Jeux Olympiques… L’esprit de la fête…

« Un outil de civilisation et de rapprochement des peuples et de leurs jeunesses »

Pierre Gaudry est un sportif de haut niveau. Jugez-en vous même. Ayant été blessé à Font-Romeu au cours de la préparation olympique, il n’a pas pu participer aux jeux de Tokyo pour lesquels il avait été sélectionné en tant que 3e homme du relais 4X400m. Ses titres sportifs sont les suivants : 13 sélections en équipe de France (400 m et 4X400), corecordman de France du 4X400m et sélectionné français aux Jeux mondiaux universitaires de Tokyo en 1967… Ensuite, il a été chef d’établissement à Saint-Étienne et pour terminer Directeur diocésain pour l’Enseignement catholique à Saint-Étienne.

On mesure une fois encore l’extraordinaire caisse de résonance que constituent les Jeux Olympiques. La question tibétaine s’invite brutalement au prélude des Jeux et la flamme, emblème portatif, met le feu sur son parcours.


C’est aussi Jean-Claude KILLY qui s’écrie : “L’Olympisme reste un rêve, il ne faut pas le toucher.”
Comment se fait-il que cette manifestation restaurée il y a 112 ans par le Baron Pierre de Coubertin suscite pareille foi et légitime l’attention internationale au point d’en faire un sujet des plus “politiques” dans chaque pays ? Au risque d’ailleurs de déchirer un lien économique patiemment tissé avec “l’Empire du Milieu” dont on sait la croissante boulimie et la dévorante consommation à venir.
Comment l’olympisme est-il devenu ce levier si fragile et si fort, censément apolitique, non violent, non militant et pourtant fédérateur ?
Comment entendre la déclaration de Jean-Claude KILLY expliquant à L. SCHREINER dans Le Figaro (7 avril 2008) qu’il fallait pour “faire un Tony ESTANGUET autant de temps qu’un médecin spécialisé” ? Toute une vie pour les Jeux ?
Si notre époque est en “manque de repères”, en voici un qu’il ne s’agit pas de laisser perdre. Il est comme un trésor dématérialisé, une sorte d’idéal qui suscite des vocations.
Quels que soient les “utilisations”, les dévoiements qui ne manqueront pas, l’Olympisme reste encore une grande idée, une noble cause, une sorte d’approche de la beauté, du geste et de l’esprit. D’où sa force, d’où ses défenseurs, voire ses zélateurs et… ses disciples : “toute une vie pour les jeux”.

Transmission de la flamme pour les Jeux de Pékin


Il y a ainsi des articles de foi laïque, des célébrations profanes et des références morales que ne bouderait pas une religion. Vous devinez à laquelle je pense, mais saint Paul, bien qu’il ait dit “avoir couru la bonne course et livré le bon combat” n’avait rien d’un athlète.

Il suffit de lire la Charte olympique, ou plutôt ses principes fondamentaux, pour prendre la mesure de son éternelle actualité, pour ne pas dire de sa transcendance. Tout à la fois ce sont l’homme et la société qui sont honorés.
L’homme, par le sport, atteindra “un développement harmonieux dans une société qui sera pacifique et soucieuse de préserver la dignité humaine” (art 2).
Comment n’y pas souscrire lorsque l’on sait la quête d’harmonie des hommes et la bénéfique influence de l’exercice sur l’équilibre personnel dans une vie urbaine souvent agitée ?

L’article 5 plaide en faveur de l’homme quel qu’il soit et refuse toute discrimination, qu’il s’agisse de son peuple d’appartenance ou de sa personne. Ainsi les considérations de race, de sexe, de religion, de politique n’ont pas de place dans les enceintes sportives.

« L’esprit olympique exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play »


Ce qui reste proprement prémonitoire dans le monde du XIXe siècle et continue d’être, un peu plus d’un siècle plus tard, d’une brûlante actualité.
J’ajouterai même que, dans plusieurs cas bien connus, la couleur de peau, la différence ethnique ont trouvé, grâce aux Jeux, droit de stade, donc, droit de cité.
Enfin, pour les éducateurs que nous sommes ou avons été, quoi de plus moderne que l’article 4 ?
Il spécifie d’entrée que « la pratique du sport est un droit de l’homme » et que l’esprit olympique « exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play ».
Voilà qui vole au secours de la pratique sportive dans nos établissements et de ses vertus formatrices méconnues par des parents encore nombreux et, faut-il le dire, par quelques collègues.

On comprend que les Jeux Olympiques, qu’il faudrait considérer à l’écart d’enjeux qui les dépassent et risquent de les dénaturer, sont un formidable outil de civilisation et de rapprochement des peuples et de leurs jeunesses.

Les jeux para-olympiques permettent à l’olympisme de mettre en valeur la dignité de toute personne


Nos jeunes ne s’y trompent pas qui attendent quatre ans durant ces rendez-vous festifs universels et sont capables d’y consacrer beaucoup de leurs énergies. On approuve Jean-Claude Killy : ne brisons pas le rêve.

Pierre GAUDRY
(paru dans Présence Mariste n° 256, juin 2008)

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