L’Hermitage : une mission continuée

pour un nouveau départ

Il était une foi ! Il était une fois !

Finis les bruits qui montaient du chantier de Notre Dame de l’Hermitage en rénovation.

Finie la sonnerie de la grue qui transportait d’un endroit à l’autre, poutrelles de fer, bennes de ciment et parpaings. On n’entend plus les cris des ouvriers qui s’interpellaient.

Prière de la communauté au cœur même du chantier

Dans l’édifice complètement rénové et inauguré le 22 septembre dernier, une plaque rappelle le nom de tous ceux qui ont travaillé à la réalisation de ce beau projet.

Je ferme les yeux un instant et, après ces deux longues années de labeur, je ne peux m’empêcher de penser à Marcellin, les manches retroussées auprès du chantier où s’activent Frères et ouvriers. Je vois des Frères apportant les pierres aux artisans. J’entends le bruit des pics, les appels, les encouragements. J’imagine l’enthousiasme de toute une équipe, Frères et ouvriers œuvrant à la même tâche.

C’était folie ! Marcellin n’avait rien devant lui et même quelques soucis. Il a entrepris la construction d’une maison assez vaste pour y loger 150 personnes.

« Quand on a Dieu pour soi,… rien n’est impossible ! ». Sa confiance en Dieu était sans borne !

A la découverte de l’espace scénographique du rez de chaussée

Enracinée dans l’histoire, une histoire de famille, une histoire de foi

C’était le 23 novembre 2003, à Aravaca près de Madrid. Le Conseil Général, après sa visite de la Province de l’Hermitage nous laissait cette directive :

« Nous vous invitons à être responsables, capables d’avenir, audacieux pour conserver et renouveler la « Maison Mère » de l’Hermitage. Qu’elle soit un centre non seulement pour votre province mais pour tous les laïcs et les frères qui viennent y chercher, comme Marcellin le faisait, un lieu de retour à vos racines, une maison confortable où se reposer et puiser des énergies nouvelles. Le Conseil Général sera à vos côtés dans ce défi parce qu’il reconnaît dans cette maison un Centre spirituel d’importance pour l’avenir ».

C’était comme un mandat confié à la nouvelle Province Hermitage en lien avec le Conseil Général. Presque immédiatement après, une commission internationale se mettait au travail pour cerner les besoins du monde mariste par une enquête auprès des Provinces de tout l’Institut et des frères et laïcs de la Province.
De nombreuses réunions, à Rome et à Notre Dame de l’Hermitage, ont permis, petit à petit, de définir le profil du Projet Hermitage. Il ne s’agissait pas seulement de rénover des murs mais bien de renouveler les propositions d’accueil et de formation pour que cette « maison de famille » devienne un « lieu source » où l’on aime venir refaire ses forces.

Le « projet » s’articule autour des deux principaux axes suivants.

Le premier : manifester la place de Marcellin et de ses premiers Frères

Le charisme de Marcellin, le don qui nous est fait ainsi qu’à l’Église et au monde, doit se lire dans les espaces intérieurs et la propriété.

L’architecte, Joan Puig Pei, un laïc mariste catalan, a eu le souci de respecter les traces matérielles mais aussi l’esprit de Marcellin.
Champagnat a construit l’Hermitage avec ses Frères et, tout en bâtissant la maison, il formait une communauté de Frères auxquels il communiquait sa passion de Dieu et sa compassion pour les jeunes. Il en a fait la maison des « petits Frères ». La rénovation des lieux ne visait pas à faire de la maison un simple musée ou une maison aux activités multiples ou un hôtel confortable mais la maison de famille où l’on revient pour y puiser l’enthousiasme des renouveaux.
Il nous faudra innover, être créatifs et inventifs pour rendre toujours plus lisible le charisme de Champagnat. C’est toujours une Bonne Nouvelle pour le monde d’aujourd’hui.

Le second : faire de cette maison, de « notre maison », un lieu de formation et de spiritualité !

Lorsque la communauté et les visiteurs se rencontrent pour un moment de détente

Formation qui doit privilégier l’expérience à vivre plutôt que les grandes conférences et les discours. Proposer des itinéraires qui permettent de s’approprier sur une durée suffisante la spiritualité mariste de Marcellin, être à l’écoute des besoins et des attentes de chaque groupe, être comme Marie à Cana, soucieuse de mener les personnes à la vraie source, leur donner tous les moyens et les aides afin qu’elles puissent faire leur chemin vers cette Source Unique. Que N. D. de l’Hermitage puisse devenir un petit laboratoire de la foi, de la vie mariste. N’oublions pas que l’Hermitage est celui de Notre Dame. C’est le nom que Marcellin lui a donné et c’est la « couleur » que doit avoir toute proposition d’animation.

Faire du neuf à partir du passé !

Durant la longue période des travaux, un visiteur, la quarantaine passée, me rencontrait devant le chantier de l’Hermitage et me dit sans détour : « Ce n’est pas bien ce que vous faites, Frère ! Vous m’enlevez mon Hermitage, vous m’enlevez un peu de mon enfance ! »
Le projet Hermitage n’a pas été voulu pour entretenir la nostalgie d’un passé révolu, mais pour retrouver l’enthousiasme des débuts, pour créer du neuf qui réponde aux besoins des générations futures. La nouveauté du « projet Hermitage » concerne ce qui va lui donner vie : une communauté « nouvelle ».
Pour que le charisme de Marcellin qui n’appartient pas qu’aux Frères puisse s’incarner dans tout type de vocation, il est bon que N. D. de l’Hermitage voie vivre une expérience communautaire, mixte et internationale.
C’est un défi important. Aujourd’hui, nous sommes une communauté de 13 membres venant de divers horizons, de neuf nationalités différentes. Chacun, laïc, Frère ou prêtre, nous vivons du même charisme.

Lors d’une soirée concert dans la cour Saint Joseph avec les jeunes de Bourg-de-Péage

Nous avons reçu la même mission. Il s’agit de trouver un équilibre dans notre « vivre ensemble » pour que chacun se sente frère, sœur, tout en respectant les rythmes et les modalités de chacune de nos vocations pour nous enrichir mutuellement. Frères et laïcs, ensemble, pour dessiner le visage d’une Église mariale, une Église ouverte aux différences, qui soit un lieu de fraternité et pas seulement un centre de formation pour les autres mais aussi pour la communauté elle-même.
« Quand on a Dieu pour soi, quand on ne compte que sur Lui, rien n’est impossible ».
C’est bien ce qu’a vécu lui-même Marcellin Champagnat.
« Ainsi, quoiqu’il eût sur les bras une nombreuse communauté, qu’il dût 4 000 francs, et qu’il fût sans argent, avec sa seule confiance en Dieu, mais une confiance sans bornes, il entreprit sans s’effrayer, la construction d’une maison assez vaste, avec une chapelle, pour loger cent cinquante personnes… » (Vie de J-B-M Champagnat, éd. 1989, p. 128)

Frère Jean Pierre DESTOMBES
(Paru dans Présence Mariste N° 266, Janvier 2011)

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