Le terme « Pères de l’Europe » est une expression figurée utilisée pour évoquer ceux qui sont à l’origine de l’Union européenne, c’est-à-dire les principaux promoteurs de la construction européenne au 20e siècle. Ce surnom fait allusion aux Pères fondateurs des États-Unis d’Amérique.
Il s’agit d’un groupe de sept personnalités politiques qui ont joué un rôle fondateur en travaillant à mettre en place la CECA*, puis la CEE*, qui sont à l’origine de l’Union européenne d’aujourd’hui.
Les plus connus sont l’Allemand Konrad Adenauer, les Français Robert Schuman et Jean Monnet, l’Italien Alcide de Gasperi. Il faut leur adjoindre le Luxembourgeois Joseph Bech, le Néerlandais Johan Willem Beyen et le Belge Paul-Henri Spaak et d’autres comme Walter Hallstein (allemand), Sicco Mansholt (néerlandais), Altiero Spinelli (italien) et Winston Churchill (britannique).
Il y a eu d’autres précurseurs de l’idée d’un État fédéral en Europe. Le plus connu est le Français Aristide Briand.
L’engagement des « Pères de l’Europe » au début des années 1950 est motivé par leur convergence autour d’un certain nombre d’objectifs communs et de valeurs partagées qui n’allaient pas nécessairement de soi au lendemain de la 2de Guerre mondiale.
Une volonté de réconciliation des Européens
Les Pères de l’Europe partagent une même volonté de pacification de l’Europe non pas par l’équilibre des puissances, comme après le Congrès de Vienne de 1815 qui a mis fin à la période napoléonienne, mais par la réconciliation des nations européennes. Beaucoup d’entre eux ont grandi à proximité de frontières. Certains ont subi et combattu les régimes fascistes, soviétiques ou nationaux-socialistes (nazis). Plusieurs ont été emprisonnés ou se sont exilés en refusant le régime de leur propre pays.
De cette période de guerre 39-45, les Pères de l’Europe retirent une conviction : la paix passera par la réconciliation des peuples. Dès 1946, Konrad Adenauer, dans une Allemagne défaite, sans État, toujours divisée en zones d’occupation, pense la place du peuple allemand dans l’Europe nouvelle : « L’Europe ne sera possible que si une communauté des peuples européens est rétablie, dans laquelle chaque peuple fournit sa contribution … à l’économie et à la culture européennes, à la pensée, la poésie, la créativité occidentales » (Discours de Cologne, 24 mars 1946).
De son côté, Robert Schuman déclare en 1950 : « La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques ». Et Jean Monnet de déclarer à la presse américaine : « Aussi longtemps que l’Europe restera morcelée, elle restera faible, et sera une source constante de conflits ».
Une Europe unie sera une Europe prospère
Dès l’entre-deux-guerres, l’idée d’une union économique de l’Europe est avancée, notamment par les milieux industriels. Créer une union douanière européenne serait pour les industries une manière d’obtenir de nouveaux débouchés, permettant de produire en plus grande quantité et donc à moindre coût (économies d’échelles).
Le diagnostic reste le même après le second conflit mondial : le protectionnisme est vu comme le responsable des rivalités économiques et comme l’un des facteurs de la marche vers la guerre
« Nous avons acquis, par la démonstration des faits, que les nations, loin de pouvoir se suffire à elles-mêmes, sont solidaires les unes des autres ; que le meilleur moyen de servir son pays est de lui assurer le concours des autres par la réciprocité des efforts et par la mise en commun des ressources »
Ainsi, si la rivalité pour les ressources économiques, notamment dans les bassins industriels du nord de la France et de la Ruhr, a mené à l’affrontement d’abord diplomatique puis militaire, leur mise en commun mènera à la coopération, d’abord industrielle, puis politique.
Des Pères fondateurs unis par la démocratie chrétienne
Les partis démocrates chrétiens dans les différents pays d’Europe ont joué un rôle majeur dans la fondation de l’Europe unie. Issue de l’universalisme chrétien, l’idée d’unification, en particulier celle de l’Europe, traverse toutes leurs conceptions concernant la politique extérieure. La démocratie chrétienne invite au dépassement du fait national avec l’objectif d’éliminer les conflits engendrés par leurs divisions. Dès l’entre-deux-guerres, des initiatives de coopération sont lancées entre les formations démocrates chrétiennes des pays d’Europe. Dans les années 1945-1950, la démocratie chrétienne joue un rôle majeur car elle apporte une réponse à deux menaces : celle de la guerre, dont le souvenir est encore douloureux et celle du communisme, en se posant comme alternative à l’internationalisme soviétique.
Vers une Europe unifiée
Nombreux sont les facteurs qui ont amené les Pères de l’Europe à se retrouver dans la proposition de Robert Schumann le 9 mai 1950. Tous partagent une même expérience des guerres, des effets négatifs et pervers du protectionnisme et de la politique d’affaiblissement de l’Allemagne portée par le Traité de Versailles de 1919. Tous partagent aussi une même vision du chemin à suivre pour que l’Europe renoue avec la prospérité, et une orientation politique proche, chez chacun d’entre eux, des idéaux universalistes de la démocratie chrétienne. Ces expériences communes ont implanté chez ces hommes d’État la vision d’une Europe unifiée par l’économie vecteur de paix, organisée par la coopération entre les États et les peuples et un jour achevée par l’unité politique.
CECA : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier
CEE : Communauté Économique Européenne
Penseurs du fédéralisme européen
Lancé dans un discours, le 5 septembre 1929, devant la SDN à Genève, il se prononce pour la mise en place d’un lien fédéral entre les pays européen.
Ce beau projet a été soutenu entre autres, par Gustav Stresemann, Chancelier allemand. Mais peu de temps après, la crise économique allait emporter ce beau projet…