En cette année 2007, le slogan des
Dans le cadre de la Tutelle des Frères Maristes, nous avions en quelque sorte anticipée cette démarche par une Journée du Réseau dont le thème était :
« En quoi les moyens modernes de communication créent une nouvelle mentalité et de nouvelles relations chez les jeunes ».
Voici quelques réflexions qui ont jalonné cette Journée.
De nos jours, les jeunes baignent dans le monde du « multimédia » au point que certains, comme Jérémie, se créent leur propre univers ; la télévision, les jeux vidéo, l’ordinateur, le téléphone portable font partie de leur monde et les stimulations visuelles et auditives laissent peu de place à la compagnie des adultes.
Actuellement, Internet, les réseaux, les portables sont incontournables dans la vie quotidienne, surtout des plus jeunes. Ces outils engendrent de nouvelles manières d’entrer en relation, de se situer dans l’espace et dans le temps, de nouvelles façons de vivre avec les autres.
Les jeunes ont une façon particulière d’utiliser ces outils car ils sont nés avec ; les adultes, eux, ont plus de peine à s’y mettre. Mais, pour autant, n’y a-t-il pas moyen de se comprendre ?
« Apprivoiser cet outil… »
Si le multimédia est avant tout un outil ludique pour les enfants, c’est aussi un outil de socialisation, et ce qui compte avant tout, c’est le moyen de l’utiliser. Certes, la machine n’est pas intelligente, c’est nous qui le sommes.
L’outil ne vaut que par l’usage qu’on en fait. C’est la raison pour laquelle, l’adulte, l’éducateur doit surtout aider le jeune à « apprivoiser » cet outil. La première démarche sera donc d’entrer en dialogue avec le jeune et non pas de l’abandonner à « son monde ».
D’ailleurs, une des premières fonctions qu’utilisent les jeunes avec ces moyens nouveaux, c’est bien la possibilité de communiquer : voir l’intérêt des SMS, du portable, des blogs.
Pourquoi ne serait-ce pas alors aussi un moyen de communiquer entre jeunes et adultes ?
Il est donc nécessaire que ces derniers se familiarisent quelque peu avec ces outils-là. Les jeunes ont besoin de partenaires pour apprendre ; d’où la création d’espaces de paroles partagées : les jeunes sont souvent prêts au dialogue si on respecte certaines conditions.
Ne pas diaboliser
Il ne s’agit donc pas de suspecter, voir d’interdire. Être éducateur, c’est apprendre à comprendre et à savoir utiliser. Internet n’est pas un univers sans lois et sans limites.
Il existe des normes concernant des domaines comme la haine raciale, la pornographie, la diffamation, les mouvements d’opinions. Il est essentiel de faire connaître aux jeunes que ces lois existent. On peut par exemple, dans le cadre scolaire, créer une Charte comme cela a été fait à Valbenoîte à St Etienne. Les règles doivent être énoncées clairement et signées par tous les utilisateurs. A l’école avec Internet, tout peut entrer et sortir. En cas de transgression, les sanctions doivent être annoncées et claires, c’est aussi de l’éducation.
L’éducateur doit aider le jeune à apprivoiser cet outil
Il faut que les jeunes apprennent à distinguer ce qui est intéressant, ce qui est prohibé et être capables de discerner au nom de quoi on parle.
« Éduquer, c’est dire les limites, et si on les franchit, il faut dire ce que ça coûte. »
Ne pas se contenter du virtuel
A l’image de Jérémie, beaucoup de jeunes auraient tendance à ne vivre que dans un monde virtuel, certains que tout est possible, tout de suite. Ils ont l’impression qu’il n’y a plus de distance (ubiquité) grâce à Internet, qu’il n’y a plus de délai (immédiateté) grâce au portable par lequel je peux être joint tout de suite. Comment dans ce contexte aider les jeunes à avoir un vrai rapport à l’espace et au temps ? Dans le zapping : « je domine le temps, c’est moi qui coupe, qui décide ». Pourtant, pour l’adolescent, la prise de distance est nécessaire à sa construction (rôle de la rupture). De même, dans un monde perpétuel de sons, tel que l’usage presque permanent du MP3, comment initier nos jeunes à la place du silence, comme cela est évoqué dans l’éditorial de ce numéro ?
Permettre à tout enfant de grandir et non de subir
Concernant ces nouveaux médias, on sent une très nette évolution depuis l’an 2000. La pratique s’est généralisée spécialement sur deux pôles, d’une part la fréquentation des sites, surtout pour le travail scolaire (comme c’est le cas à Lagny) et, d’autre part la communication à distance avec tous les services à disposition : téléphone portable, messagerie instantanée, courriel.
Les jeunes ont intégré ces médias dans leur vie quotidienne de façon régulière mais modérée dans l’ensemble. Leur relative aisance dans l’utilisation des médias électroniques s’est construite par tâtonnements personnels et par échanges avec les amis. Ils acceptent les interdictions et les règles si elles sont expliquées. Ils demandent de l’aide pour mieux utiliser les médias électroniques et développer leur habileté, mieux comprendre les mécanismes pour acquérir des compétences critiques.
L’école centrée sur les apprentissages techniques et la recherche d’information ne répond que peu à ces besoins. Pour protéger les jeunes, elle encadre et limite les pratiques alors que la maison reste le lieu de toutes les expérimentations, y compris des transgressions… !
"Dans le foisonnement des messages émis quotidiennement, peut-il y avoir une place à la liberté, à la responsabilité, à la prise de conscience, interroge Mgr Jean-Michel di Falco, évêque de Gap et président du Conseil pour la communication. Les médias et les outils de communication font partie de l’univers des jeunes. Ils ont une influence sur la manière de vivre, de penser, d’aimer, de croire, de travailler. Le défi est de créer des relations nouvelles entre éducation et médias pour permettre à tout enfant de grandir et non de subir."
Être humain, être spirituel, c’est aussi respecter les objets car ils ne sont pas magiques. Les outils donnent beaucoup de possibilités, mais il faut savoir les gérer en toute liberté.
Notes de Mireille DOU (Marseille), mises en forme par Frère André THIZY
(Publié dans « Présence Mariste » n°251, avril 2007)