Le film « Des hommes et des dieux » traduit bien le sens de cette présence. Des hommes, comme les autres, vivant simplement. Des dieux, selon la Parole de la Bible, tournés vers le Dieu de Jésus, aimé et prié. C’est ce qu’essaient de vivre les Frères maristes à la suite de Frère Henri Vergès et d’autres, assassinés comme les moines.
Étapes d’une « refondation »
En 2004, les Frères, Arturo du Mexique, Alex et Xéma d’Espagne, sont arrivés à Mostaganem dans une ex-maison des sœurs du Bon Secours de Troyes. Le rez-de-chaussée reste dispensaire tenu par l’hôpital (ancien dispensaire des sœurs) ; le 1er étage devient le lieu communautaire ; le 2d reçoit la bibliothèque et la salle d’informatique pour les étudiants.
En 2009-2010, nous étions 3 Frères de trois pays, en terre étrangère, essayant de vivre la fraternité avec nos limites et nos richesses : Xéma, le supérieur ; Arturo (qui vient de rejoindre le Père du ciel en compagnie de Marie, « la Bonne Mère », (qu’il aimait tant) et moi-même, Jean Louis.
Notre mission
Xéma est aumônier des étudiants subsahariens chrétiens venus en Algérie pour leurs études. Notre maison est leur foyer. Ils y viennent avant ou après leurs cours. Là, ils peuvent se rencontrer, travailler, contacter leurs familles grâce à des ordinateurs offerts par les Frères du Mexique. Xéma est aussi responsable de notre paroisse formée des étudiants. Nous avons la « messe du dimanche » le vendredi. Les étudiants la préparent et l’animent avec des cantiques de différents pays, embellissant ainsi la liturgie. Xéma propose aussi 3 ou 4 jours de formation aux jeunes, en juillet, sur la connaissance de la bible, de l’Islam, du Yoga avec des moments de convivialité.
Bernard Régis est arrivé en juillet dernier pour renforcer la communauté. En août, avec Xéma, il a participé au « Taizé-Tlemcen » : jours de rencontres et de prières comme à Taizé car les jeunes ne peuvent aller en France.
Arturo était responsable de la bibliothèque ; il assurait des cours d’informatique pour les étudiants qui voulaient. Bernard Régis le remplace dans cette tâche. Personnellement, j’ai participé aux réparations et aux peintures de notre maison.
Tous les trois, nous assurons les services communautaires : cuisine, ménage et, bien sûr, la prière car, sans elle, que ferions-nous en ce pays ? L’an prochain, un prêtre va vivre avec nous.
Depuis 2008, les jeunes ont une belle salle de travail « Salle Frère Alex » construite sur une partie de la terrasse et la bibliothèque d’espagnol leur offre à peu près 2 500 livres.
Sens de notre présence en terre d’Islam
Cette vie très proche de la réalité, vécue en frères, parle à nos voisins. Ils comprennent mieux notre vie en se référant à ce dont ils se souviennent de celle des sœurs, très aimées. Mais il est vrai qu’il est difficile pour eux, de comprendre que des hommes ne se marient pas.
Des liens forts se tissent. Chacun dans le respect de l’autre peut vivre et approfondir sa foi. Il est beau de s’entendre dire entre chrétien et musulman « Je prierai pour toi ». Nos voisins ont prié pour Frère Arturo « Il est entre les mains de Dieu », me disaient-ils. Je me rappelle aussi les propos d’un autre : « Merci aux chrétiens, car ils sont restés quand ça allait mal. »
Notre Église, sans pouvoir, est là au service du peuple d’une autre religion. Nous témoignons que, par son Église, Jésus est venu pour « la multitude ».
Frère Jean Louis BOSLAND
(Publié dans Présence Mariste N° 266, Janvier 2011)