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Les p’tits philosophes

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Un atelier de philosophie pour enfants à l’école mariste Raoul Follereau de Chazelles-sur-Lyon : savoir écouter la parole des enfants, les aider dans leur questionnement. (Publié dans « Présence Mariste » n°280 juillet 2014)

Nous avons expérimenté, dans une classe de CM2, que la philosophie peut être proposée aux jeunes enfants, et qu’ils ressortent de l’expérience enrichis et stimulés. Cela se passe à l’école mariste Raoul Follereau de Chazelles-sur-Lyon.
Jean-Philippe Guillot

Des outils pour réfléchir

Quand vous entrez dans la classe, il y a déjà au tableau noir, un proverbe écrit qui vient vous solliciter pour réfléchir et penser.
« À la saint Alexandre, finies les cendres. »

Dès le matin, vous êtes mis en mouvement. Depuis quelques années déjà des expériences sont conduites pour mettre des outils de philosophie à disposition des maternelles et primaires. Platon chez les maternelles ! Des ateliers philosophiques, que l’on trouve dans des revues comme Pomme d’Api (Bayard Presse). Des fiches pédagogiques pour parler avec les enfants et faire parler les enfants sur l’amitié, la peur, la mort, tout ce qui fait la vie et tout ce qui les questionne. Parfois, nous partons d’un poster, d’une bande dessinée pour entrer en conversation avec les enfants et les faire s’exprimer sur plein de questions qui traversent leur vie naissante.

F. Maurice Goutagny

Nous marchons ensemble, par petits groupes, au cœur des pourquoi des enfants, ces « pourquoi » qui sont plantés dans leur vie et qui les taraudent. Ces « pourquoi » qui nous déstabilisent aussi parce qu’ils sont incessants.

L’art de philosopher

Nous vivons un moment de philosophie en classe ce jour-là, avec une approche un peu ludique, afin d’entrer en conversation comme dans un jeu. Faire face à la question : Qu’est-ce que cela veut dire être libre ? C’est facile ? Qu’est-ce qui empêche d’être libre ?

Un premier temps par petits groupes comme une pluie d’idées et de réflexions partagées.
« Faire ce que l’on veut, avec des limites – Libre sans déranger les autres – Libre de dire ce que l’on veut – Dans la liberté, il y a aussi des droits – Il faut faire face à ceux qui ont du pouvoir - Le pouvoir de nos parents - Pas de dictature – Mettre liberté avec égalité, fraternité – Etre libre, c’est être athée – Ne pas blesser les autres »
.
Régulièrement un enfant ou le professeur reformule quelques-unes des interventions.

Sagesse populaire
Photo F. Maurice Goutagny

Vient un deuxième moment, avec une fiche « la liberté, ça fait rêver ». Chacun, chaque groupe se resitue et avance dans la réflexion et le partage face à des situations concrètes de la vie où la liberté est en jeu et engagée.

La joie de l’échange

Adultes et jeunes, avancer vers la liberté
Photo F. Maurice Goutagny

Le temps de la classe ce jour-là est vécu comme un grand moment d’écoute et de compréhension mutuelle. Déjà, chacun engage sa responsabilité pour écouter l’autre, le comprendre, l’aider à déployer sa pensée. Souvent dans les équipes, l’un d’eux conduit le groupe, donne la parole, reformule la question.

Quand vient le troisième temps de partage, il se fait plus incisif car il s’inscrit dans une réflexion plus binaire et radicale. Libre ? Pas libre ? Et chacun essaie de se mettre dans des situations concrètes de sa vie où il expérimente ce « être libre ou pas libre » !

  • "Etre libre d’imaginer ce que je veux
  • Etre libre de naître, de vivre
  • Etre libre de choisir ses amis – d’aimer qui on veut
  • Etre libre d’obéir aux lois, devant les obligations
  • Comment concilier être libre et avoir le droit ?" Puis il y a, à un moment donné, une ouverture encore plus grande à la dimension spirituelle et religieuse de la question.
  • "Dieu rend-il les hommes libres ?
  • Dans la religion, il y a des codes, des interdits – Il y a aussi la grande liberté d’aimer – la belle invitation à s’aimer les uns les autres" -

Les chemins de la philosophie

Adultes et jeunes, avancer vers la liberté
Photo F. Maurice Goutagny

Cet atelier de philosophie pour enfants est une expérience enrichissante. Et devant ces jeunes enfants, on reste étonné par des réponses qui sortent de l’ordinaire. Les enjeux sont divers, au-delà de la maîtrise de la langue, les jeunes s’ouvrent pour avoir une parole réfléchie, une éducation à la citoyenneté, et un plus grand sens du respect de l’autre. Nous pouvons continuer à philosopher en famille. C’est un lieu qui le permet, mais cela exige de faire une pause pour écouter les enfants, entrer dans l’échange avec eux, et cela demande toute notre disponibilité d’adulte.

Enfin, il y a une invitation essentielle : savoir écouter la parole des enfants, les aider dans leur questionnement. Un moment de philosophie avec eux est un moment de plaisir et de partage. Nous voyons nos enfants grandir non seulement en taille mais aussi en sagesse.

Jean Philippe GUILLOT, F. Maurice GOUTAGNY
(Publié dans « Présence Mariste » n°280, juillet 2014)

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