Trois frères ont reçu la mission de travailler dans cette Fondation, à Genève, en lien avec des organismes de l’ONU. Ils vivent en communauté en France, à Prévessin-Moëns, près de la frontière suisse. Actuellement, ce sont les FF. Jim Jolley, Australien, Manel Mendoza, Espagnol et Vicente Falchetto, Brésilien.
Pour ce dossier « Semeurs d’espérance », il nous a semblé important de recueillir leurs réflexions par rapport à cette réalité tellement cruciale des Droits des enfants et qui rejoint notre mission d’éducateurs. Face à ces réalités souvent très dures vécues par les enfants, chacun exprime sa confiance en un avenir meilleur pour eux. Qu’ils en soient vivement remerciés. (F. Michel Morel)
Comment suis-je un semeur d’espérance dans mon champ de travail avec les Frères maristes ?
Ici, à Genève, je suis le directeur de la FMSI. Notre travail vise à promouvoir la protection des enfants et de leurs droits de par le monde en ayant recours aux divers organismes des droits de l’homme de l’ONU basés à Genève.
Bien que mon travail ne me mette pas en contact direct avec les enfants et les jeunes, j’agis de manière à ce que le monde soit meilleur pour eux au niveau international. Aussi, mon rapport aux enfants est indirect. C’est un long travail puisqu’il exige beaucoup de diplomatie et d’échanges avec les gouvernements, via les réseaux de surveillance des droits de l’homme de l’ONU, les encourageant à introduire ou renforcer dans leurs pays les lois qui accordent aux enfants et aux jeunes leurs justes droits.
Organisation et suivi de nombreux ateliers de travail
Je suis également impliqué dans l’organisation et le suivi de nombreux ateliers dans nos provinces maristes (pour frères et laïcs) sur la « Convention des Droits de l’enfant » et la manière dont elle devrait être utilisée comme guide dans le travail avec les enfants. Cela signifie essentiellement : s’assurer que les principes de « non-discrimination », du « meilleur intérêt de l’enfant » du « droit à ce que son point de vue soit écouté » chaque fois que nous avons affaire avec des enfants.
En gardant tout ceci à l’esprit, je suis convaincu que mon travail entraine un changement pour les enfants et qu’à long terme le monde sera meilleur pour eux.
En ce sens, je crois que je suis un « semeur d’espérance » pour les enfants et les jeunes.
Une façon nouvelle de vivre le charisme mariste
Depuis 3 ans, je travaille avec la FMSI. Dès mes premières années de vie mariste, j’ai travaillé pour la défense des droits des enfants.
Je suis heureux que les Frères maristes, à travers la mise en place de la FMSI, travaillent à présent dans ce domaine, aux côtés d’autres organisations de l’ONU. Je regrette cependant que beaucoup de Frères ne connaissent pas encore vraiment le but de notre mission. Or, pour moi, c’est là une façon nouvelle de vivre le charisme mariste.
Il me semble que le projet de la FMSI change totalement la perspective de notre action, sans nous détourner de notre mission éducative vécue jusqu’à ce jour : la garantie des Droits des enfants. Le grand défi actuel et aussi, me semble-t-il, la grande mission de la FMSI, c’est de montrer le visage d’une institution qui travaille à garantir les droits des enfants. Cela signifie que nous devons nous engager au niveau politique pour aider les pays à mobiliser la société civile afin de garantir une politique sociale des droits humains, surtout ceux des enfants.
Pour moi, être semeur d’espérance, c’est faire ce que j’ai à faire à la FMSI. Je crois à cette mission et j’y consacre ma vie.
Promouvoir une nouvelle culture par rapport aux droits des enfants
Notre activité, c’est la défense et la promotion des droits des enfants. Il s’agit en fait de promouvoir une nouvelle culture dans ce domaine. C’est là une tâche nouvelle et importante pour nous, Frères maristes, recommandée par le dernier Chapitre général. Nous devons nous dévouer non seulement à l’enseignement comme nous l’avons fait jusqu’à présent, mais regarder ce que vivent les enfants avec des yeux neufs et comprendre qu’il s’agit non seulement d’éduquer l’enfant, mais encore de travailler à son bien-être. Cela nous demande de promouvoir ses droits dans les différents pays et cultures où nous travaillons.
Concrètement, nous essayons non seulement de conscientiser d’autres personnes, mais aussi de former des personnes capables d’orienter leurs activités dans le sens de la nouvelle implication de l’Institut mariste auprès de l’enfance d’aujourd’hui.
Une nécessaire prise de conscience
Celui qui réfléchit sur ces réalités se pose une question simple mais aux multiples facettes : comment est-il possible que les violations des droits des enfants puissent avoir lieu aujourd’hui ? Comment des enfants innocents peuvent-ils subir de telles atrocités ? Que pouvons-nous faire devant cette situation ?
Une attitude que nous pouvons prendre, mais qui n’apporte aucune solution, c’est d’intérioriser ces réalités : travail des enfants, enfants exploités sexuellement, enfants sans éducation ni formation pour la vie, fillettes qui, parce qu’elles sont des filles, se voient privées d’éducation. Une seconde attitude personnelle, bien plus engagée, correspond précisément à élaborer des « plaidoyers » pour les enfants afin qu’ils puissent exercer leurs droits et développer toutes leurs capacités.
Former des leaders pour la promotion des droits des enfants
Je crois que nous accomplirions mal notre travail d’éducateurs si nous nous préoccupions uniquement d’enseigner des langues étrangères, des mathématiques ou de la sociologie. Une de nos obligations comme éducateurs est de protéger les enfants face à toute éventualité qui leur serait préjudiciable, et aussi de les défendre contre de possibles situations contraires. Nous deviendrons ainsi des leaders pour la promotion de leurs droits."
(1) Voir PM N 269, Octobre 2011, p. 10-11)