Pélussin : 15 ans de chansons et d’amitié

"Il faudra bien des efforts, bien des dévouements, pour se trouver une âme, se créer un répertoire et se faire un public". (« Présence Mariste » n°186, janvier 1991)

Sur la scène déserte, un, deux projecteurs s’allument. Les conversations faiblissent. Soudain, ils surgissent de tous les côtés à la fois, Arc-en-Ciel de couleurs et de sourires. Le podium, lumineux, semble ne pouvoir les contenir tous. Sont-ils 70 ? 80 ?… Sur un signe discret du chef de chœur s’élève, pur et plein, le bonheur magique du chant choral, que soutient un synthé complice…

A peine éteints les applaudissements qu’éclate le rythme d’une bande orchestrale. Et voici que bondissent 20 choristes, mués en danseurs, qui se déploient sur les harmonies de la chanson contemporaine. Alors que le public conquis reprend leurs refrains et rit de les voir sourire, eux s’éloignent et s’effacent pour laisser le champ libre à 40 jeunes enfants qui vont occuper tout l’espace avec la même conviction que leurs aînés. On croit d’abord à un intermède et soudain, on découvre que l’âme de la musique est là, entre les mains et dans les voix des enfants de Cantilène, ce soir et pour longtemps.

DES RACINES PROFONDES

Rien n’avait d’abord prédisposé Arc-en-Ciel et Cantilène à ce genre de spectacle. En cette année 1976, ils sont moins de 30 à se réunir pour - peut-être - tenter l’aventure. Car c’est bien d’aventure qu’il s’agit. En ce soir maussade de novembre, naît la « Chorale de Pélussin ». Il faudra bien des efforts, bien des dévouements, pour se trouver une âme, se créer un répertoire et se faire un public. Il ne faudra pas brûler les étapes. Ce sont environ 40 choristes qui entament l’an II. Très vite il faudra songer à la formation, aussi bien des chefs de chœur — ils seront vite 2, 3, 4… — que des choristes. Sagement, studieusement, nous participons aux stages organisés par A Cœur Joie. Dans le même temps, le groupe s’étoffe et c’est ainsi qu’il devient Groupe Vocal. En 1981, l’afflux de « moins de 12 ans » nous obligea reconsidérer notre position et c’est ainsi que naît, d’un trop-plein du groupe adulte, Cantilène . Ils seront 20, dans les débuts… et 48 aujourd’hui. Dès lors, on commencera à parler d’Ensemble Vocal.

PAS UNE ÎLE

A la même époque, autour de nous, ça bouge aussi. Saint-Clair-du-Rhône, en Isère, nous a précédés de peu. Suivront un peu plus tard Saint-Julien-Molin-Molette, Saint-Pierre-de-Bœuf, puis Chavanay. On ne s’ignore pas. On collabore, on invente les week-end de travail sous la direction de CHEFS de réputation nationale. On se visite, on s’invite, on se mobilise pour de nobles causes à 200, 300, 400 chanteurs.

LA CHANSON CONTEMPORAINE

Vers les années 83, c’est la rencontre avec le mouvement Chanson Contemporaine, lui aussi naissant. Un séjour à Québec, des stages de direction de chant, de mise en scène aux quatre coins de l’hexagone. Et Pélussin va trouver sa nouvelle voie que personne n’avait prévue à l’origine. Un virage est pris qui deviendra évident en 86, lors des fêtes du 10e anniversaire. Sans tourner le dos au classique, nous privilégions la Chanson Contemporaine qui inclut la dimension spectacle : mise en scène, chorégraphie, lumière, couleurs, Vie. C’est ainsi que naît Arc-en-Ciel.

COMME L’ICEBERG DE GRANDS MOMENTS

Tel l’arc-en-ciel qui rassemble les couleurs les plus variées, nous regroupons désormais tous les âges à partir de 8 ans. Nos choristes, qu’ils viennent de Maclas, Véranne ou Pélussin, forment une grande famille au sens fort du terme. Au-delà des répétitions, concerts, sorties, pique-niques… la partie immergée de l’iceberg est riche d’amitié, d’entraide, d’affection, de solidarité à toute épreuve. Des circonstances précises et fort pénibles ont révélé, chez nous, des trésors de délicatesse, de confiance et, j’oserai dire, de tendresse insoupçonnée. Ce qui suffirait amplement — s’il en était besoin — à justifier l’existence de notre groupe.

D’abord toutes nos assemblées générales, certains concerts plus marquants, notre 10e anniversaire avec une sortie en cars pour 140 personnes, au lac d’Aix-les-Bains et, un inoubliable Ave Verum chanté avec autorisation spéciale, dans le chœur de l’église abbatiale de Haute-combe, en présence de la communauté des Pères et de nombreux touristes. Quelle profondeur d’émotion ! Et puis, tous nos concerts « à domicile ». En cette année 90, deux soirées en 6 jours devant au moins 1.200 spectateurs.

Nous avons beaucoup donné au chant choral depuis 15 ans. Mais, dans le même temps, nous avons été comblés au-delà de nos espérances.

Pierre GOUTARD

(Publié dans « Présence Mariste » n°186, janvier 1991)

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