PM 287

Au collège St Joseph de Matzenheim, tradition et innovation vont de pair !

Vous avez dit pédagogie innovante ?
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En septembre 2014, se crée une passerelle CM2-6e en vue d’aider les écoliers à franchir le pas du collège concrètement. Plusieurs réunions d’harmonisation ont permis d’aborder certains points en priorité - Cette année, au CM1 et au CM2, les élèves n’ont plus de notes sur 20. Cette pédagogie positive fait disparaître la note « sanction », pour encourager l’atteinte d’objectifs. (Présence Mariste n°287, avril 2016)

L’année dernière, deux établissements de la Doctrine chrétienne de Strasbourg ont rejoint le réseau mariste. « Présence Mariste » a présenté l’école et le collège Jean XXIII de Mulhouse dans son n°282. Aujourd’hui, c’est l’établissement St Joseph de Matzenheim qui se présente.
Bénédicte GENNESSAY

Commençons d’abord par évoquer l’histoire du lieu. Quand le chanoine Eugène Mertian, crée le collège St Joseph en 1862, la congrégation des Frères de la Doctrine Chrétienne existe depuis déjà 17 ans, grâce à son impulsion. Des années passées à œuvrer en classe, et dans un orphelinat ont conforté Eugène Mertian dans l’importance d’apporter éducation et enseignement religieux aux garçons. Il se tourne vers les jeunes et les pauvres, oubliés dans la campagne alsacienne ou dans le milieu ouvrier en ville. C’est ainsi que le collège Jean XXIII ouvre ses portes à Mulhouse. Plus tard, en 1957, trois frères partent, toujours avec les mêmes convictions, à Madagascar.

Au fil des années, se succèdent ouverture de classes bi langues, et options sportives foot, basket, escalade. D’autres actions sont également mises en place pour éveiller et accompagner nos élèves tels qu’un atelier informatique, les options arts plastiques mais aussi arts du spectacle, club lecture avec la participation des parents d’élèves…
Parallèlement, des activités ancrées dans notre histoire continuent d’être proposées, tout en étant régulièrement revisitées tel que le pèlerinage de Neunkirchen, lieu de dévotion mariale, bien connu en Alsace centrale.

En 2014, les frères décident de transmettre les collèges St Joseph de Matzenheim et Jean XXIII de Mulhouse à la congrégation des Frères Maristes. Actuellement, 380 élèves sont inscrits à Matzenheim dans seize classes de collège et deux classes de primaire (CM1 et CM2). Alors, après plus de 150 années d’existence du collège et des traditions toujours vivaces et vivantes, comment continuer à innover ?

La passerelle CM2-6e

Le Collège de Matzenheim en septembre 2015
Photo : Collège de Matzenheim

En septembre 2014, et sous l’impulsion de Marie-Christine Schmitt, enseignante au CM2, se crée une passerelle CM2-6e. Il s’agissait à l’origine de créer un lien, d’aider les écoliers à franchir le pas du collège concrètement, cela permettait aux CM2 d’aller suivre certains cours avec des enseignants de 6e et de rencontrer des collégiens. Marie-Christine Schmitt et ses collègues professeurs de 6e ont fait le constat que les « élèves arrivant en 6e étaient très angoissés et les parents encore plus ». Cette réflexion les a menés à faire travailler le cycle 3 du primaire avec les classes de 6e. Rappelons qu’il n’était pas encore question de réforme du collège et que le cycle 3 englobait uniquement CE2-CM1 et CM2, soit dans notre établissement les CM1 et CM2.

Les aventures de Léon le mouton
Photo : Collège de Matzenheim

Plusieurs réunions d’harmonisation regroupant les enseignants du primaire et du collège en français et mathématiques ont permis d’adapter les avancées dans le programme et d’aborder certains points en priorité. Les CM2 et les 6e A ont mené un projet en commun en français : par groupe de 5 à 6, ils ont écrit « Les aventures de Léon le mouton – ou qu’est devenu le Mouton du Petit Prince » pour faire suite au « Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry. L’ensemble s’est concrétisé en un recueil d’histoires. Avec les trois autres classes de 6e, les élèves ont construit des étoiles à partir de cercles en géométrie, complétant par la même occasion une compétence du livret personnel de compétence. En culture religieuse, par binômes, les élèves ont suivi un jeu de piste dans la chapelle du collège et ont participé à une action de solidarité en préparant des étiquettes pour des cadeaux.

Dans d’autres matières, les élèves du primaire sont restés en groupe classe, et ont été pris en charge par un professeur du collège. En EPS, un enseignant du collège a encadré, et continue d’encadrer, les deux classes toute l’année de la même façon qu’au collège (fonctionnement par cycle et évaluation). Concernant les langues vivantes, l’espagnol est également enseigné depuis cette année en plus des traditionnels anglais et allemand dans notre région.
Pour les élèves de CM2 en 2014-15, actuellement élèves de 6e, le passage s’est donc fait naturellement dans la continuité : en ayant acquis de l’aisance et avec le sentiment d’être reconnus par les enseignants du collège. Ainsi, pas d’appréhension pour les nouveaux apprentissages et les nouvelles matières.

D’après Clothilde, actuellement en 6e : « La passerelle a fait le lien entre CM2 et 6e et nous avons découvert l’an dernier beaucoup de choses. Nous avons appris à travailler différemment, à connaitre les professeurs du collège, à voir comment on travaille en 6e. Elle m’a aussi aidée à moins appréhender mon entrée en 6e. J’espère pouvoir à mon tour aider les CM2 qui se préparent à entrer en 6e l’an prochain afin qu’ils aient la même chance que moi ».
De leur côté, les parents d’élèves ont été apaisés pour cette entrée en 6e, leurs enfants ayant déjà côtoyé l’univers du collège dans les bâtiments, les classes, avec les enseignants et l’organisation scolaire. Pour les enseignants du collège aussi, l’expérience est positive puisqu’une partie des jeunes de 6e connaît les habitudes de la maison et entraîne donc aisément la classe, permettant entraide et émulation au sein du groupe.
Au final, la passerelle anticipe déjà la réforme du collège de 2016 avec le nouveau cycle 3 des CM1-CM2-6e et le lien entre ces trois classes. Alors, vous avez dit pédagogie innovante ?

Une autre innovation de l’année : la classe sans note

Evaluation sans note au CM2
Photo : Collège de Matzenheim

Cette année, au CM1 et au CM2, les élèves n’ont plus de notes sur 20. Mais alors, comment évaluer car même sans note, l’élève doit pouvoir situer son niveau ? Interrogations, devoirs et contrôles sont maintenant évalués par des compétences et une appréciation écrite. Différents niveaux de compétences tels que « compétence non atteinte, partiellement atteinte, atteinte ou dépassée » permettent de situer l’élève et ses apprentissages.

Les élèves apprécient beaucoup ce système de notation, car non seulement ils sont moins stressés pendant les évaluations, mais en plus réussissent mieux ! Par ailleurs, ils comparent moins leurs résultats les uns et les autres. D’après les enseignantes, le système sans note est très appréciable car de ce fait, les élèves ne sont plus classés dans une catégorie. En effet, cette pédagogie positive fait disparaître la note « sanction », pour encourager l’atteinte d’objectifs. Certes, le travail de correction est plus contraignant, mais il apporte beaucoup à l’élève et le replace au cœur de ses apprentissages. Le bulletin reflétera le niveau par une liste d’items de compétences atteintes ou en cours d’acquisition.

La prochaine grande étape que le collège aborde actuellement est la réforme des collèges. L’équipe pédagogique a d’ores et déjà débuté une réflexion pour sa mise en place, mais cela est une autre histoire !

Bénédicte Genessay,
Coordinatrice pastorale et responsable qualité
(Publié dans « Présence Mariste » n°287, avril 2016)

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