A N. D. de l’Hermitage (St-Chamond)
« 1903. - L’année de la dissolution des congrégations en France, l’année du départ, de l’exil de nos bons Supérieurs et de tous nos Scolasticats, Noviciats et Juvénats avec tout leur personnel, l’année de la fermeture d’un grand nombre de nos écoles, de la désorganisation de beaucoup d’autres, l’année où tous nos Frères qui voulurent continuer l’enseignement en France furent obligés de quitter leur habit religieux pour revêtir l’habit civil, l’année où, hélas, beaucoup de Frères pour des raisons ou des prétextes que nous n’avons pas à discuter, abandonnèrent définitivement leurs voeux, leur sainte Vocation.
Donc, les premiers mois de 1903 se sont passés, à l’Hermitage comme ailleurs, dans des transes bien justifiées au sujet des événements qui se préparaient, dans la prière et la pénitence pour conjurer l’orage menaçant. (…)
Le 9 avril, le Tribunal de Lyon nommait le liquidateur Maître Anglès. Signification fut faite par le préfet de chaque département à nos 600 établissements de France d’avoir à être abandonnés dans le délai d’un mois. La Maison de l’Hermitage reçut cette sommation, signée Emile Combes, le 18 avril 1903. On avait donc jusqu’au 18 mai pour vider la Maison de tout son personnel. »
(Annales de N.D. de l’Hermitage - extraits)
Photo prise en 1903, veille du départ pour la Syrie des Frères et
des jeunes en formation de la Maison de Varennes-sur-Allier (03)
A St-Genis-Laval (Rhône)
« Ce vendredi matin, 3 avril (1903, à St-Genis-Laval, Rhône) , la communauté a célébré dans la grande chapelle, la liturgie de Notre Dame des sept douleurs. Il est maintenant 15 heures. La clochette de la porte d’entrée qui ouvre sur le Montet lance alors son appel aigrelet et deux messieurs, tout de noir vêtus, se présentent sur le seuil. L’un d’eux tend un document au Fr. portier : ’ Veuillez prévenir le Supérieur, je vous prie, et remettez-lui ceci.’
Quelques minutes plus tard, le Supérieur arrive au parloir. Debout, le Préfet du Rhône et son Secrétaire lui lisent un courrier d’Emile Combes, Président du Conseil, Ministre de l’Intérieur et des Cultes. La phrase tombe comme un couperet : ’ J’ai l’honneur de vous notifier … que votre congrégation est dissoute de plein droit et que tous ses établissements doivent être fermés …’
Les messagers se retirent abandonnant le [supérieur] Général bafoué qui mesure sa détresse. Il dispose de trois mois pour vider les lieux avec tous ses frères, après avoir réglé de multiples problèmes d’ordre matériel et moral … ’ Notre Dame des douleurs, ne nous abandonnez pas !’ murmure-t-il. »
(Annales de la Province de St-Genis-Laval,
texte fourni par Fr. Bernard Descroix)
En 1903 à Bondues - (Nord)
« En attendant le commissaire et le déménagement complet de la maison …
Le jour de sa venue pour nous mettre à la porte, la foule stationnait devant le local, rien ne s’est produit, car la crainte de voir se renouveler de sévères manifestations comme précédemment au départ des religieuses, ici et dans les villages voisins où le tocsin avertissait la population et des vélos alertaient la foule le dit commissaire malgré les gendarmes avait dû pendre une fuite peu honorable.
A cette date nous nous étions déjà mis en civils. (…)
Pour ne pas constituer une congrégation à quatre le F. Directeur prit domicile chez le boulanger, Notteau chez le secrétaire du Comité et le F. Louis-Noël chez deux bons vieillards qui le jour de son départ pleurèrent tous deux comme s’ils perdaient leur fils. Pour le repas les deux premiers les prirent chez leurs logeurs respectifs et Fr. Louis Noël à l’estaminet. " »
(Extrait de la relation écrite par le F. Louis-Noël,
ancien sécularisé. - Province de Beaucamps)
(Publié dans « Présence Mariste » n°234, janvier 2003)