L’histoire de l’Enseignement Catholique (EC) est marquée par le dynamisme des initiatives qui a conduit à la fondation des institutions scolaires. En fondant des écoles, l’Eglise a toujours souhaité répondre à un besoin éducatif à un moment précis et dans un territoire particulier.
Ainsi, quand Don Bosco allait à la recherche des enfants dans les rues de Turin ou quand Marcellin Champagnat acceptait de prendre en charge la mission d’éduquer des jeunes des paroisses du Pilat, c’était avec simplicité que ces apôtres de l’Evangile cherchaient à améliorer l’éducation en empruntant des chemins nouveaux.
En ce sens on peut dire que l’innovation est à l’origine de la démarche de l’Eglise dans sa proposition éducative. « Innover » au sens de chercher à faire mieux en provoquant un changement dans le service d’éducation qui est offert pour l’adapter aux conditions nouvelles. Avant de parler d’innovation pédagogique on peut en effet affirmer que l’EC est le fruit d’une innovation pastorale, au sens le plus large du mot, qui a eu des fruits pédagogiques et éducatifs très nombreux grâce à l’esprit missionnaire qui fonde son inspiration.
C’est très exactement l’esprit du Statut de l’EC publié le 1er juin 2013 :
- « L’établissement (…) met en œuvre sa capacité d’innovation et d’adaptation au service de son environnement social et économique, dont il est partie prenante. »
Dans un contexte où l’accueil de tous conduit nos Institutions à évoluer avec leur territoire, nos établissements innovent pour rester fidèles en adaptant la proposition éducative de l’EC. Ni rupture, ni continuité, mais fidélité.
Cette innovation est certes aussi pédagogique mais non pas seulement au sens d’une didactique mais avec une visée éducative. Une didactique qui ignorerait la dimension éducative de l’acte d’enseignement ne serait pas innovante, elle risquerait de devenir stérile car enfermée dans un schéma conceptuel désincarné.
Quand la méthode oublie qu’elle est un chemin qui a vocation à disparaître au profit de la fin qu’elle poursuit, alors il y a un risque de perdre le sens même de l’innovation qui est de s’adapter au réel et non de façonner le réel en fonction de ses rêves.
Le Statut de l’EC n’hésite pas à aborder l’innovation au détour d’un article sur le rôle du prêtre dans l’EC en considérant comme utile pour l’exercice de son ministère
- que le prêtre puisse disposer d’une bonne connaissance de l’Enseignement Catholique, (…) des projets et des innovations pédagogiques entreprises avec les élèves.
Utile à son ministère parce que l’innovation pédagogique n’est pas étrangère à la mission pastorale, elle est même traversée par la question qui devrait toujours habiter l’acte d’enseignement : comment dois-je procéder pour « éveiller le meilleur » dans le cœur et l’esprit de l’élève qui m’est confié ?
Si l’éducateur chrétien est un « éveilleur du meilleur » c’est probablement parce qu’il a le regard fixé vers les cimes du salut et qu’il n’envisage la réussite scolaire qu’à l’aune de cette question radicale et simple des fins les plus hautes comme cela est dit au début du statut de l’Enseignement Catholique.
Directeur diocésain de Saint-Etienne