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Qu’est-ce que la conciliation ?

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Le plus important dans le processus de conciliation, c’est d’être vraiment écouté, et d’être totalement à l’écoute d’une autre parole. (Présence Mariste n°294, janvier 2018)

Dans notre société, on peut saisir un conciliateur de justice pour aider à régler des différends. Celui-ci instaure un dialogue entre les parties pour qu’elles trouvent la meilleure solution à leur litige, qu’elles soient personnes physiques ou morales. F. André Brun répond à nos questions sur cet engagement vécu depuis plusieurs années.

Quel est le processus pour une conciliation ?

Deux mains

II y a une légère différence entre « médiation pénale » et « conciliation ». Dans la médiation pénale c’est le juge qui envoie le dossier au médiateur car il y a eu dépôt de plainte de la part de l’une des parties.
Dans la conciliation, le demandeur vient trouver le conciliateur et s’il est d’accord, le demandeur et le défendeur sont convoqués. Le demandeur prend rendez-vous. Je le reçois, j’écoute son problème. Je note les choses importantes, je devine les non-dits. Je pose des questions pour éclaircir tel ou tel point. Souvent je reformule ce qu’il a dit. Si le demandeur est d’accord, je convoque les 2 parties. J’invite chacune des parties à dire ce qu’elles proposent de faire pour mettre fin au conflit. Puis c’est l’accord signé par les 2 parties et le conciliateur. Ou bien je peux aussi remplir un bulletin de non-conciliation.

Comment écoutes-tu les deux parties ?

Le principe fondamental : « Se taire », avoir une grande écoute ! D’abord, bien accueillir la ou les personnes. Ensuite désamorcer leur angoisse car elles ne font pas la différence entre la Maison de la Justice et le Tribunal ! Mais dès que le problème est abordé, elles oublient l’ambiance tribunal. Il faut éclairer la situation, parfois rappeler le Code Civil : autorisations et interdits. Des gens se confient parfois sur problèmes qui n’ont rien à voir avec l’objet de la rencontre : déballage de souffrances de toutes sortes qu’ils n’ont jamais pu dire à quelqu’un. Je vois le défendeur le jour de la conciliation, donc en présence du demandeur, mais je lui donne la parole en premier.

Quel est ton rôle ?

Veiller à ce qu’aucune des parties ne monopolise la conversation ou à ce que les deux parlent en même temps. Je les invite à formuler le problème. Je les aiguille, je les incite à résoudre le problème car les responsabilités sont partagées. Chacun doit s’engager à faire un geste vis à vis de l’autre.

Quels sont les sujets qui sont récurrents ?

Les problèmes de voisinage (agressions, incivilités, bruit, problèmes de clôtures, mitoyenneté, servitudes, plantations, etc.) et les problèmes propriétaires-locataires (insalubrité, retenue de caution, loyer, bail, etc.) ; problèmes de copropriété, de consommation, de prêt d’argent, les malfaçons, devis, travaux inachevés ; enfin conflits avec les opérateurs internet ou des sociétés comme EDF-GDF.

« Se taire », avoir une grande écoute
Photo : F. Maurice Goutagny

Nous ne traitons pas les problèmes familiaux ni les problèmes avec les mineurs, ni les sujets où interviennent des sommes de plus de 4 000 €.

Quelles sont les difficultés que tu rencontres ?

Je pense à la langue chez les clients qui ne maîtrisent pas le français. Souvent ils se font alors accompagner d’un de leurs enfants. II m’est arrivé d’être obligé de demander un interprète pour le langage des signes ayant eu affaire à un couple de muets. J’ai eu aussi affaire avec des gens illettrés. Parfois l’entêtement de l’une des parties bloque le dialogue et la possibilité de trouver une solution.

Conclusion

Le plus important dans tout ce processus c’est le fait d’être vraiment écouté, et d’être totalement à l’écoute d’une autre parole. S’oublier pour faire, en soi, une place à celui qui parle. J’insiste aussi sur la prise de distance de tout ce que j’ai entendu pour rester le plus libre possible face à la situation. Ainsi je puis être disponible pour aider à discerner et décider.

F. André Brun
(Publié dans « Présence Mariste » n°294, janvier 2018)

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