Après huit ans d’absence, je suis retourné au Cameroun pour le 25e anniversaire des « Jeunes du Monde » , mouvement que j’ai fondé dans ce pays en 1972.
Partout l’accueil fut chaleureux et sincère. Le mot de bienvenue de Prosper Oloma, responsable des secteurs « Jeunes du Monde » de Yaoundé dont je cite un extrait en dit long :
« Vous avez défié les distances, transcendé les préventions et concilié les différences pour semer la graine ; 25 ans après, vous avez la possibilité de voir si la graine a germé et si elle a produit des fruits ! C’est tout à fait légitime ! »

Groupe « Jeunes du Monde » du collège Bullier
où fut fondé le mouvement en 1972
En effet, il y a de quoi être fier et rendre gloire à Dieu : plus de 5 000 jeunes font partie du mouvement et sont présents dans dix-sept diocèses du Cameroun.
J’ai visité plusieurs groupes dans les diocèses de Yaoundé, d’Esaka, d’Obala. La session avec le Bureau National et celle avec les bureaux diocésains m’ont permis de toucher du doigt les réalisations des jeunes, leur engagement missionnaire et de constater les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Dans le vaste diocèse de Bertoua, il y a des jeunes qui, faute de moyens, parcourent 146 km de Lomié à Bertoua (trois jours) pour aller assister à une session « Jeunes du Monde » et cela à pied. D’autre font, à pied, 75 km, de Nguelemendouga à Bertoua pour le même motif.
Un « Jeune du Monde » , André N’Dongo du village d’Egbousi, atteint d’un cancer à la tête, disait à Sœur Monique Robic :
« Vous allez fêter, mais ma mission à moi est ailleurs maintenant. Le mouvement J.M. est le mouvement le plus spirituel que j’ai rencontré. A travers le mouvement J.M. j’ai été saisi par le Christ. Je souhaite que tous les « Jeunes du Monde » soient saisis par le Christ. Quand je vois l’exemple de ceux qui ont souffert avec le Christ, je suis parfois dans la joie avec ma souffrance. »
II partage sa prière avec un groupe :
« Seigneur, je souffre beaucoup dans mon corps. Je mets ma souffrance dans la tienne. Ma souffrance est atroce et elle est longue. A ma mort sois mon avocat auprès du Père comme j’ai toujours été ton avocat auprès de mes Frères. »
André est sur la voie tracée par sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et Robert Naoussi.
C’est une grande consolation pour moi de voir que les jeunes se sont pris en main et que le mouvement continue de progresser. De ces groupes, de nombreuses vocations, par centaines, sont sorties : prêtres, religieux, religieuses, novices, grands séminaristes… L’entrevue avec Mgr Jean Zoa, archevêque de Yaoundé, fut des plus agréables. Il sait faire confiance aux laïcs et encourage toutes les bonnes volontés dans la recherche du bien et dans l’engagement en Eglise. Il a confiance aux jeunes et il a toujours encouragé le mouvement « Jeunesse du Monde » .
La conférence épiscopale du Cameroun a approuvé le mouvement en 1988, comme mouvement missionnaire d’action catholique, au même titre que les autres mouvements ; et le 1er août 1996, un décret présidentiel a approuvé le mouvement.
J’ai donné plusieurs conférences durant ma visite : au Grand Séminaire de Yaoundé, au Grand Séminaire d’Otelé, aux Novices des Maristes et des Clarétains, aux élèves des Collèges de Stoll et de Bullier, et de nombreux groupes de jeunes rencontrés.
En conclusion, je fus l’instrument choisi par Dieu pour fonder les « Jeunes du Monde » au Cameroun et ailleurs en Afrique. J’ai planté, aujourd’hui un grand arbre s’élève et porte des fruits. A Dieu, tout honneur et toute gloire !
Frère Paul André LAVOIE
Paru dans « Présence Mariste » n°217, octobre 98