Elle nous dit, ici, son admiration pour un Frère proche de ses 100 ans.
Parti de Catalogne à treize ans à Santiago du Chili où il complète son juvénat, F. Antonio Boldú est au bout d’un an, affecté pour son noviciat dans une petite ville du Pérou. Ensuite, il part enseigner à Lima, dans le primaire, pendant plusieurs années puis, en 1939, ce sera le Collège San Isidro, puis Barranco où il deviendra sous-directeur.
En 1956, il sera directeur à Callao et en octobre, directeur du scolasticat. Il restera cinq ans, directeur à San José de Huacho, avant d’être chargé par l’évêque, de contrôler la catéchèse et de donner des cours à tous les catéchistes du diocèse. Il reviendra, ensuite, à Lima et rédigera un manuel de catéchèse qui sera utilisé par 90% des collèges d’État, et il conseillera alors le Cardinal Enriquez pour toute la catéchèse du diocèse.
En 1971, il est nommé directeur superviseur de l’Enseignement religieux et se rend compte de l’horrible réalité, à savoir que la plupart des catéchistes ne savent absolument rien et n’enseignent que pour essayer d’augmenter leurs salaires très insuffisants, malgré leurs nombreuses heures de présence en classe. Instruire sera son cheval de bataille. Il créera le « Convenio Perú Vaticano » où on annonce que « pour être professeur de religion, il est nécessaire de se présenter à l’évêque et de répondre correctement à ses questions », ce qui reste encore actuellement en vigueur au Pérou, avec le Cardinal Cipriani de Lima.
À 100 ans, et toujours avec son ordinateur !
À 75 ans, comme le font les évêques, il demande à prendre sa retraite et se retrouvera à la Communauté de Las Garzas, où il cultive des légumes au jardin, s’occupe d’oiseaux, de fleurs et d’arbres fruitiers et revient de temps en temps visiter sa famille en Catalogne.
Avec le grand âge, il ne s’occupe plus que de son ordinateur où il apprend à communiquer, à jouer, à connaître et à écrire l’histoire des cent ans de la province mariste. Malgré une dure perte de la vision, il lutte et grâce à des séances de radio laser, il ne voit pas trop mal maintenant.
Ce Frère a toujours su conserver beaucoup d’humour et c’est ainsi qu’un jour, alors qu’un cardinal pensant qu’il était prêtre, lui demanda l’absolution de ses pêchés, il répondit : « Monseigneur, je ne suis pas prêtre, donc je ne peux pas vous donner l’absolution, mais rassurez-vous, une pénitence, oui, je peux vous en donner une et une bonne ! »
Il pense souvent à l’aube de ses cent ans, à ce que lui répétait sa mère :
« Une heure de moins en Catalogne, c’est une heure de plus près de Jésus ».
F. Antonio affirme avoir toujours été heureux et ne regrette pas d’avoir choisi de suivre Marcellin Champagnat. En conclusion, il veut partager avec nous sa prière quotidienne :
« Merci Seigneur de m’avoir conservé encore en vie, merci pour tout ce que tu m’as donné tout au long des années. Merci de m’avoir choisi dès mon enfance, pour être à ton service, te faire connaître des enfants et des jeunes, par la congrégation mariste, l’œuvre de la Vierge Marie, Notre Bonne Mère. Merci aussi du bonheur de l’aimer et de la faire aimer. Quoiqu’il se passe, accourez toujours aux pieds de Marie, ayez totale confiance en Elle. Ne lui refusez rien et Elle, Elle ne vous refusera jamais rien, elle ne vous trompera jamais, et moi, j’en suis la preuve encore vivante ! »
Après entretien oral avec F. Antonio BOLDÚ Y RICART