
En ce matin du 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge Marie, nous avons pu poser quelques questions au jeune Abbé Marcellin Champagnat, à la sortie de la messe du matin. C’est avec grand intérêt que nous vous livrons le contenu de cette rencontre assez étonnante !
Gazette : Vous célébrez la messe très tôt ! Quelle idée, pour un jeune prêtre comme vous, qui vient d’arriver sur la paroisse de La Valla ?
Marcellin Champagnat : Mon cher, vous n’imaginez même pas tout le travail qui m’attend !
Gazette : Ben justement j’aimerais bien le savoir ! Je suis là pour ça ! Confiez-nous vos découvertes ! Vous êtes arrivé quand ?
MC : Il y a peu de temps ! J’ai été ordonné prêtre le 22 juillet dans la chapelle du Grand Séminaire St Irénée ; le lendemain, avec mes 11 confrères nous avons promis à la Bonne Mère de créer la Société de Marie, là où l’évêque nous enverrait ! Je suis arrivé il y a un peu plus d’un mois au presbytère de La Valla ! Vous voyez : c’est du rapide ! Notre évêque n’a pas envie de nous voir « refroidir » (dit-il en éclatant de rire !)
Ga : Je vois que la tâche ne vous effraie pas, votre enthousiasme fait plaisir à voir ! Ben justement, en quelques semaines, vous avez pu observer la paroisse : quelles sont vos impressions ?
MC : La paroisse est immense (il fait de grands gestes) : même le hameau du Bessat en fait partie ! C’est vous dire ! Les paroissiens sont de bons marcheurs ! Tous ceux que j’ai déjà rencontrés, sont de braves gens ! Certains m’ont confié leurs difficultés à vivre, dans ces coins de montagne, d’autres ont la foi chevillée au corps et sont prêt à prier davantage ! Mais je ne vous cache pas que mon plus grand souci, ce sont les enfants et les jeunes du secteur !
Ga : Ah bon ? Ils n’ont pas de travail ? Ils sont dans la misère ?
MC : Le travail ne manque pas ! A la campagne il y a toujours à faire ! Non ! Ce qui me chagrine, c’est le manque d’intérêt qu’ils suscitent !

Ga : Que voulez-vous dire ? C’est intéressant ! Précisez votre pensée !
MC : En dehors du travail, ils sont livrés à eux-mêmes ! Leur instruction est proche de zéro, quant à leur formation religieuse et spirituelle, elle s’en approche aussi ! Quand je vous dis qu’il y a du pain sur la planche !… (dit-il en riant).
Ga : Quelle est votre histoire à vous ? Vous venez d’où ?
MC : Oh ! Ce sera vite fait ! Je viens du même terreau que tous ces gamins dont je vous ai parlé ! J’ai passé peu de temps à l’école ! Si ma tante ne m’avait pas enseigné des tas de choses … je ne serais pas là ! J’étais tranquille dans ma campagne de Marlhes, quand un prêtre est venu bouleverser tout cela (il rigole encore !) Malgré mes ignorances, j’ai fait le séminaire : quand Dieu vous tient ! J’ai même trouvé un plus nul que moi : Jean-Marie, le curé d’Ars, à l’autre bout du diocèse …
Ga : Je ne connais pas !
MC : Vous devriez ! Un saint homme ! Vous allez en entendre parler ! Allez donc lui poser des questions !…
Ga : Vous êtes le vicaire du curé Rebot ! Tout se passe bien ? Ces derniers mois on ne le voit guère !
MC : Effectivement, il n’est pas toujours en bonne forme. Je dois souvent le remplacer. Depuis mon arrivée, j’ai fait presque tous les baptêmes, mariages, enterrements de la commune ! Mais je ne m’en plains pas ! Comme ça, je rencontre les paroissiens ! J’apprends à les connaître !
Ga : Vous voilà jeune prêtre dans ce coin retiré. Vos années de séminaire à Lyon, ça vous aide bien dans votre ministère ?
MC : Bien entendu ! Je vous ai dit d’où je viens ! Je n’étais pas une lumière (il rit encore !) J’ai beaucoup appris !
Ga : Vous pouvez être plus précis ?

MC : Je passe sur les programmes de Philosophie et de Théologie, qui sont les fondements … Ce qui m’a le plus marqué, c’est la formation spirituelle que vous avons reçue : chacun est bien armé pour vivre pleinement son sacerdoce et pour partager tout cela avec ceux que le Seigneur nous envoie ! J’ai aussi beaucoup apprécié les petites réunions de prière et de partage, au séminaire ! Nous étions nombreux, et ces rencontres nous construisaient les uns les autres.
Ga : Vous éveillez ma curiosité ! Dites m’en un peu plus !
MC : En fait, c’est la Bonne Mère qui nous réunissait ! Nous étions nombreux à désirer qu’elle ait sa « Société » ! Nous en parlions, et surtout nous avons beaucoup prié ! Si ça marche, c’est Elle qu’il faudra féliciter !
Ga : Vous voilà maintenant bien loin de vos amis ! Tout cela va sûrement vous manquer !
MC : Ça ne risque pas ! Nous avons prévu de nous retrouver ! Et puis, vous avez vu : je ne m’ennuie pas ! J’ai déjà repéré 2 ou 3 jeunes garçons qui en veulent un peu plus ! On en reparlera un de ces jours ! Au séminaire, quand nous parlions du projet de Société de Marie, je leur cassais la tête en insistant : « Il faut des frères (donc des laïcs) pour le service des jeunes » ! On verra bien ! En tous cas, dites bien à vos lecteurs : si ça marche, c’est Marie qu’il faudra féliciter ! Vous m’excusez, on en reste là, j’ai 3 personnes à confesser !
Ga : Merci de m’avoir donné un peu de votre temps. Je vous laisse à vos paroissiens ! Encore Merci !
Et j’ai laissé ce jeune abbé de 27 ans plein d’énergie, remonter à toutes jambes jusqu’à la sacristie !