Frère Alain
Henri : Pourquoi as-tu été coopérant en Centre Afrique ?
Henri :

Les six années que j’ai passées à Berberati en Centre Afrique, comme coopérant volontaire, ne sont pas le fait du hasard, mais plutôt la réalisation d’un rêve d’enfance.
Né en octobre 1949 au Maroc, au temps du protectorat français, mais dès l’âge de deux ans, mes parents sont allés habiter, avec moi, à Bordeaux. Ce rêve d’enfance a donc pris naissance au collège St Jean-Baptiste de La Salle, à Bordeaux ; j’avais alors une douzaine d’années. Un jour, un Frère des Ecoles Chrétiennes, missionnaire en Afrique, vint nous parler des Missions. Sa présentation m’a captivé, j’avais envie de devenir missionnaire !
H : Cette attirance m’a conduit au juvénat (sorte de petit séminaire des Frères) de MAULEON (pays basque) jusqu’en classe de Première. J’avais trop envie de découvrir le monde ! Très tôt, au collège, les matières scientifiques m’ont passionné ; je voulais tout apprendre pour savoir et comprendre. J’ai poursuivi mes études jusqu’au doctorat pour lequel j’ai passé deux ans dans un laboratoire de recherche. Ce confinement un peu long m’a incité à accepter une proposition de poste d’enseignant, en coopération, au Maroc, mon pays natal.
H : Je suis parti en octobre 1978. J’ai exercé à Rabat, à l’Ecole Normale Supérieure où j’étais comme assistant de faculté.

H : Non, puisque après trois ans dans ce pays le ministère des Affaires Etrangères m’a proposé un nouveau poste à Brazzaville (Congo) où je suis resté quatre ans. J’étais à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Education (formation des professeurs) et Conseiller Pédagogique des nouveaux professeurs (jusqu’à 100 élèves par classe ! ). J’ai beaucoup pris goût à l’enseignement. Après un passage éclair en Algérie, en 1986 - devant enseigner près de Bouira - j’ai dû démissionner en raison de l’ambiance générale dans le pays. De retour en France, j’ai préféré ne pas entrer dans l’Education Nationale. J’ai eu alors la chance de trouver un poste dans un centre de formation militaire pour des stagiaires étrangers préparant l’entrée à Saint-Cyr. Je suis resté ainsi dix ans à Rochefort (Charente-Maritime).
H : J’ai eu le désir de repartir en coopération, et j’ai eu connaissance, alors, de l’existence de la Délégation Catholique à la Coopération (D.C.C.) à qui j’ai proposé ma candidature pour enseigner les mathématiques et la musique. Par chance, le séminaire St André à Berberati (Centre Afrique) demandait un professeur dans ces deux matières précisément. En cette année 1997, j’ai hésité à accepter ce poste, car la situation était très conflictuelle (mutineries de 1996-1997). En octobre, la situation a semblé se normaliser à Bangui où je suis arrivé le 11 novembre. Ainsi s’est concrétisé mon attrait pour la mission pour l’Afrique ressenti trente-six ans auparavant.
H : Je me suis senti, très vite, bien à ma place à la mission Ste Anne, dans la Communauté des Frères Maristes. J’ai assumé avec beaucoup de plaisir ma charge d’enseignement au séminaire. Les seuls moments difficiles furent les crises annuelles de paludisme.
Durant ces six ans en Centre Afrique, j’ai pris conscience du travail extraordinaire accompli par les missionnaires. J’admire beaucoup ces femmes et ces hommes qui consacrent leur vie à l’évangélisation, l’éducation ou la santé de ce peuple centre africain encore dans la tourmente, le sous-développement et la pauvreté. D’ailleurs, beaucoup d’événements regrettables ont eu lieu en 2003 dont les saccages, pillages… de missions, et des agressions de religieux. Malgré tout, il faut poursuivre la mission… nourris par une foi profonde en Christ ressuscité.

Heureusement, d’autres événements porteurs d’espoirs se sont produits : la bonne marche, depuis 1998, de l’école Sainte Marie dirigée par Frère Jean Damon ; le démarrage, en 2002, du collège « Marcellin Champagnat » par Frère Didier (l’un des deux Frères centre africains) ; la reprise en main du Centre Culturel Catholique par Sœur Elvira (italienne). Le séminaire Saint André a poursuivi sa bonne marche grâce à M. l’abbé Jean Pierre (centre africain) et au Frère Jean-Louis Rognon. Le Frère Adrien Mercier, depuis longtemps en Centre Afrique, est pourtant encore jeune !
J’ai essayé durant ces années d’adapter mon comportement à la mission qui m’a été confiée ; j’espère avoir réussi. Mon expérience s’est beaucoup enrichie…
Toujours un peu triste d’avoir quitté la mission Sainte Anne, je me réconforte en pensant à cet aphorisme oriental : « Quand le cœur pleure parce qu’il a perdu, l’esprit rit de ce qu’il va trouver ! ».
Pour terminer, j’adresse un immense merci à Mgr A. Delphino, évêque de Berberati (capucin), pour son accueil chaleureux et tous ses encouragements.
Propos recueillis par Frère Alain STEINBACH
(Publié dans « Présence Mariste » n°240, octobre 2004)