Apprentissage des règles de civilité à l’école

De Jean-Baptiste de la Salle… aux instructions du B.O.E.N.

[bleu]Les règles de la civilité, de la politesse, varient selon les pays et selon les époques. Par exemple, chez tous les peuples, il est admis de se saluer lorsqu’on se rencontre ; chez les uns on le fait en se découvrant la tête, chez d’autres en se mettant la main sur son cœur, les Maoris en se frottant le nez avec leurs hôtes !

Les préceptes de la civilité ne varient pas seulement de peuple à peuple, ils changent aussi dans une même nation avec le progrès des mœurs. Si « comparaison n’est pas raison » comme l’affirme le proverbe, la lumière peut jaillir du rapprochement, insolite certes, de l’énoncé des règles de bienséance et de civilité proposées dans « Les Règles de la Bienséance et de la Civilité Chrétienne » de Jean-Baptiste de la Salle, au 18e siècle, et des consignes et instructions parues dans le Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale, à l’intention des maîtres et des inspecteurs du Primaire depuis 3 ou 4 ans. (BOEN N° 32 du 3 septembre 2009).

Quelques exemples :
Pour le BOEN : « …La politesse se concrétise par des manifestations verbales (formules consacrées) ou comportementales (gestes et attitudes)… même si, à première vue, elle peut apparaître comme une suite de prescriptions et proscriptions un peu disparates… » Suivent alors quelques consignes issues de différents traités en ce qui concerne la culture européenne contemporaine.

Jean-Baptiste de la Salle BOEN
« …Il ne faut pas s’accoutumer à cracher trop souvent et sans nécessité… Il est même de la bienséance que chacun s’accoutume à cracher dans son mouchoir… » (1re partie, chapitre X : « Du Bâiller, du Cracher et du Tousser »). « …Dans les lieux publics, notamment dans la rue, on ne crache pas… »
« …Il est honteux à un homme d’user de fraude et de tromper dans ses paroles : ceux qui le font se mettent en état de n’avoir plus aucune créance parmi les hommes et encourent une espèce d’infamie en passant pour des fourbes… » (2de partie, chapitre VII, article 1er). « …Le professeur doit communiquer avec clarté et précision et dans un langage adapté, à l’écrit comme à l’oral, avec les élèves et les parents … »
« Il faut éviter de parler pendant qu’un autre parle : on voit souvent des personnes s’entretenir et parler en même temps, de sorte qu’elles n’entendent ni ce qu’elles disent ni ce qu’on leur dit… » (1re partie, chapitre IX). « …Les enfants ne doivent pas interrompre leurs parents quand ils parlent… On n’interrompt pas une conversation entre deux personnes ; donc, on ne coupe pas la parole… »

Pour conclure, selon le BOEN, l’école primaire doit avoir des exigences élevées et développer le respect et la tolérance qui fondent les droits de l’homme et qui se traduisent au quotidien par le respect des règles de civilité et de politesse. Le maître doit apprendre à l’enfant à reconnaître ce qui le distingue des autres et à se faire reconnaître comme personne, à vivre avec les autres dans une collectivité organisée par des règles, à comprendre ce qu’est l’école et quelle est sa place dans l’école.
Jean-Baptiste de la Salle, dans « Les Règles de la Bienséance et de la Civilité Chrétienne » (édition de 1817) décrit dans le détail, qui porte à sourire aujourd’hui, la modestie qu’on doit faire paraître dans le port et le maintien des différentes parties du corps, ainsi que de la bienséance dans les actions communes et ordinaires.
Presque deux siècles séparent Jean-Baptiste de la Salle du directeur général de l’enseignement primaire à l’Éducation Nationale d’aujourd’hui ; deux cents ans de progrès dans les mœurs, certes, mais un même souci : que l’enfant apprenne à se connaître, à se respecter et à respecter les autres.

Henri PACCALET
(Paru dans Présence Mariste N° 265, octobre 2010) [/bleu]

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