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Une Église bâtie sur le roc !

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Aujourd’hui quand nous entendons parler de l’Église, nous la voyons le plus souvent présentée comme une organisation bien charpentée et nous oublions la source première qui la fonde et la constitue. (Présence Mariste n°292, juin 2017)

F Jean Pierre Destombes

Vous avez dit : Église !

  • Oh, moi, mon brave monsieur, je crois en Jésus mais l’Église … Vous comprenez !
  • Avec tout le poids des turpitudes et vicissitudes du passé, les croisades, l’inquisition, les dragonnades et l’esclavage etc. je trouve que l’Église et les Églises ont toujours été occasion de discorde et de violence.
  • Je ne parle même pas de ce que l’on entend aujourd’hui ; ces fautes graves qui se passent en son sein.
Et si on regardait d’un peu plus près ?

Quand on pense à la signification du mot « Église », on découvre une toute autre réalité, un autre dynamisme qui l’habite. C’est une invitation forte à faire assemblée autour de quelqu’un. Dans la Constitution Lumen Gentium du Concile Vatican II, on lit : 
« Ceux qui ont foi dans le Christ, il a voulu les rassembler en la Sainte Église, préfigurée dès l’origine du monde, admirablement préparée dans l’histoire du peuple d’Israël et l’Ancienne Alliance, établie en ces temps qui sont les derniers ».

Il s’agit d’une alliance avec un peuple bien vivant dont le Christ est la Tête et le cœur. Dans notre maison mère de l’Hermitage, dans le lieu de la première communauté, une fresque dit le souci de Marcellin Champagnat de rester branché à cette Église de Jésus-Christ. Il souhaitait pour ses Frères une docilité et une obéissance aux représentants de cette Église que sont le Pape et les Évêques.

La trinité de l Eglise

Contemplons ! Il y a un grand tourbillon dans laquelle nous nous trouvons, un tourbillon qui nous pousse à nous élever, à chercher un chemin de bonheur, ce bonheur que nous ne pouvons trouver qu’en Dieu !
Regardez ces grands triangles qui nous parlent d’un Dieu Trinité, un Dieu d’amour et de communion.
« Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ! »

Mais pour atteindre ces sommets, Dieu nous indique un chemin, un passage obligé. Il nous renvoie à l’Église symbolisée par ce clocher pointu. Si vous faites attention, vous verrez accolé à ce clocher le profil d’un grand poisson. Ce poisson, signe des premiers chrétiens pour désigner le sauveur du monde. Vous connaissez sans doute la réplique de Jeanne d’Arc à ses détracteurs qui lui demandaient si elle obéissait et donnait sa confiance à l’Église ou au Christ. 
« M’est avis que l’Église et Jésus Christ c’est tout un »
.
Elle n’était sans doute pas diplômée en théologie, mais elle avait un bon sens tout à fait évangélique.

Oui l’Église est née du Cœur du Christ

Lorsqu’il remet son Esprit à son Père et qu’il l’envoie dans le monde. L’Église est dans la ligne droite du mystère de l’Incarnation. Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils et sa présence est confiée maintenant à l’Église animée par l’Esprit. Pour nous, Maristes, il est bon de regarder Marie comme notre mère ainsi que de tous ceux qui ont été engendrés au baptême de l’Eau et de l’Esprit.

Aujourd’hui quand nous entendons parler de l’Église, nous la voyons le plus souvent présentée comme une organisation bien charpentée avec une hiérarchie et un modèle de gouvernement, des lois et des pratiques et nous oublions la source première qui la fonde et la constitue. Où bat le cœur de l’Église ? Il bat dans le cœur de Dieu qui est trinité, qui est amour et communion.

Quand l’Église est-elle née ? Si nous approchons l’Écriture nous remarquons surtout trois moments, trois évènements fondateurs.

Le jour où Jésus annonce d’une manière solennelle à Simon

« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». C’est à la faiblesse d’un homme qui ira même jusqu’à le trahir que Jésus confie son Église. C‘est dans sa réponse d’amour, après la trahison, que Pierre reçoit la charge de cette Église. 
« Pierre, m’aimes-tu ? »
« Seigneur, tu sais bien que je t’aime ».
« Pais mes brebis », dit Jésus.

Marie modèle de l’Eglise
Auteur : Domenico Ghirlandaio

Le service de l’Église est né là dans cette relation profonde de Jésus avec Pierre et ses disciples. Et, comme le maître, il s’agit de prendre le tablier de service, de se mettre au niveau du pauvre, du plus petit, de celui qui a besoin. Il s’agit de répondre à cette soif de bonheur qui habite les hommes qui le cherchent, parfois dans de dangereux paradis artificiels.

Le jour de l’effusion de l’Esprit à la Pentecôte

Cet Esprit de force qui portera à témoigner de ce qu’ils ont vu et touché de l’expérience du Ressuscité. L’Église avec ses prêtres, ses diacres est signe dans notre monde que tout est donné par l’amour et le don de Dieu et qu’ils en sont les dispensateurs. Un curé d’Ars, un Marcellin Champagnat n’ont peut-être pas fait de grands plans pastoraux mais ils étaient remplis de cet amour de Dieu. Ils se sont laissés envahir par l’Esprit de Dieu et ont réalisé des prodiges au nom de Dieu.

J’aime bien méditer le texte du Bon Samaritain (Luc 10, 29-37). Les Pères de l’Église ont trouvé dans l’évocation de l’auberge où le Samaritain conduit le blessé, une image de l’Église et dans le vin et l’huile répandus sur les plaies, l’image de la force de vie des sacrements. Cela ne rejoint-il pas une idée chère à notre bon Pape François quand il dit que l’Église aujourd’hui doit être une infirmerie de campagne et lorsqu’il nous invite à aller aux périphéries de notre société. L’ Église en ce cas ne fait que retrouver les gestes de son maître, Jésus.

Visage marial de l’Eglise
Le jour de l’Ascension, où Jésus promet la présence permanente de l’Esprit

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,19-20).
Et cette assurance nous fait vivre dans une espérance sans faille. Quand nous regardons toutes les péripéties plus ou moins glorieuses de notre Église dans l’histoire et que nous la voyons encore debout, c’est la preuve de cette présence qui l’accompagne !

Oui je crois en l’Église et à celui qui la critique j’aime lui répondre. Oui l’Église est ridée, oui l’Église a ses failles, mais elle est ma mère.
Et c’est dans le souffle de l’Esprit qui l’anime qu’elle doit puiser aujourd’hui la force pour avancer. Être attentif aux signes des temps !

  • Redonner la place aux Laïcs qui sont acteurs de l’Église. Chacun a sa responsabilité. Vous êtes tous le Corps du Christ, chacun selon la richesse de sa vocation.
  • Donner la vraie place aux femmes. Au-delà d’une revendication égalitaire qui voudrait que les femmes accèdent au sacerdoce, leur permettre de s’épanouir dans l’Église selon leurs compétences pour donner un visage plus maternel à cette Église.
  • Vivre une vraie catholicité qui s’ouvre au monde, qui dialogue sans cesse qui vit au milieu du monde sans être du monde, partageant joies et peines de celui-ci.
  • Vivre la mission, l’Église n’est pas faite pour se regarder mais pour témoigner à temps et à contretemps de l’amour de Dieu. Favoriser et développer des petites communautés où prêtres, religieux, laïcs, ensemble se mettent à l’écoute de la Parole, prient ensemble, s’engagent au service des plus pauvres. « Voyez comme il s’aiment ! »
  • Devenir des créateurs pour inventer d’autres formes de présence dans le monde, qui crient par leur seule existence la présence du Ressuscité.

Oui je crois en l’ÉGLISE, une Église au visage marial qui se retrouve autour de la même table où Jésus se donne dans le pain de vie afin de devenir aussi pour le monde un bon pain à partager !

F. Jean-Pierre DESTOMBES
(Publié dans « Présence Mariste » n°292, juin 2017)
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