Un peu d’humour peut faire vendre
Parfois, l’agacement rend créatif. C’est le cas de cet agriculteur japonais excédé de jeter chaque année la moitié de sa récolte de pommes de terre trop petites, trop grandes ou trop biscornues pour être vendues au supermarché. Il eut le trait de génie.
Il rassembla dans le même filet des patates de toutes tailles et créa une jolie étiquette sur laquelle il inscrivit : « Achetez la famille patate. Bébé patate n’aime pas être séparé de ses parents ». Ça a marché. Désormais au Japon, les clients des supermarchés ne jurent plus que par la famille patate.
Comment nourrir les 10 milliards d’habitants ?
Entre un tiers et la moitié de la nourriture produite est jetée sans être consommée. Les Nations Unies lancent cette année la campagne « Prenez. Mangez. Préservez » pour réduire le gaspillage alimentaire. Chaque jour la planète produit quelque 4 000 calories par habitant selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement … bien assez pour nourrir chacun d’entre nous. Entre 2 000 et 2 500 calories sont nécessaires à l’adulte !!! Entre un tiers et la moitié de la nourriture produite est jetée sans être consommée, publie l’Institution des ingénieurs mécaniques de Londres dans une étude en janvier. Chaque année, 1,2 à 2 milliards de tonnes d’aliments sont gaspillées.
Les incohérences de notre système
Nous souffrons du syndrome de la patate. Au Royaume-Uni 46 % des pommes de terre cultivées ne sont pas mises sur le marché : une partie reste sur les champs et une autre est écartée lors du tri. De même 30 % des légumes n’atteignent jamais l’étal car ils n’obéissent pas aux « critères esthétiques » demandés.
Si les produits arrivent chez le consommateur leur utilisation n’est pas garantie ! C’est le comble : même si Américains et Européens disposent de frigos ou de congélateurs, ce sont eux qui gaspillent le plus les aliments qu’ils achètent : la moitié en moyenne passe à la poubelle !
Sommes-nous trop riches ?
La nourriture est-elle encore trop bon marché ? Les aliments sont considérés par les consommateurs privés ou les restaurateurs comme une marchandise peu coûteuse et renouvelable à l’infini. L’industrialisation de notre alimentation a augmenté la production, ce qui est très bien mais a contribué à déresponsabiliser le consommateur. C’est l’industrie qui s’occupe de mettre les légumes en boîte ou en sachets, de sécher ou de saler la viande. Donc les ménages sont devenus de simples consommateurs ignorants. Ils se fient donc aux étiquettes ou aux fameuses dates à respecter soit pour la vente, soit pour la consommation. On se fie à ces indications sans réfléchir ! Quel gâchis de nourriture ! Quel gâchis d’énergie, d’eau, d’engrais et de surface cultivable !
D’après un article d’Aude PIDOUX
Paru dans "Écho Magazine’’, hebdomadaire de Suisse romande