheter une radio 250 000 €, c’était vraiment un grand défi, et des personnes dont des prêtres m’ont dit : « Tu es fou ; ce n’est pas raisonnable de faire ça ». J’ai répondu : « Je crois à la Providence du Seigneur ».
Et voilà qu’en décembre dernier, nous avons fini de payer la radio, non sans mal, mais nous avons relevé ce grand défi. C’est la preuve que le Seigneur est avec nous ; la confirmation des appels faits à la communauté, et celle du charisme que le Seigneur nous a donné pour vivre dans et pour l’Église.

Propos recueillis par Frère Michel MOREL
(paru dans Présence Mariste N° 266 Janvier 2011) [/bleu]

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