C’est une tâche ardue que de devoir dire ce qu’est aujourd’hui la catéchèse. Chacun de nous a en tête sa propre définition, ses souvenirs de « caté » ou, pour les plus anciens, les questions-réponses des catéchismes diocésains. Depuis 2005, l’Église de France a adopté un « Texte National pour l’orientation de la catéchèse en France », ainsi que 4 principes d’organisation. [1] |
Une proposition qui s’adresse à tous
La catéchèse change, elle change de pédagogie, de méthode, se décloisonne. Mais sa fonction reste la même : permettre à la Parole de Dieu de résonner dans nos vies de la manière la plus adaptée au monde d’aujourd’hui.
Plutôt qu’une activité réservée aux enfants et aux « dames caté », la catéchèse relève de la responsabilité de toute la communauté chrétienne et les « différentes facettes de la vie ecclésiale forment comme un milieu nourricier où s’enracine l’expérience de foi ». [2]
En développant une pédagogie d’initiation, « elle est l’acte de croyants qui apportent aux personnes tout ce qui pourra leur permettre de se tenir dans la vie en croyants ». [3] Elle s’adresse à tous, enfants, jeunes et adultes, à toutes les étapes de la vie. Il s’agit de proposer à tous des itinéraires balisés par des étapes. C’est ainsi qu’on peut aborder les questions qui nous travaillent : Comment vivre ensemble ? Que faire avec la mort ? Pourquoi la souffrance si Dieu existe ? Qu’est-ce que je veux dans la vie ?
Cheminer avec…
Il est important que ceux à qui nous proposons la catéchèse soient accueillis là où ils en sont de leur vie, avec leurs questions, leurs joies, leurs attentes, leurs déceptions, leurs blessures. Une première étape d’un itinéraire cherchera toujours à les prendre là où ils en sont, pour lancer un questionnement, entrer dans une dynamique.
Une deuxième étape permettra de se confronter à la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas de trouver des réponses toutes faites dans un texte biblique, mais de se laisser travailler par cette Parole pour en ressortir enrichis, confortés, dynamisés, encouragés dans notre vie.
Enfin, une troisième étape emmènera plus loin en regardant comment les chrétiens vivent déjà de cette Parole et en invitant chacun à garder ce qui l’a marqué dans cet itinéraire.
De découverte en découverte
Au terme d’un itinéraire centré sur les 7 dernières paroles du Christ, une personne dit : « Les images de croix que vous nous avez proposées sont pleines de vie. Eh, bien, la croix source de vie, c’est ce que je vis tous les jours dans ma mission auprès des personnes que j’accompagne au Secours Catholique. »
Après avoir cheminé avec le prophète Élie et s’être confronté à la citation de Péguy : « Dieu écrit droit avec des lignes courbes », des ados affirment : « Au début, nous n’avons rien compris à cette phrase. À la fin, nous avons compris que Dieu nous restait fidèle quoi que nous fassions dans notre vie. Son amour pour nous c’est une ligne droite et nos péchés ce sont les lignes courbes ».
Devant la Parole de Dieu qui encourage Josué et le peuple de Dieu à entrer en Terre Promise, des enfants de 9-10 ans se déterminent : « Ce que Dieu dit à Josué, c’est vieux et ce n’est que pour Josué » ou « Puisque c’est Dieu qui le dit, ça vaut pour nous aussi aujourd’hui » ou encore « Moi, je crois que c’est un peu des deux ».
Le « catéchiste » grandit lui aussi
Décidément, il ne s’agit plus d’apprendre, mais de se construire des appuis pour notre vie.
« Chacun apprend à vivre en homme à partir du don que Dieu a fait à chaque homme et à chaque femme en les aimant personnellement et en leur donnant, par son amour, d’aimer à leur tour ». C’est en introduisant dans l’expérience d’un tel don que la pédagogie d’initiation aide les personnes à s’aventurer dans l’existence avec la confiance et la force d’agir avec justesse. » [4]
Vivre ainsi des itinéraires avec des personnes est d’une grande richesse. Celui qui conduit l’itinéraire le vit aussi chaque fois de façon différente. Nous cheminons avec les personnes tout au long de l’itinéraire, et nous en sommes, nous aussi éclairés, dynamisés, encouragés. Mais si « le catéchète est frère du catéchisé. Il n’est pourtant pas "à égalité" avec lui : le devoir de transmettre appelle à exercer une forme d’autorité, celle qui permet à l’autre de devenir "auteur" de sa vie… [elle] vient de ce qu’il n’est pas lui-même la source, mais le garant de la fidélité à une longue histoire de la foi vécue dans l’Église à travers les âges. ». [5]
Le Texte National propose aussi de vivre des temps de catéchèse intergénérationnels adossés à l’année liturgique. Dans de nombreuses paroisses, certains dimanches, les personnes sont invitées à participer à des matinées de découverte de la Parole de Dieu à travers des ateliers variés, adaptés à chaque âge. La matinée se clôt par la célébration de l’eucharistie et un temps convivial. Enfin, le Texte demande d’acheminer les personnes vers la célébration d’un sacrement par des itinéraires qui reposent sur la dynamique même du sacrement célébré.
Au cœur d’une communauté
Il me semble pourtant que l’exigence la plus marquante du texte se situe pour les communautés, qu’elles soient diocésaines, paroissiales ou religieuses. Le Texte National définit la communauté comme le milieu nourricier de l’action catéchétique. [6]
Elle est le lieu où non seulement la catéchèse est proposée mais elle est elle-même catéchèse par la façon dont elle vit. Dans la communauté, tous sont responsables de porter la Bonne Nouvelle. Les lieux où s’exercent cette responsabilité sont nombreux : la pastorale liturgique et sacramentelle, la pastorale familiale, les mouvements, les aumôneries scolaires, les écoles catholiques, les aumôneries d’hôpital ou de prison, les services de la diaconie et de la charité. Cette diversité dans la responsabilité invite à construire des ponts entre tous les acteurs de la vie ecclésiale. Ne restons pas chacun dans notre coin, mais mettons nos richesses et nos pauvretés en commun. C’est ainsi, fraternellement, que nous avancerons le mieux.
C’est un formidable défi à relever pour nos communautés : avant de se préoccuper d’organiser la catéchèse ou de fonctionner, se préoccuper d’abord de la façon dont elles vivent leur foi et dont elles portent ainsi la Bonne Nouvelle aux hommes et aux femmes de notre temps. Il ne servira à rien d’organiser des choses, si d’abord, nous n’essayons pas, humblement, de vivre dans le Christ et de servir ensemble la Parole de Dieu.
Rosine FORSTER
Du service diocésain de catéchèse de Strasbourg
(paru dans Présence Mariste N° 259, Avril 2009)