Dans sa vie nous lisons : « qu’il aimait ses Frères comme ses enfants, et son cœur de père lui disait qu’il devait être au milieu d’eux, vivre avec eux, vivre comme eux, partager leur indigence ». Un jour, vers 1820, il décida de quitter le presbytère pour rejoindre ses frères dans la maison achetée à cet effet. La vie y était organisée déjà avec un frère responsable nommé par les autres Frères.
Ayant obtenu la permission de quitter le presbytère, il vint se fixer pour toujours chez les Frères, transportant lui-même son mobilier pendant la nuit, afin de n’être pas aperçu.
On le logea dans une petite chambre basse et malsaine. Son modeste ordinaire était fait avec celui des Frères.
Ce fut pour lui une grande consolation que de se voir au milieu de ses Frères, de vivre avec eux et de pouvoir consacrer tous ses moments à les former. Comme le bon pasteur, il était à la tête de son troupeau : il travaillait avec les Frères, soit à cultiver la terre, soit à faire des clous ; prenait ses récréations avec eux, visitait les classes pour encourager les élèves. Les Frères avaient pour lui une grande vénération, ils l’aimaient comme leur père. M. Champagnat demeura quatre ans avec eux.
M. Champagnat, en venant se mettre à la tête de sa petite communauté, ne prétendait pas se charger de la direction de la maison. C’était l’affaire du frère directeur. Son ministère paroissial le prenait encore beaucoup. Sa présence dans la communauté ranima le zèle et la ferveur de tous les Frères ; les enfants gagnèrent aussi en piété et en bon esprit, et leurs parents fiers de le voir à la tête de l’école, firent éclater leur joie et leur satisfaction. M. Champagnat suivait ses Frères pour en faire de bons instituteurs de la jeunesse.
Marcellin croit qu’en construisant une maison, il crée une vraie communauté. Il prend plaisir à passer les étés à l’Hermitage avec les frères qui y reviennent pour une retraite, un temps de repos, de formation et d’encouragement mutuel. En vivant le rythme de la vie communautaire, d’abord à La Valla, puis à l’Hermitage, Marcellin anime et nourrit la vie de communauté par son exemple, en participant lui-même au travail manuel et à la prière communautaire.
Notre spiritualité est communautaire et c’est quand nous sommes rassemblés comme famille et communauté que nous pouvons mieux la vivre. Nous entretenons des relations profondes et veillons à une présence fidèle dans nos communautés et nos familles. Ainsi nous faisons naturellement l’expérience d’aimer et d’être aimés dans le quotidien de nos journées.
Comme Frères et Laïcs maristes, nous essayons de développer une qualité de communion qui permette aux familles, aux communautés religieuses et à d’autres formes de communautés d’être des foyers où l’on aide les jeunes frères à grandir, où l’on prend soin des frères aînés, où l’on manifeste une affection spéciale pour les plus faibles, des foyers où abonde l’huile du pardon pour soigner les blessures, et le vin de la fête pour célébrer tant de vie partagée.
Extraits de l’Eau du Rocher, n° 100, 105, 110