Mercredi 5 mars 2014 :
Ce matin-là, qui allait surfer sur le site internet du « Progrès », le quotidien de Lyon, tombait inévitablement sur cette alerte-info :
« Un camp d’une centaine de Roms évacué à Saint-Fons. Environ 130 personnes, dont des familles, ont été évacuées tôt ce mercredi matin d’un camp de fortune qu’elles occupaient depuis plusieurs mois à Saint-Fons, en bordure du périphérique Laurent-Bonnevay, au sud de Lyon ».
Mercredi 5 mars 2014 :
Ce soir-là, cérémonie des Cendres. Tout prédicateur qui se respecte ne manque pas en ce jour de graver avec passion et lyrisme les trois « P » dans la tête des fidèles qui écoutent son homélie : prière, partage, pénitence, ces trois voies royales qui, quarante jours durant, vont nous conduire jusqu’à l’éblouissante lumière du matin de Pâques.
Alors, soyons cohérents, se disent nombre de chrétiens lyonnais. L’occasion de partager nous est offerte malheureusement sur un plateau par la triste actualité de l’évacuation de Saint-Fons.
Au même moment, le père Duffé, vicaire épiscopal pour la Mission Famille et Société s’interroge à haute voix :
« Comment tenir l’action fraternelle face à des orientations et des décisions politiques et administratives plus ou moins implicites dont la logique ajoute de la souffrance à la souffrance et qui renvoient les plus pauvres aux »périphéries« où nous sommes attendus ? »
Dès lors, cinq paroisses du Grand Lyon se mobilisent pour accueillir à titre transitoire et avec les moyens du bord quelques-unes de ces familles dont la paroisse du Sacré-Cœur (Lyon 3e) qui reçoit trois familles (soit 14 personnes). Pour quelques semaines, ces personnes auront au moins un toit et un matelas pour dormir et demain sera un autre jour.
Parmi les 14 hôtes du Sacré-Cœur, Ileana, 17 ans, enceinte de son premier enfant à qui elle donnera le jour au matin du 1er mai, une petite Francesca, un peu trop menue selon l’avis des médecins, mais bien belle quand même. Jadis, tout bébé qui n’avait pas de place à l’auberge pour voir le jour optait pour une étable qu’il emplissait de ses premiers cris en la nuit du 24 au 25 décembre.
Mais le 1er mai, à quoi ça ressemble ! Décidément, on nous change tous nos repères !
"Pour vivre l’accueil et la fraternité avec ces familles en errance, nous percevons l’importance de relier l’action d’urgence et l’accompagnement social, écrit Catherine Lachnitt, paroissienne du Sacré-Cœur, dans le bulletin paroissial de juin 2014.
Cette solidarité quotidienne dérange nos modes de vie et parfois même nous bouscule. Elle nous conduit à déployer une réflexion sur « la dimension d’hospitalité » dans chacune de nos paroisses et communautés. On se souvient des initiatives de saint Basile (4e siècle) pour les étrangers et les gens de passage".
Beaucoup, sceptiques, diront, haussant les épaules : « À quoi sert votre action ? Vous accueillez trois familles, mille autres attendent et se bousculent au portillon ». Certes !
Mais à cette question, une réponse fut apportée jadis par une humble religieuse, quelque part dans les faubourgs de Calcutta.
"Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, disait en effet Mère Térésa. Mais si cette goutte d’eau n’existait pas, elle manquerait".
Mieux connaître les Roms… Un peu d’histoire… Les Roms sont originaires du Nord de l’Inde. Aux 9e et 10e siècles, ils ont quitté ce territoire, sans qu’on sache pour quelle raison précise. Ils ont traversé l’Iran, l’Afghanistan pour se répandre sur l’ensemble de l’Europe Centrale (Roumanie, Bulgarie, Allemagne…), puis vers l’Italie et l’Europe de l’Ouest (France, Espagne, Portugal, Angleterre, Pays Bas…) On note leur première présence dans la région du Nord en 1421 à Arras. Porteurs de recommandations du roi de Bohème, ils reçoivent d’abord un accueil favorable en raison de leur accoutrement, des robes colorées des femmes qui lisent la « bonne aventure », des animaux dressés qui les accompagnent (ours, chevaux, singes…). Mais très rapidement, ils sont victimes de rejets. Un édit de Colbert organise leur exclusion. Le génocide nazi Quand Hitler arrive au pouvoir en Allemagne dans les années 30, les Roms sont, avec les Juifs, les premières victimes du nazisme. Pourchassés, déportés dans des centres d’extermination. 200 000 à 400 000 Roms seront victimes de la folie nazie et périront dans les fours crématoires ou des mauvais traitements. Leur stérilisation est organisée et ils sont l’objet d’expériences du docteur nazi Mengele. Les réfugiés des années 1990 Une nouvelle vague de Roms de Roumanie arrive en Europe de l’Ouest au début des années 1990 : des groupes sédentarisés sous le régime communiste et victimes des pogroms qui suivent la chute du régime Ceausescu et qui décident de reprendre la route de l’exil. D’autres Roms originaires de Yougoslavie et victimes des purifications ethniques cherchent aussi asile en France lors de l’éclatement de ce pays. La vie des Roms La famille : Croyances et Culture : Le travail : (Page écrite à partir de plusieurs articles de « Courrier international ») |