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La Pachamama ou déesse Terre en Amérique du Sud

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Les Incas de la riche civilisation péruvienne développèrent des liens très étroits avec toute la Nature, marqués à la fois par une grande vénération, un profond respect et aussi de la peur - Au 16e siècle, les Espagnols ont imposé le christianisme et interdit toutes les croyances indigènes, la Pachamama a continué un peu clandestinement. (Présence Mariste n°289, oct. 2016)

Marie-Françoise Poughon

Quand on voyage en Amérique du Sud et spécialement au PÉROU et en BOLIVIE, il est fréquent de voir surtout dans les zones rurales et montagneuses, des personnes qui avant de boire un verre d’alcool, commencent par en verser un peu dans la terre. Cette scène est liée au culte de la PACHAMAMA : la DÉESSE TERRE des anciens Amérindiens.

En effet, les INCAS de la riche civilisation péruvienne développèrent des liens très étroits avec toute la Nature, marqués à la fois par une grande vénération, un profond respect et aussi de la peur. Car si la TERRE est généreuse, si elle donne tout : les minéraux, les végétaux, les animaux et tout ce qui vit sur et dans la terre, elle peut aussi, si on la traite mal, provoquer des calamités comme des tremblements de terre assez nombreux dans la zone andine, de la sècheresse, des inondations ou tous autres problèmes.

PACHAMAMA en langue quechua, langue des Indiens, signifie la Terre nourricière, donc la fertilité, la fécondité ; c’est pourquoi, elle est associée à une femme et à une mère qui nourrit sa famille. De plus PACHA signifie à la fois la terre et le temps alors que MAMA, c’est la maman. Cette déesse est donc liée aussi au temps dans sa fonction nourricière et c’est une allusion précise au cycle des saisons.

Sur la route Chivay au Pérou
Photo Marie-Françoise Poughon

Cette déesse n’a pas de temple ni de lieu de culte particulier puisqu’elle est partout dans la nature. Mais il est recommandé à son égard de pratiquer la CHALLA ou EL PAGO, c’est à dire des offrandes d’alcool, de feuilles de coca ou même des sacrifices, comme à l’époque inca, de lamas ou vigognes et cela toute l’année mais particulièrement au mois d’août, qui là-bas dans l’hémisphère sud, est la fin de l’hiver et en conséquence, le début d’une nouvelle année agricole que l’on désire la meilleure possible.

Avec la conquête, au 16e siècle, les Espagnols ont imposé le christianisme et interdit toutes les croyances indigènes, la Pachamama a perdu en apparence de l’importance cultuelle mais a continué un peu clandestinement sous l’image sainte de LA VIERGE MARIE, la Mère de tous les hommes et créatures.

Pourtant de nos jours encore, LA PACHAMAMA est source de vie, avec d’autres dieux comme l’INTI, le Soleil ou les APUS esprits des montagnes, qu’il faut respecter. Elle est le symbole, maintenant de l’écologie. Elle a pour mission de protéger et de nourrir laissant les hommes libres de la cultiver à leur gré.

Dans les Andes, préparation d’une offrande à la Pachamama
Photo Marie-Françoise Poughon

Depuis le 20e siècle, les populations locales indigènes peuvent participer davantage à la vie politique et sociale de leurs pays et avec la démocratie naissante, ce qui n’était pas possible avant, des Indiens ont pu accéder au pouvoir par des élections présidentielles par exemple, comme Alejandro Toledo au Pérou ou en Bolivie Evo Morales. Au pouvoir, ils ont vite pris des mesures pour rétablir des droits bafoués comme la réhabilitation des coutumes et croyances interdites depuis longtemps.

C’est ainsi que le président bolivien cite sans arrêt LA PACHAMAMA et le 15 octobre 2012, a été proclamée en Amérique du Sud, « La loi des droits de la Terre Mère » qui reconnaît dans ses articles la souveraineté de la PACHAMAMA que chacun doit définitivement respecter et aimer.

Marie-Françoise POUGHON
(Publié dans « Présence Mariste » n°289, oct. 2016)

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