Dans les mois qui viennent de s’écouler, il nous a été rappelé qu’il y a cinquante ans se déroulait le Concile Vatican II qui a duré de 1962 à 1965.
Pourquoi en parler à nouveau dans le cadre de ce numéro de Présence Mariste ?
C’est que le 13 décembre 1963, le Concile promulguait un décret sur les moyens de communications sociales et abordait ainsi la question de la communication et de l’information dans le monde.
Ce fut un décret enfanté dans la douleur. Le sujet était difficile à traiter, il le reste encore aujourd’hui. Évidemment, c’est le texte conciliaire qui a le plus vieilli et l’on serait tenté de dire qu’il ne présente plus guère d’intérêt, sinon historique, les techniques de l’information et de la communication ayant tellement évolué. On parlait à l’époque de la presse, du cinéma et de la télévision, essentiellement, comme moyens de culture et en s’inquiétant surtout de leurs éventuels effets pervers sur la jeunesse. On ne parlait évidemment pas du tout d’internet et de réseaux sociaux.
Plus positivement toutefois, le Concile incitait les catholiques à prendre pied dans tous ces domaines des « moyens de communication de masse », ce qui depuis, a été fait et bien fait.
Le droit à l’information
Ce qui retient particulièrement l’attention, à la lecture du document conciliaire, c’est le droit à l’information. À vrai dire, le pape Jean XXIII avait déjà écrit, dans une encyclique parue le 11 avril 1963, sous le titre « Pacem in Terris » - Paix sur la Terre -, que « tout être humain a droit à une information objective ». Le Concile reprend l’idée considérant que
« le droit à l’information est inhérent à la société humaine, sur les sujets qui intéressent les hommes soit en tant qu’individus, soit en tant que membres d’une société, selon la situation de chacun ».
Information et formation
Ce qui est plus encore d’actualité, c’est le lien que faisait le Concile entre l’information et la formation, suscitant ainsi un champ de réflexion indémodable. Il n’échappe à personne en effet que dans information on retrouve le mot formation : in-formation.
L’information est un moyen privilégié de formation :
« La diffusion publique et en temps voulu de faits et d’événements permet à chaque homme d’en avoir une connaissance exhaustive et permanente. Mais on fait observer aussi que la communication de l’information requiert qu’elle soit toujours véridique et complète, honnête et convenable, c’est-à-dire que, dans l’acquisition et dans la diffusion des nouvelles, elle observe absolument les lois morales, les droits et la dignité de l’homme. »
À vous, chers lecteurs, d’apprécier !
Être informé : pourquoi faire ?
Au-delà du droit à l’information, que le Concile considère déjà comme une évidence, c’est le bon usage de l’information qui est en question. Car être informé, c’est bien, mais que faire de l’information, de toutes ces informations qui nous submergent comme les flots incessants d’un océan… Aujourd’hui, une information chasse l’autre et, comme on dit : « Trop d’informations tue l’information. » Or, à ce propos, le Concile disait que, bien informé,
« chacun pour sa part peut concourir efficacement au bien commun, et tous ensemble peuvent contribuer plus aisément à la prospérité et au progrès de toute la société. »
Que voilà de beaux sujets de réflexion qui pourraient donner lieu à quelques débats très « formateurs » dans nos établissements scolaires.
Un regard chrétien sur l’information
Un commentateur de notre texte conciliaire, Émile Gabel, a judicieusement fait remarquer que le Décret sur les Moyens de communication sociale a été promulgué le même jour, 4 décembre 1963, que la Constitution dogmatique sur la liturgie.
« La coïncidence, écrit-il, est riche d’enseignements. Par la Liturgie, nous entrons en communication avec Dieu ; par tous ces moyens modernes, les hommes entrent en communication entre eux. Cette communication exprime, crée et renforce la société ; elle doit conduire à une vraie communauté. Et l’homme rencontre aussi Dieu en passant par l’homme. »
Fine observation qui donne à l’information ses lettres de noblesses en la haussant au niveau où elle devrait toujours se maintenir.
Quelques repères du Concile Vatican II
- Il se déroule en 4 sessions, de 1962 à 1965.
- Ouverture du Concile, le 11 octobre 1962, par le pape Jean XXIII qui convoque les évêques du monde entier pour réfléchir au rôle de l’Église dans notre temps.
On le considère généralement comme l’événement le plus marquant de l’histoire de l’Église catholique au XXe siècle. Il manifeste son ouverture au monde moderne et à la culture contemporaine faite de progrès technologiques, d’émancipation des peuples et de sécularisation croissante. - Clôture : elle intervient le 8 décembre 1965, avec le pape Paul VI.
- Le Concile promulgue au total 16 documents donc le décret sur les Moyens de Communication Sociale.
- Les 4 principaux textes sont les suivants :
De Sacra Liturgia (sur la liturgie)
Dei Verbum (sur la Parole de Dieu)
Lumen Gentium (sur l’Église)
Gaudium et Spes (L’Église et le monde de ce temps).