C’est en rentrant de Sallanches où il venait de donner ses cours de maths aux élèves du Centre Technique du Mont-Blanc, mercredi 10 décembre 2003, que Frère Charles nous a quittés brutalement, terrassé à 54 ans par un mal pernicieux qui a eu raison de sa forte constitution.
Originaire de Belleherbe (Doubs), élève des Frères du Russey, très jeune il quitte sa famille et, à 18 ans, il s’engage à son tour dans la vie religieuse. Educateur dans l’âme, il marquera de sa forte empreinte et de ses nombreux talents divers collèges maristes :
- St Joseph à St Didier sur Chalaronne (1973),
- St Jean à Pélussin (1985),
- St Jean Baptiste à Megève et le
- C.T.M.B. à Sallanches (1998).
Tous ses élèves et amis sont unanimes à témoigner de ce que Charles, sans jamais se ménager, leur a apporté…
Grâce à vous, nous avons passé une bonne année de 4e. Nous avons gardé de belles images de vous : au tableau, en train d’expliquer un cours, quand vous vous êtes fâché à cause de T., que vous avez jeté vos stylos et que vous êtes parti furieux. Toutes les semaines, on avait des contrôles qu’on n’aimait pas trop, mais on a réussi le Brevet des Collèges. Pour Noël, on vendait avec vous les bougies du Secours Catholique : cette année, on les allumera en pensant à vous.
Nous étions des « sales gosses ». Merci de votre patience et du bien que vous nous avez donné. Toujours à l’heure, toujours content, vous étiez pour nous un exemple. Vous resterez gravé dans notre cœur.
Vous allez nous manquer. Vous nous avez appris beaucoup de choses intéressantes et on comprenait bien. Vous étiez sévère mais juste. Maintenant que vous avez rejoint Dieu, qu’il s’occupe de vous et veillez sur nous ! Adieu, on se reverra au Paradis, c’est sûr ! (Des élèves du C.T.M.B.)
Vous étiez aimé par beaucoup d’élèves, en tant que professeur, en tant que catéchiste et qu’ami pour certains. Votre dévouement pour le Seigneur était si grand que vous serez à tout jamais à ses côtés. Nous espérons que vous êtes heureux là où vous êtes parti. Nous penserons à vous. (Des élèves de 5e)
Au C.T.M.B., ta vie n’a sûrement pas été un long fleuve tranquille. Malgré tout, j’ai apprécié ta grande conscience professionnelle (tu n’hésitais pas à accueillir, en dehors des cours, des élèves en difficultés pour les aider) qui s’enracinait dans tes convictions humanistes et chrétiennes. Cela se sentait et donnait à ton travail un surplus d’heures. Tu aimais les jeunes et ta rigueur n’était pas un obstacle à la communication entre toi et eux.
Avec tous tes collègues de travail, tu as su prendre de ton temps pour aller leur dire bonjour et entamer une petite discussion amicale. Tu savais aussi tisser, de façon cordiale et festive, des relations entre des personnes qui ne se connaissaient pas… Nous sommes un peu orphelins de toi, mais je souhaite ardemment que ton passage parmi nous nous inspire dans notre relation aux autres. (C.G., Directeur du C.T.M.B.)
Dès ton arrivée au Collège de St Didier, tu souhaites t’impliquer dans la vie de la paroisse et du village. Rompant avec les habitudes, cette volonté a pour effet d’ouvrir ta Communauté à la vie paroissiale et associative. Tu prends donc des responsabilités à la paroisse et tu en deviens le maître de chant. Tu t’investis beaucoup dans l’animation des célébrations, pour le plus grand bonheur des paroissiens qui prennent, et c’est nouveau, un réel plaisir à participer. Ton engagement au sein de la chorale contribue à la renaissance de cette dernière qui était quelque peu tombée en désuétude. Musicien confirmé, tu rameutes les troupes et en prends tout naturellement la direction, n’hésitant pas, pour les besoins de la cause, à participer comme acteur au sein de la troupe de théâtre ! (A.G. et R. B. de St Didier sur Chalaronne)
De toutes les chorales que Charles a suscitées et dirigées, c’est sans doute celle de Pélussin, devenue « Arc-en-ciel », où il s’est le plus impliqué. Aussi tient-elle à lui rendre un vibrant hommage :
Au fil des saisons, tu t’es investi à fond au sein de l’équipe technique, au sein du Conseil d’Administration et enfin à la direction. Tu étais prêt à toutes les audaces, et on te doit d’avoir chanté : « J’t’aime comme un fou ! », « La queue du chat », « Entrez, Messieurs-Dames, entrez… » et ce « Petit Bonhomme », si différent de ta grande silhouette rassurante…
Alors, nous repenserons souvent à ce « Petit grain de sable » et à son message qui se vérifie douloureusement aujourd’hui avec ton départ : « Je suis l’infiniment petit, je ne suis qu’un passant, accroché à ma vie, comme à une terre, perdu dans l’infiniment grand… » (Tes amis d’« Arc-en-Ciel »)
Propos recueillis par Frère Paul BOYAT
(Publié dans « Présence Mariste » n°240, octobre 2004)