Les Frères Maristes dans la tribu des « Bara » à Madagascar

Dans le principal centre d’Ihosy (10 000 habitants), l’école ouverte en 1985 compte 750 élèves (collège et lycée). Cinq Frères et une Sœur l’animent dans un esprit éducatif catholique ; les quarante séminaristes du diocèse et plusieurs aspirants maristes y sont externes. Deux Sœurs SMSM et un Frère sont d’anciens élèves.

Frère Tiana en pays « Bara »

La tribu des « Bara »

Les "Bara« est une des dix-neuf tribus de Madagascar forte de 500 000 membres ; ils occupent traditionnellement un territoire d’environ 60 000 km2 (presque deux fois la Belgique). C’est certainement la plus typée des tribus malgaches, leur physique est plus négroïde que la moyenne, leur parler a un accent reconnaissable ; ils élèvent des zébus, cultivent riz, manioc, patates, mais ils continuent à pratiquer toutes les coutumes anciennes, la religion traditionnelle, habitent une petite case d’une seule pièce sans aucun meuble, refusent la scolarisation, pratiquent l’élevage »contemplatif« du bœuf et ont une grande méfiance de tout ce qui n’est pas »Bara«  : très exceptionnel un mariage avec un non-Bara, un baptisé ou un adulte sachant lire. Les jeunes gens »s’approprient" les bœufs des autres tribus pour épater, aussi sont-ils très mal vus et devenant méfiants, fermés, ils mènent entre eux dans les campagnes isolées une vie très primitive, suicidaire à long terme.

Sur leur territoire, cinq villes, des vallées fertiles, se sont peuplées d’immigrants, principalement « betsileo », modernisés, souvent chrétiens, bénéficiant des avantages de l’administration, des services de santé, de la scolarisation, du zèle des prêtres, religieux, pasteurs.

Une visite dans un village « Bara »

Une Sœur malgache accompagnait le Père dans les villages Bara, réussissant parfois à réunir cinq ou six personnes pour parler des choses concrètes, d’un enfant malade, de la sécheresse, des bœufs, car les choses religieuses les laissent indifférents. Un jour, dix volontaires du lycée sont partis avec Frère Alexandre, à pied, pour plusieurs jours emportant des haricots et du sel comme preuve d’amitié, ont parlé, fait jouer, fait danser, puis fait prier les enfants, ont gagné leur confiance.
Quelques adultes sont venus voir ce que faisaient les Frères, comment ils plantaient. Ils prennent conscience que s’ils restent illettrés et isolés, ils continueront à être exploités. Ils se sont mis d’accord pour bâtir deux écoles-églises dans ce village que j’ai visité à 60 km d’Ihosy  ; deux élèves reçus au bac se sont proposés pour y enseigner. L’ouverture de l’école s’est faite en novembre.

C’était touchant de voir tous ces enfants, certains vêtus seulement d’un semblant de culotte, puis des adultes, venir nous saluer, écouter les "kabary" (petits discours pour se saluer tout en se donnant des conseils). Personne n’est encore baptisé, la majorité porte au cou une amulette sacrée.

Au repas d’adieu à cette communauté, le Frère Directeur m’a dit : « II y a cinquante ans, vous veniez dans nos villages à la recherche de vocations, maintenant, ceux que vous avez formés, à leur tour vont porter la Bonne Nouvelle dans d’autres villages … »

Frère Diogène DUMORTIER

(Publié dans « Présence Mariste » n°212, juin 1997)

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