Dans la bible, le sport le plus souvent cité est, apparemment, la course. Nous connaissons bien les textes de saint Paul. Quand il fait ses adieux à la communauté d’Éphèse, il leur dit : « Pour moi, la vie ne compte pas, pourvu que je tienne jusqu’au bout de ma course et que j’achève le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à la Bonne nouvelle de la grâce de Dieu. » (Ac 20, 24). En fait, il dit cela en annonçant qu’il sait bien que l’attendent épreuves et prison.
En fait, nous ne savons pas si Paul a été ou non un sportif au sens où il aurait participé lui-même à la course. Il a dû la fréquenter de près ou de loin puisque, à plusieurs reprises, cette métaphore de la course pour son action, son ministère est reprise. En Gal 2, 2, il fait allusion à sa vie qui est une course. Il explique qu’il a annoncé l’Évangile aux païens « de peur de courir ou d’avoir couru pour rien ».
En Ph 3, 12-14, Paul témoigne de sa vie toute donnée pour le Christ mort et ressuscité : « Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j’ai été moi-même saisi par le Christ … une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière et, lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » Dans la 2e lettre à Timothée, il affirme : « J’ai tenu jusqu’au bout de la course. » (4, 7).
Cela dit, St Paul n’oublie pas de dire que le sport ne doit pas empêcher d’aller à la messe le dimanche ! Il donne une série de conseils à Timothée : « Exerce-toi à la piété. Les exercices corporels (somatike gynnasia), eux, ne servent pas à grand-chose : la piété, elle, est utile à tout, car elle est la promesse de la vie. » 1 Tm 4, 8.
Le passage le plus éloquent est dans la première lettre aux Corinthiens : « Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n’est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps et je le réduis en esclavage pour ne pas être moi-même disqualifié après avoir annoncé aux autres la Bonne Nouvelle. » (9, 24-27).
Ce passage fait référence à l’annonce de l’Évangile, c’est-à-dire la venue du Christ sur la terre, venue future qui s’enracine sur la venue première :
Le Fils de Dieu a marché sur la terre. Ce n’est pas une métaphore. C’est une réalité qui rejoint la longue marche du peuple hébreu depuis l’Égypte jusqu’en Israël… une réalité qu’exprime le Concile Vatican II, en disant : « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est, en quelque sorte, uni lui-même à tout homme : il a travaillé avec des mains d’hommes, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. » GS 22, 2.
Au fond le sport le plus biblique, c’est donc la marche ! C’est aussi le sport le plus partagé dans le monde et c’est bon signe, le signe que Dieu aime tous les hommes.
Mgr Dominique Lebrun, évêque de St Étienne
(Paru dans « Présence Mariste » n°256, juin 2008)