À une époque où le « chacun pour soi » semble remplacer le « vivre ensemble », où, majoritairement, les jeunes se désintéressent de la vie publique, [fuchia]Présence Mariste[/fuchia] a voulu comprendre pourquoi et comment un Conseil Municipal des Jeunes a été relancé par la nouvelle équipe municipale de Saint-Chamond.
[fuchia]Marie-Françoise K, pourquoi une remise en route du CMJ à Saint-Chamond ?[/fuchia]
En 2008, avec la nouvelle municipalité, nous avions un projet jeunesse dans nos cartons ; l’idée était de donner une place aux jeunes dans la ville ; qu’ils puissent prendre la parole. L’équipe municipale était prête à les accompagner pour qu’ils participent à la vie publique de la ville, à travers leur engagement et les décisions concernant la jeunesse saint-chamonaise. Alors pourquoi pas un Conseil Municipal des Jeunes qui leur permettrait d’exprimer et de confronter leurs points de vue, de rencontrer les élus et les adultes issus du milieu associatif ? Et surtout qu’ils fassent remonter la parole des jeunes de la ville. Mais pour que le CMJ ait des chances de bien démarrer et de durer, nous lui avons octroyé un espace, le Bureau Information Jeunesse, un budget, environ 10 000 €, et un animateur-accompagnateur sur un poste que nous avons créé de toutes pièces. Adama en assure la responsabilité.
[fuchia]Comment ce Conseil Municipal des Jeunes s’est-il mis en place ?[/fuchia]
Adama
Tout simplement en suivant le processus électoral complet : acte de candidature, présentation des candidats, campagne électorale et bien sûr élections. On ne devient pas citoyen du jour au lendemain, à 18 ans lorsqu’on a le droit de vote. C’est pour cela que le maire et son équipe ont voulu que la fourchette d’âge des candidatures s’étale de 12 à 25 ans. Nous touchons donc des collégiens, des lycéens, des étudiants, des jeunes en formation par alternance, des apprentis et des jeunes hors circuit scolaire… avec un objectif pédagogique : que les jeunes s’approprient la « chose » électorale.
Marie-Françoise K
Pour une question pratique, nous avons choisi de privilégier les établissements scolaires : collèges et lycées publics et privés ; le BIJ pour toucher les jeunes, étudiants ou apprentis, scolarisés en dehors de Saint-Chamond. Tout un travail a été effectué en amont, avec présentation du projet CMJ aux chefs d’établissement et aux conseillers d’éducation ; nous avons insisté sur l’importance à donner à cet acte citoyen, à l’engagement pour la ville et au vote pour l’élection de représentants. Des courriers personnalisés ont été envoyés aux plus de 18 ans, à partir des listes électorales, les invitant à participer à la mise en place du CMJ, notre objectif étant de former des jeunes capables d’initiatives et de projets avec l’espoir qu’adultes, ils feront vivre la démocratie là où ils vivront.
Myriam D
C’est par hasard que j’ai appris la mise en place de ce CMJ ; je venais travailler au BIJ sur les outils informatiques mis à disposition et c’est là qu’on m’a dit : « quelque chose se passe pour les jeunes dans la ville de Saint-Chamond ; va voir Adama… » J’y suis allée ; il a réussi à me convaincre et je me suis lancée !
[fuchia]Comment s’est réalisé le processus électoral ?[/fuchia]
Adama
Les candidats ont fait campagne avec une vraie profession de foi, leur photo sur une vraie affiche, avec leur vrai programme, comme pour de vraies élections !
Marie-Françoise K
En collège, le vote a été organisé par les professeurs sur leur temps d’enseignement ; dans les lycées, appel a été fait à la liberté de vote : 1/3 des lycéens ont voté.
Symboliquement les jeunes devaient élire 39 candidats, c’est-à-dire le même nombre d’élus que dans le Conseil Municipal de la ville. Nous avons eu 80 candidats(es) pour 39 places !
Myriam D
J’ai rempli un dossier avec mes idées, ce que je pensais être bien pour les jeunes de la ville ; je ne voulais pas que les jeunes revivent ce qui a été dur pour moi tout au long de mon adolescence et j’ai expliqué mes motivations et j’ai été élue !
Adama
Une fois les résultats proclamés, les jeunes élus ont été convoqués à une réunion plénière pour un accueil officiel par Monsieur le Maire qui leur a rappelé que c’est à eux, au sein du CMJ, de choisir leurs thématiques et les projets qu’ils veulent réaliser. « Rien ne vous sera imposé ; prenez-vous en main ; soyez autonomes ; Saint-Chamond vous fait confiance et vous fait une place… à vous de la prendre. »
[fuchia]Quelles sont les réalisations « phare » du CMJ ?[/fuchia]
Nous travaillons à l’intérieur de 4 commissions : sports, animation-loisirs-solidarité, environnement-développement durable et Travaux d’Intérêt collectif.
Notre première réalisation fut la création d’un blog. Avec notre adresse : http://cmj.saint-chamond.over-blog.fr/ vous avez accès aux informations et réalisations concernant le CMJ.
Nous avons participé au projet solidarité entre le Centre social de Fonsala et la ville de Laakarta au Maroc, en aidant à la réalisation d’un mur d’enceinte autour d’une maison de formation pour femmes et enfants.
Un week-end culturel et citoyen nous a mobilisés avec les enfants des écoles, puis avec des groupes de musique, les centres sociaux et l’école de musique.
Charline Raviscioni nous a représentés au colloque UNICEF à Sciences Po-Paris et elle a tellement bien défendu ses idées et les nôtres sur la prise de responsabilité des jeunes que la ville de Saint-Chamond a obtenu le label : « Ville amie des enfants » !
Et enfin, le 12 octobre dernier, nous avons organisé une fête écologique : 6 associations, dont Hélioz, ont répondu à notre invitation et ce fut vraiment un temps fort consacré au développement durable.
Nous sommes fiers de nos réalisations.
[fuchia]Myriam, que retires-tu de ton engagement au CMJ ?[/fuchia]
Tout d’abord ce qui m’intéresse c’est de réaliser et d’agir ; et pas de différence entre nous, ni de religion, ni de classe sociale ou politique. De la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité », je retiens surtout l’égalité.
Propos recueillis par Henri PACCALET
(Publié dans Présence Mariste N° 271, avril 2012)