Au collège « Les Maristes » de Bourg de Péage (26), une classe de 5e s’est penchée sur la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, dont l’étude fait partie du programme d’éducation civique.
Mme Danièle PENNEQUIN, leur professeur, fait écho à cette réflexion avec sa classe
Ce qui se passe ailleurs, « au loin »
Sensibilisés par la projection d’un court métrage sur le travail forcé de très jeunes Indiens, les élèves mesurent rapidement le gouffre qui les sépare de la plupart des enfants de l’hémisphère sud. Les commentaires fusent :
« Alors, ils ne vont pas du tout à l’école ? »,
demande Antoine, presque envieux. Mais il ajoute très vite :
« Ni au foot ? Et ils ne partent jamais en vacances ? Dur ! »
—« Comme ils sont maigres ! »,
s’apitoie Mélissa.
—« Normal, ils ne mangent que du riz. J’aime pas ça, moi, le riz. À la place, ma mère me fait des frites… »
Jouer et apprendre comme ici en Afrique
peut se faire aussi avec les « moyens du bord »
Alexandre est sidéré :
« Je ne sais pas comment on peut vivre sans ordinateur ou sans portable. Ils n’ont même pas la télé… C’est pas une vie ! »
Laura s’indigne : « Mais à quoi elle sert, alors, la Convention ? »
En France, des DROITS globalement respectés…
Propos bien compréhensibles… En effet, si la France compte encore des milliers d’enfants qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ou sont victimes de mauvais traitements, force est de constater que les conditions globales de vie des enfants sont, dans l’ensemble, nettement supérieures à celles que subissent des millions d’enfants à travers le monde. La France n’est pas un pays où les droits énoncés dans la CIDE sont grossièrement bafoués.
MAIS…
Pour autant, des sujets graves d’inquiétude existent. La société de consommation et ses prouesses technologiques ne conduit-elle pas à priver peu à peu ses enfants d’autres droits nécessaires à leur devenir, qu’aucune convention n’énonce officiellement… des droits d’autant plus vulnérables qu’on peut les bafouer insidieusement, en toute bonne foi.
- Qu’en est-il, par exemple, du droit de jouer pourtant évoqué par la CIDE et, à plus forte raison, celui de « perdre son temps », à la lumière des « plannings » de ministres de nombre de petits Français ? Et du droit de se tromper dans ses choix d’études, de s’égarer sur une fausse piste sans être renvoyé à la case départ ?
Dans nos pays « développés »
que dire « du droit à son papa et à sa maman » ?
- Que dire du droit de grandir dans un corps sain, directement menacé par la « malbouffe », la pollution, les stéréotypes véhiculés par la publicité et le show business… un quotidien qui garantit pour beaucoup l’obésité, le cancer, l’anorexie ? …
- Et du droit de s’épanouir librement sans devenir l’esclave d’une pensée uniformisée ? …
- Que dire du droit à son papa et sa maman, tout simplement, à l’heure des recompositions familiales qui creusent parfois des fossés infranchissables entre parents et enfants ?
- Foulé aux pieds, le droit d’hériter d’un monde de paix et d’équilibre…
- Et tant d’autres…
Antoine, Mélissa, Alexandre, Laura et leurs semblables ont-ils vraiment droit à leurs droits ?
Janusz Korczak DZIELA offre cette phrase à méditer :
« Nous faisons porter à l’enfant le fardeau de ses devoirs d’homme de demain sans lui accorder ses droits d’homme d’aujourd’hui. »
(« Jak kochac dziecko », MSK - Ed Latona, T. VII, Varsovie - 1993).
Danièle PENNEQUIN
(Publié dans « Présence Mariste » n°254, janvier 2008)