
J’ose dire que je suis né dans le « Beau », c’est-à-dire à la campagne et, tout petit, j’ai parcouru les prés verdoyants, les bords des ruisseaux clairs, cueilli des fruits sauvages : fraises des bois, mûres, myrtilles, châtaignes et noix ; puis au jardin, fruits et légumes soigneusement ramassés par mon père et que nous devions, avec mon frère, ranger méticuleusement dans des cagettes en bois ; c’était au lendemain de la 2de Guerre Mondiale.
Et le dimanche, après la messe, escapade dans les magnifiques « bois » du Pilat sur des sentiers escarpés, parfois longeant le Gier, et remontant le long de son « Saut » jusqu’à la Jasserie et au crêt de la Perdrix (1434 m.) De ce sommet j’ai découvert, dans les rougeoiements du soir, la chaîne des Alpes enneigées et son sommet splendide, le Mont Blanc. Mon père, grâce à la table d’orientation, nous parlait de son fameux tour du monde réalisé avec le « Corps expéditionnaire français » en 1918 : Le Havre, New York, San Francisco, la Sibérie jusqu’au lac Baïkal ; nos questions fusaient et…on rêvait !
J’ai continué à rêver …

Et c’est à l’Hermitage, quelques années plus tard, que j’ai continué à rêver, grâce à notre professeur, le frère Jean Frappa. A l’aide d’une riche documentation photographique, en noir et blanc, il nous a fait découvrir dans ses cours de géographie : Paris, sa cathédrale Notre Dame, l’Arc de Triomphe, les Champs Elysées, la Tour Eiffel, Fontainebleau, les cathédrales de Chartres et Reims, Senlis…
Du coup, nos yeux de vilains campagnards provinciaux s’ouvraient, éberlués, émerveillés et nous découvrions, lors d’un camp à Lagny-sur-Marne, dans le concret, l’architecture gothique , les croisés d’ogives, les rosaces, les déambulatoires et leurs chapelles rayonnantes, les gargouilles et autres arcs-boutants…
Et Marcellin Champagnat, en fondant l’Institut des Petits Frères de Marie, avait-il imaginé, qu’en faisant apprendre le catéchisme, la lecture, l’écriture et le calcul aux enfants, il ouvrait leur horizon bien au-delà de la vallée du Gier et du massif du Pilat ?
Il me semble que la musique est du même ordre. On est fait pour chanter. Et on apprend à chanter parce qu’autour de soi, quand on est enfant, on entend chanter et on imite ; et si l’on chante pour les autres, à plus forte raison si l’on chante la louange de Dieu, notre chant doit être beau.

Lors d’escapades à travers les capitales européennes, osez monter les marches du grand Opéra de Vienne pour y écouter Carmen de Bizet, ou celles de l’Opéra de Prague pour y découvrir la « Symphonie du Nouveau Monde » de Dvorak : vous serez alors plongés dans une beauté qui vous fera frissonner…parfois jusqu’aux larmes.