Cinq Frères Maristes tenaient déjà un lycée à Pleebo quand la guerre a éclaté. Elle les obligea à regagner les Etats-Unis. Après la guerre civile l’évêque demanda aux Frères de revenir, mais à Monrovia, la capitale, cette fois.
Situation dramatique
Lors de ce retour, cinq jeunes Frères libériens, qui furent élèves à Pleebo et qui entrèrent au noviciat des Frères en 1998-99, terminaient leur temps de formation à Nairobi et ils avaient une expérience d’enseignant. Leur retour au pays fut un choc marqué par le chagrin et la confusion. Car ils découvrirent que leurs familles avaient été déplacées, mutilées ou encore qu’elles avaient disparu ou étaient décédées. Ils devaient enseigner dans des écoles élémentaires ou en lycée.
Quand ils commencèrent leur travail ils virent bientôt dans quelle pauvreté la guerre civile avait jeté leur pays. Il n’y avait de manuels ni pour les élèves ni pour les maîtres, pas de crayons, pas de papier ni même de craie. D’urgents appels à l’aide furent lancés à l’adresse des provinces d’Esopus et de Poughkeepsie (Etats-Unis), et grâce à l’aide des Salésiens des fournitures purent être acheminées. Les besoins de matériel éducatif des deux écoles continuent d’augmenter à mesure qu’on avance dans l’année scolaire.
Reprise des activités
En ce moment il y a 4 Frères libériens et un Frère américain. (…) Notre communauté devient peu à peu un centre où les gens viennent pour demander une aide : des médicaments, des habits, de quoi voyager ou payer l’école ou l’université. Une de nos voisines avait besoin de nourriture et d’argent car elle n’avait pas mangé depuis trois jours. (…)
Nos Frères libériens, de retour maintenant dans leur propre pays au milieu de leur peuple, ont commencé à enseigner et à catéchiser les enfants des pauvres autour d’eux. Les besoins des enfants dans les écoles dépassent de beaucoup les ressources des Frères, ou du gouvernement et de l’Eglise. (…)
Nos Frères continuent à enseigner quelles que soient les circonstances qui se présentent chaque jour. En dépit de la promesse de ne pas admettre plus de 45 élèves nos Frères ont eu jusqu’à 72 à 80 élèves par classe sans avoir suffisamment de pupitres et de manuels. Et les élèves pauvres n’ont même pas assez d’argent pour acheter un cahier. (…)
Réponses aux besoins les plus urgents
Les professeurs ont un besoin urgent de formation pour apprendre des méthodes d’enseignement. Récemment une équipe de professeurs et de personnels d’administration scolaire est venue des Etats-Unis pour donner une session sur les méthodes d’enseignement. Ce fut un grand succès et une source d’encouragement pour les professeurs des écoles diocésaines.
Nos écoles et nos élèves n’avaient pas de Bible et notre communauté mariste du Libéria a lancé un appel pour en avoir. Grâce à l’aide financière reçue les Frères ont pu acheter 1 200 Bibles à $5 l’unité pour les écoles catholiques.
Nos Frères ont apporté leur aide lors d’une session de 2 semaines pour les catéchistes diocésains en donnant des conférences spécialement sur la prière et en se rendant disponibles pour l’accompagnement spirituel. Tous les 30 catéchistes ont accepté l’offre des Frères. L’un des Frères a conduit un jour de récollection, le dernier jour avant le retour à la maison.
Solidarité tous azimuts
Chaque fois qu’il y a un besoin urgent les Frères sont prêts à donner de l’aide. Récemment les Frères ont aidé une Sœur qui enseigne un métier à des enfants handicapés pour leur permettre de gagner de l’argent pour leurs propres besoins et ceux de la mission.
Les Frères aident les gens à remettre en état les maisons partiellement détruites, grâce à l’aide des Salésiens qui fabriquent des briques et des tuiles de béton comme matériaux de construction. L’un de nos aspirants au noviciat est en train de mettre en place un programme de soutien scolaire dans notre arrière-cour pour 10 enfants du voisinage dont les parents sont trop pauvres pour payer le déplacement pour aller à l’école. (…)
L’association « Marist Monrovia » a reçu l’accord du Fonds de Solidarité de Rome pour un prêt en vue d’aider les gens à lancer leur propre ’marché de trottoir’. Environ 20 à 25 personnes ont pu bénéficier de cette entreprise, participer à 4 sessions de formation et être suivis pendant 6 mois. (…)
Un avenir incertain envisagé avec confiance
Les Frères ont déjà mis en place un groupe de soutien vocationnel pour les jeunes gens qui ont montré de l’intérêt pour la manière de vivre des Frères Maristes. Une réunion intitulée : « Venez et voyez » a été organisée à l’intention de ces jeunes, de 19 à 28 ans pour prier, écouter et partager leurs réflexions. Nous continuons à prier le Père Champagnat pour qu’il vienne à notre aide et nous bénisse en nous envoyant les hommes dont nous avons besoin pour continuer notre mission au Libéria.
Les Frères Maristes ont payé chèrement pour assurer une présence mariste en Afrique, continent dans lequel onze Frères ont perdu leur vie à cause de leur charité évidente et de leur zèle apostolique. Notre mission au Libéria a été difficile. Elle s’est souvent accomplie dans la confusion et la recherche douloureuse de la volonté de Dieu : pour ne pas manquer de prudence et assurer la continuation de cette mission parmi le peuple. (…)
Récemment les tensions internes du gouvernement ont fait voir clairement qu’une autre explosion était imminente. Les ambassades ont été vidées et leur personnel transporté par avion vers des régions plus sûres. A nouveau la question s’est posée à l’esprit des responsables : fallait-il rester ou partir ? Heureusement la Vierge Marie, la « Ressource ordinaire » de Champagnat est venue à notre secours. Pour le moment, la paix semble revenue si bien que les Frères Maristes peuvent continuer à « faire connaître et aimer Jésus » et enseigner que « sa sainte Mère est le chemin qui conduit à Jésus ».
(d’après le texte communiqué par les Frères du Libéria
traduction Fr Bernard Méha)
(Publié dans « Présence Mariste » n°229, octobre 2001)