PM 289

Les Assises chrétiennes de l’écologie, un plant qui pousse et s’épanouit !

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De ces Assises sont nés divers groupes qui veulent vivre leur engagement écologique et leur foi en synergie car on ne peut pas croire au Dieu créateur et se désintéresser du désastre que subit Sa création, toutes les créatures – humains compris. (Présence Mariste n°289, oct. 2016)

Laura Morosini

L’an dernier, fin août 2015, se sont tenues à Saint-Étienne, les deuxièmes Assises chrétiennes de l’écologie. Selon les participants, ces trois journées ont été particulièrement intenses et, à voir leurs mines réjouies en partant, denses d’enseignements et d’inspiration.

L’écologie est -enfin- en train de prendre une place bien réelle chez les chrétiens

Les premières Assises qui s’étaient tenues en 2011 avaient surpris tout le monde, à commencer par les organisateurs, le diocèse de Saint-Étienne et la revue Prier, par l’affluence de personnes intéressées par le sujet. On attendait 400 inscrits mais nous avons atteint 1 400 personnes désireuses de découvrir une réflexion déjà puissante sur l’écologie chez les Chrétiens : Michel-Maxime Egger, Jean-Marie Pelt, Mgr Stenger, Patrice de Plunkett, quelques congrégations… mais aussi des expériences déjà abouties comme l’association suisse Oeku Église et environnement qui fédère plus de 300 paroisses et les aide à développer la prise en compte de l’environnement depuis déjà 10 ans.

De ces Assises sont nés divers groupes, souvent de jeunes, comme les « Indignés chrétiens » et comme « Chrétiens unis pour la terre » qui veulent vivre leur engagement écologique et leur foi en synergie car on ne peut pas croire au Dieu créateur et se désintéresser du désastre que subit Sa création, toutes les créatures – humains compris, mais pas seulement – étant appelées au Salut, comme l’écrit St Paul.

Après quelques années de réflexion, la 2e édition a été décidée pour 2015, l’année de Laudato Si et l’année de la COP21.

Le Diocèse est toujours engagé et les nombreux bénévoles sur place aménagent un espace bien plus grand (palais des congrès) pour recevoir 2 000 personnes. Le journal La Vie est partenaire ainsi que, cette fois, le jeune mouvement Chrétiens unis pour la terre, qui souhaite inviter tous ceux qui réfléchissent et agissent à échanger leurs idées avec ceux qui sont au stade du questionnement. Une autre nouveauté est un partenariat actif avec plusieurs mosquées de Saint-Étienne qui serviront de cadre à des débats et dont les membres participeront au temps interreligieux de clôture.

Les plénières abordent aussi bien les aspects scientifiques, politiques et économiques avec des invités de haut niveau comme la climatologue du GIEC Valérie Masson-Delmotte, les politiques comme Corinne Lepage, Pierre Larrouturou ou Jo Spiegel, quatre évêques : Mgr Barbarin, Mgr Lebrun, Mgr Feillet et Mgr Stenger, des experts reconnus en énergie climat, comme Pierre Radanne.

La terre lors des Assises chrétiennes de l’écologie de 2015

L’une des plénières-clés a été celle où le philosophe Patrick Viveret, aux côtés de Myriam Cau (vice-présidente EELV du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais) et du jeune théologien Fabien Revol, a expliqué les impasses du système actuel en montrant que des alternatives étaient possibles. Elles sont fondées sur l’éthique du « buen vivir » chère aux Sud-Américains qui expérimentent ce que nous appelons ici la « sobriété heureuse » en redéfinissant ce qui est vraiment important dans la vie, ce qui nous rend heureux.

Apprendre, c’est bien mais rencontrer c’est indispensable

Le 2e axe de ces Assises, c’était les forums-ateliers. Là, 80 intervenants ont été dénichés dans toute la France non seulement pour présenter leurs initiatives mais pour les faire expérimenter aux participants. Cela allait de la création de monnaies locales à des formations sur la gestion de l’énergie dans les diocèses, à l’évaluation de son empreinte écologique, à la préparation de menus « bons pour le climat », à l’étude de la place des animaux dans la Bible et tant d’autres…

Le chemin est un objectif en soi

Dès la conception des Assises, démarrée un an à l’avance, les échanges ont été riches pour proposer ce qui pouvait le plus intéresser et stimuler les participants, quel sens devait avoir chaque débat et comment faire en sorte que tous puissent participer (le prix était très modique et un système ingénieux de logements sur place a mobilisé de très nombreux stéphanois). Une autre question importante a été l’aménagement de l’immense espace. Enfants, artistes, volontaires talentueux ont ainsi transformé une immense halle nue en un lieu véritablement chaleureux où le regard pouvait se réjouir de mille détails.

Se sont succédés une exposition de photos, des mobiles et des globes peints, un espace de relaxation sur des fauteuils en bois et des tapis, un stand d’eau potable, un stand de gobelets consignés, une fée du tri des déchets… tout a été pensé avec délicatesse pour que chacun « soit bien » et que la création soit respectée autant en actes qu’en paroles.

Logo des Assises chrétiennes

Enfin, l’un des défis les plus difficiles a été gagné : les repas pour tout le monde ont été assurés par plusieurs traiteurs de proximité qui proposaient exclusivement des repas issus de l’agriculture biologique et végétarienne, là aussi à prix modique.

Et après…

L’un des souvenirs les plus forts de ces Assises est sans doute pour beaucoup la prière interreligieuse finale dont la scénographie et la beauté, tout en simplicité, a touché les cœurs au plus profond. Cette graine-là a rapidement fait des petits : célébration pour la COP21, vigiles pour la terre et sans doute bien des célébrations lors du prochain jour de prière pour la création, instauré par le pape François, le 1er septembre…

Une autre graine a été l’organisation, par Chrétiens unis pour la terre, de temps de rencontre spontanés autour de cartes des régions de France, où chaque personne volontaire indiquait ses coordonnées, ses désirs, ses projets. C’est à partir de cette base que sera rendu public à l’automne, un Annuaire chrétien de l’écologie qui permettra de continuer les Assises en gardant contact et en s’enrichissant de nouvelles découvertes…

Laura MOROSINI
(Publié dans « Présence Mariste » n°289, oct 2016)

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