Des plaines de l’Allier … aux monts du Liban
Au centre d’une des plaines fertiles des Limagnes dont les cultures et les élevages sont connus de tous, la petite ville de Varennes, mollement assise au bord de l’Allier, reste, depuis 1876, un ac.if centre mariste. C’est à cette date, en effet, qu’une grande province de l’Institut des Frères Maristes fut constituée par une partie de la province-mère de l’Hermitage et une partie de la province de Saint-Genis-Laval. Ainsi s’explique l’activité des Frères, dès cette époque, dans de nombreuses écoles de l’Allier et des départements voisins, Puy-de-Dôme, Creuse, Cher, Nièvre et Saône-et-Loire.
Dès sa naissance la province comptait 61 maisons où travaillaient 285 Frères. Cette vitalité s’accrut jusqu’en 1903.
Dans le nuire minier de Montceau-Ies-Mines, 7 écoles totalisaient 60 Frères et 2 000 élèves. Certaines villes comme Digoin, Chagny, Saint-Pourçain-sur-Sioule possédaient un pensionnat ; parfois aussi les campagnes, les internes se nourrissant alors de leurs provisions renouvelées chaque semaine par les parents.
A Varennes-sur-Allier, sur un terrain « le 8 hectares, une maison provinciale fut édifiée, avec une magnifique chapelle dont la bénédiction eut lieu en 1891. Cette maison est aujourd’hui encore le centre de la province mariste, qui, après s’être appelée province du Bourbonnais, puis province de Varennes-Orient est devenue province de Varennes depuis l’érection en 1959 de Madagascar et du Liban-Syrie en districts indépendants.
1903 : Quarante volontaires partent pour le Liban
Lorsqu’en avril 1903 paraît l’ordre brutal d’évacuer la Maison Provinciale, une centaine de jeunes de Varennes ont à choisir entre renoncer à leur vocation ou quitter à brei délai famille et patrie.
"Avant leur départ pour le Liban, les jeunes, conduits par l’inoubliable F. Amphiloque, élèvent la croix, symbole de leur sacrifice : ils partent pour l’exil continuer sur la terre d’Orient, l’œuvre apostolique de leurs aînés.
(Légende de la photo figurant sur la revue)
Quarante volontaires sont résolus à s’expatrier pour suivre l’appel divin. Le 1er mai, jour des adieux, est à la fois navrant et magnifique. Ceux qui restent sous l’orage pour conserver les œuvres, les scolastiques et leurs maîtres, admirent en pleurant l’héroïsme des partants.
Ceux-ci disent un adieu peut-être définitif aux lieux bénits témoins de bien douces émotions ; mais les perspectives d’un long voyage adoucissent la note poignante d’une cruelle séparation et s’enveloppent de tant de mirages enchanteurs !
Puis, c’est Marseille, avec l’ascension matinale à N.-D. de la Garde et une visite aux Frères de l’Ecole Saint-Joseph, le voyage en Méditerranée, Beyrouth et… la maison de refuge d’Amchit, au cœur du Liban chrétien.
Face à l’orage
1903, année des lois spoliatrices fut aussi une année de Chapitre général avec la réorganisation demandée par les nouvelles Constitutions.
Un Frère Provincial, nommé à Varennes, Frère Louis-Philémon, devra faire face à la tourmente : départ de Frères pour le Liban ou le Brésil, plus de noviciat ni de scolasticat, une trentaine de Frères soldats et… la moitié des écoles fonctionnant avec un personnel réduit de Frères sécularisés.
Cette sécularisation va provoquer des tâtonnements, des faiblesses et de l’héroïsme durant 40 ans. Alors, en avant ! Le Provincial visite les écoles restées ouvertes, soutient ses Frères traduits en justice et condamnés comme récidivistes !… partout il tient tète et maintient les œuvres. Il meurt, épuisé, et ses successeurs marcheront sur ses traces pour sauvegarder les 25 écoles qui fonctionnent encore.
L’apport des Frères du Liban, refoulés par la guerre 1914-1918, ne suffit pas à combler les vides. Le suprême espoir reste
maison de formation de Bairo (Italie) qui fournira quelques bons éléments aussi bien à Varennes qu’au Liban et au Brésil.
Le Pensionnat Sainte-Marie de Chagny
Le Pensionnat Sainte-Marie de Chagny (Saone-ef-Loire) fut construit en 1880 par le Chanoine Muzy en reconnaissance de sa guérison à Lourdes.
Le superbe édifice, acquis par l’Institut des Frères Maristes en 1897, occupe l’emplacement d’un ancien château. C’est pourquoi il est connu dans la région sous le nom de « Pensionnat du Château ».
Avec des effectifs de 200 à 25 élèves dont la moitié d’internes, il a un puissant organisme de propagande : Son Amicale des Anciens Elèves groupant plus de 800 membres.
L’école N.D. des Minimes à Decize
L’Ecole N.-D.-des-Minimes à Decize dans la Nièvre, occupe l’ancien prieuré dont l’édification commença au XIe siècle. En 1026 en effet, Landri, premier comte héréditaire de Nevers, donna le prieuré Saint-Pierre aux Bénédictins de Sainf-Germain-d’Auxerre. Cette donation verbale fut confirmée par une charte de Renaud / comte de Nevers, fils de Landri, datée de 1032.
Gravement endommagé en 1559 par un terrible incendie, le prieuré fut
confié aux Ermites de Saint-François-de-Paule (les Minimes) qui le
restaurèrent et construisirent les bâtiments actuels à partir de 1629.
Le clocher se composait à l’origine d’une sorte de dôme surmonté d’un campanile qui furent jetés à bas par ordre de Fouché "en 1793, le prieuré servant alors de prison révolutionnaire ; on trouve encore sur certains intérieurs des inscriptions laissées par ceux qui y
furent alors enfermés.
La toiture actuelle fut installée au début du XIX° siècle. Par les baies
romanes du haut clocher, on a un panorama remarquable sur tous les
environs, la Loire et l’Aron, ef Jusque sur les hauteurs lointaines du
Morvan.
Fondation des écoles de Bretagne
Vue de l’Ecole Saint-Jean-Baptiste, Langon (Ille-et-Vilaine).
Cette école fut fondée en 1935 par la province mariste de Constantinople
pour lancer le recrutement en Bretagne. Grâce à la générosité du
Dr Gauthier, médecin de Langon, elle a pu s’installer sur un vaste
terrain à la jonction de deux routes _ à l’entrée de la localité.
Un préjuvénat y fonctionne pour accueillir les vocations de la Bretagne.
(Paru dans Voyages et Missions n°62, mars 1960)
Après la fermeture des écoles de Turquie, les Frères disponibles vinrent renforcer les équipes de Grèce. Or, à ce moment, le recrutement se révélait insuffisant en France, on cherchait donc une solution. Des demandes de fondations d’écoles venant de Bretagne, on en accepta quelques-unes dans l’espoir, tout en rendant service à des populations profondément chrétiennes, de trouver dans cette région quelques bonnes vocations.
C’est ainsi que furent créées les écoles de Trégunc, Langon. Pipriac, Bains-sur-Oust, Le Pertre, quelques années avant la guerre 1939-1945.
L’Ecole Saint-Marc à Trégunc (Finistère)
(Paru dans Voyages et Missions n°62, mars 1960)
Allusion au Lycée Léonin d’Athènes
Les jeux Olympiques de 1960 viennent nous rappeler qus la Grèce fut longtemps Mère des Lettres, des Arts et des Jeux. Athènes était alors le centre intellectuel du monde. C’est dans cette ville que, pour répondre à un souhait exprimé par le Pape Léon XIII, les Frères Maristes acceptèrent de diriger un collège au 4 de la rue Sina.
Cette fondation se développa rapidement et, après la guerre de 14-18, une annexe fut créée dans les faubourg de la capitale. A travers les vicissitudes d’une période de 50 ans, on retrouve ces deux collèges toujours pleins d’élèves.
Paru dans Voyages et Missions, n° 62, mars 1960