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Retournés par le Christ

Tout au long de son histoire, l ’Église est marquée par des figures de chrétiennes et de chrétiens dont la vie a été subitement ’’retournée’’ à la suite de la rencontre du Christ.

F. Jean-Claude Christe

L’exemple le plus illustre est dans le Nouveau Testament ce Saul devenu Paul qui, de persécuteur des chrétiens est devenu le propagateur de la Bonne Nouvelle du Christ parmi les nations autour de la Méditerranée. De tels retournements parfois spectaculaires vont se reproduire tout au cours de l’histoire du christianisme. Le Christ n’a jamais fini de fasciner des femmes et des hommes.

Jérôme Cordelier dans son livre ’’Au nom de Dieu et des hommes" nous raconte l’épopée des fondateurs des grands ordres franciscains, dominicains et jésuites et de quelques-uns de leurs disciples jusqu’à l’époque contemporaine.

François d’Assise

Au XIIe siècle, la figure marquante est celle de François d’Assise. Ce fils d’un commerçant riche, « joyeux luron prêt à tous les bons et les mauvais coups », il se mettra au service de l’Église

François d’Assise

vacillante de son temps pour la reconstruire dans toute la chrétienté : ’’Ne vois-tu pas, François, comme ma maison est en ruine ? Va et reconstruis mon église" entend-il le 18 octobre 1208.

Rompant avec sa famille, il est cueilli par le divin en se dénudant intégralement : il devient mendiant. Il se cherche un destin et choisit le don de soi à son prochain. Il devient vagabond à l’aspect d’un gueux, il s’approche du lépreux. Il suscite la terreur mais il attire des compagnons. Ils s’habillent d’une tunique de drap grossier brun comme la terre avec une corde comme ceinture. Ils vont à deux dans les villages et les villes proclamer l’Évangile au risque de se faire passer pour des hérétiques car de tels procédés inquiètent les hommes d’Église. Finalement, ils se font reconnaître par le pape Innocent III en 1217. C’est le début de l’expansion des Franciscains dans le monde, en passant par cette mission totalement téméraire auprès du sultan d’Égypte Malik al-Kâmil en septembre 1219.

Ignace de Loyola

Un personnage de la même trempe, c’est Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites. Inigo Perez de Loyola est né en 1491 dans une famille de la noblesse navarraise. Il se destine au métier des armes, se met au service du vice-roi de Navarre jusqu’au jour où tout bascule le 20 mai 1521 : il est blessé en défendant la citadelle de Pampelune. Laissé pour mort il est tout de même transporté chez lui. Sa convalescence prendra du temps au cours de laquelle il n’a que des vies de saints à lire… ’’Que vais-je faire de ma vie ?« se demande-t-il alors. Il se mettra en route : Terre Sainte, Paris, Rome … Il écrit les »Exercices spirituels’’ fruits de ses expériences intimes avec Dieu

St Ignace de_Loyola

puis il étudie, en latin, à Barcelone, à Alcala et à Salamanque. Le 15 août 1534, Ignace et ses compagnons s’engagent par un vœu collectif dans une chapelle à Montmartre à Paris. Le 27 septembre 1540, le pape Paul III approuve la Compagnie de Jésus ’’pour le service des hommes et pour aider les hommes’’. Suivent les envois des premiers missionnaires à travers le monde à commencer par François Xavier, le défricheur de l’Orient. Ignace meurt le 31 juillet 1556 en laissant trois documents écrits de sa main qui guident encore maintenant la vie des Jésuites.

Adrien Candiard

Né le 31 octobre 1982 à Paris, Adrien CANDIARD est un dominicain français, vivant au couvent du Caire et membre de l’IDEO ou Institut dominicain d’études orientales.

Avant de rencontrer saint Dominique et saint Thomas, écrit Jérôme Cordelier, Adrien Candiard rêvait de grimper un à un les échelons de la République, jusqu’à - pourquoi pas ? - la marche suprême de l’Élysée. Son père avait servi des hommes politiques importants. Lui, étudiant, avait pris sa carte du Parti socialiste, on lui avait confié des responsabilités … Cet esprit brillant, diplômé de Normale sup et de science Po… commençait à songer à une implantation locale.

St Dominique par Fra_Angelico_

La révélation eut raison de ses ambitions politiques … Adrien Candiard raconte : « J’avais été élevé dans une famille peu croyante, mais depuis l’enfance je me posais la question de la vie religieuse. C’était un appel intime, correspondant au désir le plus profond que j’avais en moi et qui se cristallisait autour d’une question : qu’est-ce qui est en mesure de me procurer une joie profonde et durable ? C’est ainsi qu’est montée en moi l’envie d’un engagement radical pour le Christ…’ »

En 2006, à 23 ans, Adrien entre au noviciat dominicain. Il n’a pas pour autant renoncé à interpeller la société dans laquelle il prend part aux grands débats qui agitent notre époque, en phase avec les préoccupations actuelles de notre société et de l’Église. Connu pour son travail sur l’Islam, le dialogue islamo chrétien, il écrit des livres : ’’L’Islam, pourquoi on n’y comprend rien ?’’Du fanatisme : quand la religion est malade’’ et donne des conférences. Il vit comme le firent avant lui ses "frères de contestation’’.

Et l’auteur de citer Jean Cardonnel, le « prêtre rouge », Jean Raguénès, à la tête des salariés de l’usine Lip, Pedro Meca, compagnon de ceux qui n’ont rien, les infréquentables de Paris, Louis Joseph Lebret fondateur de ’’Économie et humanisme" à Lyon et surtout Henri-Dominique Lacordaire qui a restauré l’Ordre des frères dominicains en France.

A la suite de Paul de Tarse ce sont des dizaines de communautés chrétiennes avec des milliers de chrétiens qui s’établissent autour de la Méditerranée. A la suite de saint François d’Assise, de saint Dominique, de saint Ignace de Loyola des milliers de leurs disciples ont parcouru et parcourent encore les cinq Continents. Ils établissent des communautés de frères, annoncent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et témoignent d’une vie toute donnée au Christ.

De Jérôme Cordelier : ’’Au nom de Dieu et des hommes" La grande saga des franciscains, dominicains et jésuites, XIIIe-XXIe siècles (Fayard).

F. Jean-Claude Christe
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