d’un point de vue pédagogique ?
Les 12-17 ans sont la classe d’âge la mieux équipée en smartphones avec plus de 50% de taux d’équipement. Ils les utilisent pour envoyer et recevoir des appels téléphoniques, se connecter à leurs réseaux sociaux (essentiellement Facebook), prendre des photographies et réaliser des vidéos, ou faire des jeux.
Mais peu savent les utiliser de manière optimale et ils n’imaginent pas tous les usages scolaires qui sont désormais réalisables à travers les différentes applications qui font de ces petits appareils de véritables couteaux suisses du numérique.
Dès le début de l’année scolaire, l’utilisation des smartphones a été présentée aux élèves, dans le respect du règlement intérieur, avec pour objectifs principaux :
- La réussite scolaire à travers l’utilisation des outils numériques,
- Une motivation plus grande,
- L’ouverture culturelle,
- L’éducation aux médias de manière éthique et responsable.
Les élèves ont accueilli cette utilisation comme une réelle nouveauté et ont vite compris qu’il s’agissait d’une formation complémentaire car ils sont conscients que c’est un outil qu’ils pourront utiliser dans un cadre professionnel. Ils considèrent que c’est un réel privilège pour eux de pouvoir utiliser leurs appareils et sont, par conséquent, très respectueux de bien les utiliser.
S’informer
L’information peut être recherchée directement à partir du navigateur de l’appareil ou à partir d’une application dédiée comme Google recherche. Une question, la recherche d’une définition ? Ils sont invités à rechercher la réponse depuis leur appareil et peuvent, selon l’activité, communiquer le résultat de leur recherche à l’ensemble de la classe. De nombreuses applications permettent à l’élève de poursuivre et d’approfondir l’enseignement débuté en classe.
Expérimenter
Les élèves utilisent souvent le chronomètre de leur appareil pour mesurer leur fréquence cardiaque et leur pouls. Des applications permettent de la mesurer directement en appliquant le bout du doigt sur la caméra du smartphone ou en filmant le visage. Dans l’ensemble, cela donne les mêmes résultats que les mesures faites de manière plus traditionnelle. Il y a aussi des limites. Certains qui avaient une peau épaisse n’obtenaient pas d’enregistrement, la variation de leur flux sanguin n’étant pas captée par la caméra.
Évaluer
Il existe pléthore de QCM en ligne (Questionnaires à choix multiples) qui permettent aux élèves de s’évaluer. Ils peuvent y accéder depuis n’importe quel appareil numérique. Certains profitent du trajet du retour pour tester leurs connaissances. Depuis l’interface professeur, il est possible de voir les scores des élèves mais également de détailler pour chaque QCM les questions pour lesquelles l’élève a su répondre au non ou pour lesquelles il n’a donné aucune réponse. Certains élèves, alors que l’activité est totalement facultative, recommencent le QCM jusqu’à atteindre un score de 20/20.
Communiquer
Les élèves réalisent des photographies ou de courtes vidéos pour conserver la trace des activités réalisées et les intégrer dans leur compte-rendu de TP ou pour illustrer leurs notes de cours. Lors des sorties, les smartphones sont régulièrement utilisés pour prendre des notes, voire enregistrer les conférenciers, avec leur aimable autorisation, ce qui permet d’écouter l’enregistrement, de le réécouter ultérieurement afin de réaliser une prise de notes plus complète.
Mutualiser
Les élèves ont pu utiliser un dossier commun dans Google drive, où sont mutualisées les productions de la classe. Les ressources : photographies, fiches de révisions, etc…. deviennent communes à tous et permettent de favoriser une intelligence collective. Ils peuvent travailler et même modifier des fichiers en ligne. Ils peuvent partager les documents entre eux et travailler de manière véritablement collaborative et simultanée. Une interface Google + avec un cercle de classe leur permet également de recevoir des informations qui prolongent les cours et de les initier à la formation de leurs propres cercles.
Une nouvelle fracture numérique entre les élèves équipés et ceux qui ne le sont pas ne s’est pas produite. Les élèves équipés partagent volontiers la visibilité de leurs écrans avec leurs camarades non équipés. Les appareils sont très différents mais on trouve des applications qui conviennent à tous. Celles-ci sont suffisamment intuitives pour être prises en main sans difficulté particulière.
Il n’y a pas eu de problème de dérive avec l’utilisation des smartphones (messages privés, droit à l’image non respecté,…) car les élèves vivent leur utilisation comme une plus-value et ne tiennent pas à perdre ce qui pour eux représente une sorte de privilège. Il a juste été nécessaire de bien leur rappeler les limites du cadre d’utilisation et notamment de ne pas les utiliser en présence d’élèves qui ne font pas partie de ce projet et qui n’ont pas reçu la même formation à leur usage.
Cela a favorisé une éducation responsable aux médias. Il y a eu un va et vient permanent d’éducation aux bons usages :
- Qu’est-ce que l’e-réputation ?
- A-t-on le droit de diffuser tel ou tel média sans l’autorisation des personnes ou de leurs parents ?
- Est-ce que la géolocalisation est toujours utile ? Dans quel cas peut-elle être dangereuse ? - - Comment ne pas tomber dans un usage chronophage ?
- Comment protéger sa vie privée ?
- Pourquoi est-il nécessaire de différencier ses identités numériques ?
- Dormir avec son smartphone, est-ce que cela peut être dangereux pour la santé ?
De nombreuses questions, auxquelles les élèves sont particulièrement sensibles et qui permettent de les former à un usage beaucoup plus responsable et réfléchi de ces petits appareils.
Travailler, tout au long de l’année avec les smartphones, aura permis aux élèves de découvrir de nombreuses fonctionnalités qu’ils étaient loin d’imaginer. Ils l’utilisent d’une manière beaucoup plus responsable et se rendent compte qu’il fait de plus en partie de l’environnement professionnel et qu’il est donc nécessaire de se former à son usage. Oui, le smartphone a vraiment ravivé la motivation des élèves !
À partir du dossier présenté par Mme Nathalie Lepouder