« Est-il encore possible d’éduquer ? »

Interview de Monsieur Paul Malartre, à propos de son livre : Est-il encore possible d’éduquer ? (« Présence Mariste » n°255, avril 2008)

Paul Malartre a été directeur diocésain de l’Enseignement Catholique de Saint-Étienne de 1988 à 1999.
Ses compétences et son engagement chrétien lui ont valu d’être sollicité par les évêques de France, en 1999, pour occuper le poste de Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique.
En 2007, à l’issue de son mandat, il nous a laissé un livre, paru sous le titre, « Est-il encore possible d’éduquer ? » qu’il a bien voulu présenter et commenter aux lecteurs de Présence Mariste.
Nous l’en remercions.

Ce livre, Monsieur Malartre, n’est-il pas le fruit et la quintessence de vos réflexions sur l’éducation ?
Avant de quitter mes fonctions, il m’a été demandé de reprendre le parcours des travaux menés pendant la démarche d’assises, un travail de réflexion qui a duré sept ans, et de laisser à la fois la trace écrite de cette démarche et de l’identité de l’Enseignement Catholique.
Cette démarche se voulait retour à l’intuition des fondateurs et fondatrices des congrégations enseignantes, à savoir quelles sont les missions et quel est le rôle de l’école. Nous vivons à notre tour une période qui doit ressembler par certains côtés à des périodes qu’ont connues des Marcellin Champagnat, des Don Bosco, des Jean Baptiste de Lasalle. Qu’est-ce qu’il faut inventer aujourd’hui pour répondre comme eux, avec audace, à des besoins éducatifs visiblement non satisfaits par la société ou par notre système scolaire ?

Qu’est-ce qui vous paraît essentiel dans cette réflexion ?
C’est de changer le regard sur l’élève, dans la manière d’enseigner, de sanctionner, de vivre les conseils de classe, les relations avec les parents, l’orientation scolaire.
Ce que j’ai essayé d’exprimer, c’est que l’Enseignement Catholique n’est pas un enseignement indifférencié, qu’il ne se caractérise pas seulement par la catéchèse ou des célébrations mais que son projet éducatif est fondé sur un sens de la personne éclairé par l’Évangile. Il y a là quelque chose de la rencontre du Christ avec les personnes, un regard de confiance, un regard qui remet toujours en route, qui ne condamne pas l’élève à son passé, à ses résultats scolaires, à ses comportements ou à son histoire antérieure.

Les enseignants, les religieux enseignants surtout, seront réconfortés par votre mise en valeur du rôle des fondateurs. Est-ce seulement une façon de leur mettre du baume au cœur ?
Il n’est pas facile aujourd’hui de faire la classe. Ce n’était pas plus facile au temps des fondateurs. Ils ont connu ça et ils ne se sont pas lamentés. Ils se sont dit : retroussons nos manches et inventons des réponses nouvelles à des besoins éducatifs nouveaux. Aujourd’hui que ferait un Champagnat, un J.B. de La Salle ?
L’Enseignement Catholique veut se situer dans une « fidélité créatrice » selon une expression de Jean-Paul II qui m’a beaucoup frappé et inspiré. Les congrégations enseignantes ont fait retour, si j’ose dire, sur l’importance de l’enseignement et de l’acte éducatif, après une période où le social apparaissait comme prioritaire.
L’heureux retour, c’est de se dire que l’acte éducatif, en soi, est un acte social.

Comment voyez-vous l’avenir de l’Enseignement Catholique ?
La position originale de l’Enseignement Catholique est qu’il n’est pas un mouvement d’Église ni un service d’Église, mais qu’il est en mission d’Église.
L’Enseignement Catholique est nettement la plus grande surface de contact entre l’Église et le monde des jeunes. On ne peut rester indifférent devant le fait que l’Enseignement Catholique c’est 2 millions d’élèves. Il y a là pour l’Église un champ d’action extraordinaire.

Il faut souhaiter que votre livre soit lu par beaucoup d’enseignants et de parents d’élèves. Il leur montrera qu’il y a de bonnes et belles raisons de croire qu’en ce début de XXIe siècle il est encore possible d’éduquer et de porter un regard optimiste sur l’homme.

Interview réalisée par Bernard FAURIE

(Paru dans « Présence Mariste » n°255, avril 2008)

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