St-Pourçain/Sioule : une autre façon de se former : l’apprentissage

M. Sabot, artisan entrepreneur en maçonnerie, à St Pourçain sur Sioule (03), donne son point de vue sur ce type de formation et sur les jeunes qu’il est appelé à former.

Monsieur Sabot est artisan entrepreneur en maçonnerie, depuis une vingtaine d’années, à St Pourçain sur Sioule (03). Il a l’habitude d’accueillir des jeunes en apprentissage. Il a accepté de donner son point de vue sur ce type de formation et sur les jeunes qu’il est appelé à former.

P. M. : Quelles sont, d’après vous, les qualités importantes pour un jeune qui veut entrer dans le métier aujourd’hui ?

M. Sabot : Pour un jeune qui veut entrer en apprentissage, ce qu’il faut, c’est d’abord la motivation. Il doit aimer le métier qu’il veut faire. Il lui faut être courageux, car des métiers tels que ceux du bâtiment sont des métiers durs et pénibles physiquement.
Il doit faire preuve aussi de rigueur dans son travail. De plus, il doit être conscient qu’il rentre, du jour au lendemain, dans un monde d’adultes.

Pourquoi acceptez-vous des jeunes en stage ou en apprentissage ? Qu’est-ce qui vous motive ?

J’accepte de prendre des apprentis pour permettre de transmettre notre savoir-faire. Si nous ne formons plus d’apprentis, notre métier disparaîtra.

N.D. des Victoires à Saint-Pourçain-sur-Sioule

Lorsque je cherche un apprenti, que l’élève soit en échec scolaire ou pas, cela n’est pas très important, à mon avis. S’il est motivé, la partie « études » suivra, parce que la partie théorique est basée pour une part sur le futur métier.

Etes -vous satisfait habituellement des résultats obtenus, ou non ?
Votre plus belle réussite ?
Un échec qui vous vous a plus spécialement marqué ?

Jusqu’à présent, tous les jeunes apprentis ont donné entière satisfaction. Il n’y a pas eu d’échec aux examens. La plupart d’entre eux se sont intégrés par la suite dans l’entreprise. Je pense qu’il n’y a rien de mieux que d’avoir des employés formés par soi-même.

Des échecs ?… Nous n’en avons eu qu’un seul. Nous avions incité un apprenti à continuer ses études en alternance avec apprentissage (bac pro). L’apprenti s’est démotivé au fil des mois ; il pensait, en effet, qu’il pourrait être chef d’équipe à l’issue de son examen. Il faut leur faire comprendre qu’il faudra plusieurs mois avant d’acquérir un savoir sur le terrain.

Que pensez-vous de la façon dont l’école prépare les jeunes : le positif, le négatif ?

A mon avis, l’école ne met pas suffisamment en valeur les métiers manuels. On laisse penser que ces métiers sont plutôt réservés aux élèves en échec scolaire ; que c’est une porte de sortie pour ces jeunes-là. Alors que ces métiers nécessitent plusieurs années d’apprentissage ou d’études spécifiques.

Il faudrait davantage d’exemples d’entreprises où les salariés ont suivi le parcours de l’apprentissage et sont devenus par la suite et au fil des années chefs d’équipe, voire des chefs d’entreprise.

Arrêtons aussi de dire que ces métiers sont défavorisés au niveau des salaires. Par ailleurs, il faudrait que les écoles spécialisées et qui forment des apprentis soient plus évoluées par rapport aux nouvelles méthodes de travail et aux technologies nouvelles.

Propos recueillis par Annie GIRKA

(Publié dans « Présence Mariste » n°249, octobre 2006)

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