Jeune enseignant contractuel de philosophie depuis maintenant deux ans, j’ai eu la chance d’être confronté à des situations d’une assez grande diversité, ce qui m’a obligé à développer des compétences d’adaptation et de changement rapides, afin de faire au mieux le travail qui est le mien.
Si je mets de côté la crise sanitaire qui a pris tout le monde de court, il m’est apparu assez rapidement que certaines des conditions dans lesquelles sont placés enseignants et élèves, constituaient de véritables freins au bon fonctionnement de l’institution.
Les quelques pistes évoquées dans cet article n’ont pas la prétention d’être exhaustives, mais plus que des solutions, mon objectif était surtout d’inviter à chacun à entreprendre une réflexion sur les conditions d’exercice de notre métier.
Le métier d’enseignant ne fait plus rêver
A cela bon nombre de raisons : un manque de moyens, des situations parfois très complexes, des salaires jugés trop bas ou encore un manque de reconnaissance de la fonction. Cependant tous ceux qui la remplissent doivent continuer à se battre au quotidien pour pouvoir faire au mieux un métier qui malgré ses difficultés est pour eux une véritable passion, avec tout ce que cela peut comporter de positif et de négatif.
Le système scolaire français se trouve aujourd’hui dans une position problématique, en effet Les réformes se succèdent afin de redonner du sens à celui-ci et lui permettre de s’adapter à une société qui a largement et de plus en plus rapidement évolué, qui progressivement a perdu la foi dans la capacité de l’école à permettre aux élèves de devenir des adultes et des citoyens capables de faire société.
Ces conditions mènent les professeurs à devoir exercer leur fonction avec autorité et prise en compte du climat dans lequel ils doivent évoluer.
Être capable de se mettre au niveau des élèves
Être capable de remettre en question de manière incessante nos manières d’enseigner, c’est aussi et surtout être capable de faire preuve d’une adaptation constante en fonction des classes et des moyens que nous rencontrons. Nous avons en face de nous des élèves issus de la génération Z, des élèves qui ne sont pas habitués à être concentrés longtemps sur une même tâche et qui sont en revanche sollicités sans arrêt par leur smartphone. Il nous faut donc nous adapter à ce nouveau public pour leur apporter l’enseignement qu’ils méritent et dont ils ont besoin.
Pour cela il faut trouver des moyens de maintenir leur attention ; cela passe par des supports vidéo, des tâches plus courtes (pas plus de vingt minutes sur une même tâche), des travaux en groupes avec des objectifs précis…
Comment conjuguer toutes ces conditions
Il faut redonner aux élèves le goût de l’école, l’envie d’apprendre. Cela passe d’abord par la création d’un climat scolaire qui donne envie de venir et qui permette aux jeunes, aux personnels et aux enseignants de se sentir bien dans l’établissement scolaire qui est le leur.
Il faut également redonner du sens à la scolarité et aux apprentissages des élèves.
Quelques pistes de transformation à explorer
Créer des liens entre les différentes matières enseignées
il faut donc permettre aux professeurs d’une même équipe éducative de travailler en coopération en vue d’objectifs communs. Ce n’est que parce que les élèves comprendront que tous les apprentissages communiquent et s’articulent entre eux, qu’ils seront à même de réaliser l’importance de chaque enseignement pour la compréhension du monde dans lequel ils ont à vivre.
Repenser le temps scolaire
La France étant le pays d’Europe où les élèves ont le plus d’heures de cours par semaine, les élèves ne peuvent pas être dans les meilleures dispositions possibles, s’ils sont épuisés et croulent sous les devoirs. Pour apprendre correctement il faut prendre du plaisir à apprendre et avoir le temps de le faire correctement.
Il serait aussi urgent de prendre en compte les dynamiques propres à une vie de classe et à l’interaction de chacun avec la classe et avec les professeurs. Car et cela est trop souvent ignoré, dans une classe une multitude de relations se nouent et se dénouent, créant des réactions en chaîne qui ne peuvent être comprises que si on prend le temps de se pencher un peu dessus.
Les classes sont aujourd’hui en tout cas au lycée, trop surchargées pour permettre aux enseignants et aux élèves de travailler correctement. L’organisation de la classe elle-même est souvent oppressante (peu de mètres carrés pour beaucoup d’individus), or, dans ces conditions les chocs et les conflits sont inévitables, chacun a besoin de son espace, tant intellectuel, que physique, pour pouvoir se développer à sa façon et à son rythme.
Sortir de l’évaluation sanction
Les élèves en viennent et cela est de notre faute et de celle du système scolaire, à vivre pour les notes. Peu importe les progrès que ceux-ci ont fait, peu importe les compétences qu’ils ont développées ou qu’ils sont en train d’acquérir, et peu importe dans quel but, ce que les élèves veulent ce sont des bonnes notes. Il serait grand temps de s’inspirer du modèle évaluatif scandinave avec des validations de compétences et laisser le temps aux élèves de développer les compétences attendues.
Il faudrait pouvoir leur expliquer que ce n’est pas grave que telle compétence ne soit pas encore acquise au mois de janvier, mais qu’elle est en cours d’acquisition, et surtout que cette compétence une fois acquise va lui permettre de faire ceci ou cela, voire même de développer d’autres compétences.
En conclusion
Si l’école connaît aujourd’hui des revers et une perte de confiance généralisée de la part de la plupart de ses acteurs, des solutions demeurent tout de même envisageables et souhaitables. On peut légitimement souhaiter que chacun soit consulté, tant les élèves que les professeurs, afin de permettre à chacun d’apporter ce qu’il a à offrir comme solutions. Il faut faire de cette envie propre à chacun de mieux vivre l’école, une volonté commune, et permettre à chacun de jouer son rôle, à son propre niveau, dans la réalisation de cet idéal éducatif commun.