PM 281

Ces jeunes pousses promises à un avenir !

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« Le temps d’écoute permet de parler à une personne de notre vie privée ou d’autres problèmes qui sont lourds à porter. Tout en restant secret. » (Présence Mariste n°281, octobre 2014)

« Catherine, ça va mieux avec mon papa ! »
Catherine Jeannin

Il y a longtemps, c’est avec ces mots et un sourire lumineux qu’un jeune garçon s’élança vers moi alors que je traversais la cour pour prendre mon travail à NDV ….
Je réfléchis quelques secondes et retrouvai le moment où il était venu déposer son fardeau au temps d’écoute. Il me confia alors ses difficultés de relations avec son papa. Que lui avais-je répondu ? De retrouver en lui ce lieu intime où personne n’est jamais absent, même ceux qui nous quittent, même ceux que nous n’avons pas connus, mais dont le nom reste gravé. Là, dans le cœur, la relation peut continuer, et se traduire alors par une pensée, un écrit, un dessin, un geste symbolique …. Le papa de ce garçon était décédé, avant même qu’il ne vienne au monde.

Visage radieux, il avait retrouvé la sérénité, et bondissait pour m’annoncer la bonne nouvelle ! Joie partagée, communicative. Et il est parti en classe, heureux…

Ces jeunes pousses promises à un avenir !
Photo Catherine Jeannin

Pourquoi relater cet évènement dans un dossier dont le thème porte sur le vivre ensemble ? Parce que le dénouement dit quelque chose d’une victoire sur une forme d’exclusion : toutes ces difficultés momentanées qui excluent d’un groupe, qui empêchent de suivre en cours, qui mettent « hors de soi », qui engendrent découragement, réactions violentes, qui détournent d’une première intention de « bien faire ».

C’est à la chapelle que se déroule le temps d’écoute.
Déjà, en ouvrant la porte, je me laisse saisir par le sourire et le regard de Saint Marcellin Champagnat, il me dit la bienveillance et la confiance, la présence de Quelqu’un qui va recevoir, écouter avec moi  : le Christ qui, Lui, voit l’homme en émergence, et non emprisonné dans les limites d’un comportement qu’il n’a pas choisi et dont il souhaite activement se défaire.

« Le temps d’écoute permet de parler à une personne de notre vie privée ou d’autres problèmes qui sont lourds à porter. Tout en restant secret. Le temps d’écoute, c’est un soulagement pour moi d’y aller, ça me libère et me rend mieux. Puis ça m’apprend à me redonner confiance en moi ». Katia
« Au collège, des adultes sont volontaires pour écouter les collégiens en difficulté ou qui ont des problèmes. Un jour j’ai décidé d’aller me confier à une personne. Ça m’a fait du bien qu’elle m’écoute, qu’elle comprenne ce que je ressentais parce que je me sentais à l’écart de mes camarades de classe et mes résultats scolaires étaient loin d’être bons ». Marie

Alors je peux accueillir les confidences, les peines, les larmes…. Et les « merci » car quand la situation s’éclaircit, les jeunes ne manquent pas de venir le dire, et remercier, simplement.
C’est souvent avec le visage triste et tiré qu’ils poussent la porte. Quand ils repartent en ayant retrouvé le souffle, le sourire, ou au moins la certitude qu’ils ne sont plus seuls devant leurs difficultés, le salaire est reçu !

Discrétion, confidentialité, liberté, pour nombre de jeunes qui auront fait l’expérience de la confiance, et d’un retour dans le groupe classe qui est le leur, ici et maintenant.

Catherine JEANNIN,
Animatrice du temps d’écoute à Saint-Pourçain-sur-Sioule
(Publié dans « Présence Mariste » n°281, octobre 2014)

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