Il y a longtemps, c’est avec ces mots et un sourire lumineux qu’un jeune garçon s’élança vers moi alors que je traversais la cour pour prendre mon travail à NDV ….
Je réfléchis quelques secondes et retrouvai le moment où il était venu déposer son fardeau au temps d’écoute. Il me confia alors ses difficultés de relations avec son papa. Que lui avais-je répondu ? De retrouver en lui ce lieu intime où personne n’est jamais absent, même ceux qui nous quittent, même ceux que nous n’avons pas connus, mais dont le nom reste gravé. Là, dans le cœur, la relation peut continuer, et se traduire alors par une pensée, un écrit, un dessin, un geste symbolique …. Le papa de ce garçon était décédé, avant même qu’il ne vienne au monde.
Visage radieux, il avait retrouvé la sérénité, et bondissait pour m’annoncer la bonne nouvelle ! Joie partagée, communicative. Et il est parti en classe, heureux…
Pourquoi relater cet évènement dans un dossier dont le thème porte sur le vivre ensemble ? Parce que le dénouement dit quelque chose d’une victoire sur une forme d’exclusion : toutes ces difficultés momentanées qui excluent d’un groupe, qui empêchent de suivre en cours, qui mettent « hors de soi », qui engendrent découragement, réactions violentes, qui détournent d’une première intention de « bien faire ».
C’est à la chapelle que se déroule le temps d’écoute.
Déjà, en ouvrant la porte, je me laisse saisir par le sourire et le regard de Saint Marcellin Champagnat, il me dit la bienveillance et la confiance, la présence de Quelqu’un qui va recevoir, écouter avec moi : le Christ qui, Lui, voit l’homme en émergence, et non emprisonné dans les limites d’un comportement qu’il n’a pas choisi et dont il souhaite activement se défaire.
Alors je peux accueillir les confidences, les peines, les larmes…. Et les « merci » car quand la situation s’éclaircit, les jeunes ne manquent pas de venir le dire, et remercier, simplement.
C’est souvent avec le visage triste et tiré qu’ils poussent la porte. Quand ils repartent en ayant retrouvé le souffle, le sourire, ou au moins la certitude qu’ils ne sont plus seuls devant leurs difficultés, le salaire est reçu !
Discrétion, confidentialité, liberté, pour nombre de jeunes qui auront fait l’expérience de la confiance, et d’un retour dans le groupe classe qui est le leur, ici et maintenant.
Animatrice du temps d’écoute à Saint-Pourçain-sur-Sioule