Tranche de vie… le 21 octobre 2020
Je suis croyante, professeure d’histoire-géographie, adjointe en pastorale scolaire. Mais pourquoi, moi, Caroline Villordin, je me retrouve ici dans la cour de la Sorbonne… ?
Est-ce un moment d’histoire que je vis ?
Que fais-je ici avec les grands de ce monde ?
Pourquoi lui ? Pourquoi notre profession ? Pourquoi nous ?
Ça aurait pu être Christophe, Fabrice, Kadidja, Nicolas, Delphine, Letizia, Asya, Carole, Vincent, Patrice ou bien moi…. Mais ça a été Samuel Paty…
Dans cette cour de la Sorbonne, là où j’ai fait mes études supérieures, là où j’ai eu accès au savoir, je suis en deuil ; et je représente, malgré moi, toutes les communautés auxquelles j’appartiens, mais surtout celle dont je me sens la plus proche, la communauté humaine. Les larmes ont coulé ce 21 octobre, non sans émotions et sans pensées. Comment aurais-pu pu retenir la tristesse, dans ce silence pieux et ces applaudissements réconfortants, que l’on entendait depuis les rues voisines ?
Le 2 novembre 2020
Hier soir j’ai eu du mal à dormir, et la peur a fait son apparition, je ne l’avais pas vu depuis un certain temps…
Je me suis questionnée à nouveau, que vais-je faire de ce moment d’histoire ? Comment vais-je l’utiliser… ? Et puis, je me suis retrouvée devant vous, les collègues et amis, devant eux, les élèves. Et là, j’ai eu ma réponse…
Nous sommes vivants, nous sommes debout, à genoux ou encore fébriles… Mais nous sommes là pour transmettre des valeurs, et être des passeurs de savoirs, de liberté, d’égalité et de fraternité.
Je citerai à nouveau Emmanuel Macron, pour donner davantage de sens :
« Nous continuerons, oui, ce combat pour la liberté et la raison dont vous êtes désormais le visage parce que nous le devons, parce qu’en France, professeur, Les Lumières ne s’éteignent jamais ».
Dans ce temps où les Ténèbres s’agitent, il nous faut être des porteurs de Lumières, pour nous-mêmes et pour les Autres… Même si cela n’est pas facile.
Il existe plein de synonymes pour définir ce que nous devons être, et nous Maristes, éducateurs, nous avons à leur redonner leur véritable saveur.
Alors je vais en réitérer quelques-uns, comme un vœu pieu, une prière païenne, une litanie, un gâteau de fortune…
Choisissez celui qu’il vous plaira, et faites-le vivre, comme bon vous semble.
Soyons des lumières, des soleils, des rayons de soleil, des bougies, des phares, des artisans de paix, des exhausteurs de goûts, des troubadours, des porteurs de joie, des étoiles, des étincelles…
Bref soyons !