Des grands-parents, transmetteurs de mémoire

Un des rôles importants des grands-parents par rapport à leurs petits-enfants

« Dis, mamie, comment il était papa quand il était petit !… »
Quel enfant n’a pas apostrophé ses grands-parents pour qu’ils lui expliquent l’enfance de ses parents !

Le recul nécessaire par rapport au passé

En effet, les grands-parents jouent un rôle essentiel au sein des familles parce qu’ils narrent un passé commun aux différents membres de cette fratrie élargie. Parce qu’ils sont plus âgés, qu’ils ont davantage de temps mais aussi qu’ils ont pris du recul face aux événements ou aux histoires familiales, ils sont les témoins relais de l’identité d’une famille. Peut-être évoqueront-ils le souvenir de leurs aïeux, peut-être rappelleront-ils à leurs petits-enfants la tendresse et la complicité qui liaient leur propre père à son grand-père, souvent déjà disparu… Les enfants ont toujours été avides de connaître ces petits détails qui ont fait la jeunesse de leurs parents. Cela plonge ces jeunes générations dans les racines historiques d’une communauté familiale, élément moteur et constructif de leur personnalité.
L’absence de grands-parents peut d’ailleurs être préjudiciable pour qu’un enfant puisse apprendre à se situer dans une histoire et une généalogie familiale.

Socle historique d’une famille

« Dis, papi, raconte-moi ta guerre !… » Quel enfant n’a pas désiré que son grand-père lui conte ce lointain passé parfois idéalisé ou parfois étrange, voire obscur ! Qu’elles soient heureuses ou douloureuses, ces mémoires font aussi partie du socle historique d’une famille. Connaître l’histoire de ses grands-parents, c’est en quelque sorte s’enraciner dans la grande Histoire événementielle. C’est déjà une première rencontre pour l’enfant dans la structuration mentale des repères temporels.

Mémoire des racines rurales (Village de Malleval - 42)

Ce sont d’ailleurs souvent les petits-enfants qui interpellent leurs grands-parents pour qu’ils racontent en détail cette tranche de vie parfois difficile qu’ils ont pu connaître dans leur jeunesse, comme par exemple du temps de la dernière guerre mondiale. Quitte à briser le silence, voire le tabou (c’est le cas pour les personnes déportées ou qui ont subi un grand malheur), ces petits-enfants bousculent leurs grands-parents dans leur oubli mémoriel pour qu’ils délivrent leur expérience de la guerre – message qu’ils n’ont pas su avouer à leurs progénitures ! Ainsi resurgit un passé familial enfoui dans des consciences.
Ces grands-parents transmettent des mémoires historiques à des générations qui n’ont pas connu ces temps horribles et qui, par conséquent, se sentent détachées de ces événements.

Mémoire de la fête et de la foi chrétienne

Transmetteurs d’identité et d’identité chrétienne

Mémoires familiales et mémoires historiques, les grands-parents sont donc des transmetteurs d’une identité familiale et d’un passé commun. Ils sont le maillon indispensable d’une chaîne qui relie des générations entre elles. C’est sans doute ce qui explique que Jésus, Dieu incarné en homme, s’est enraciné dans une famille à Bethléem. Joseph et Marie ont été sûrement des parents attentionnés, des éducateurs présents mais surpris de ce dessein divin qu’ils ne devaient sans doute pas toujours comprendre. Et que dire de ses grands-parents maternels, Anne et Joachim ? (Quant aux grands-parents paternels, Jésus n’a sans doute pas pu les connaître en raison de l’âge avancé de son père, Joseph, lorsqu’il prit Marie pour épouse). Nous n’en avons pas grande connaissance. Mais ne peut-on pas s’imaginer une complicité avec Jésus dans un temps où l’oral était privilégié dans le Proche-Orient antique ?

Mémoire de la guerre (cimetière de Colleville St Laurent)

Ils lui ont probablement raconté cette tradition familiale juive dans laquelle Dieu avait fait le choix de faire naître son fils. Le chapitre 1 de l’évangile de Mathieu ne nous met-il pas en exergue la longue généalogie de Jésus, ancrée dans la maison de David depuis quarante-deux générations ?

Une chance inouïe

Que les grands-parents comprennent ce rôle fondamental, sécurisant et stimulant dans le développement de l’enfant.
Qu’ils soient transmetteurs de mémoires.
Que nos enfants profitent de la chance qu’ils ont, le plus souvent aujourd’hui avec l’allongement de l’espérance de vie, de connaître leurs grands-parents.
Qu’ils n’hésitent pas à les interpeller pour qu’ils racontent ces mémoires dans cet amour familial qui les unit, au cœur duquel, nous croyons que Dieu est présent. Ils n’en seront que plus fiers !

Christophe, professeur
(Paru dans Présence Mariste, N° 260, juillet 2009)

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