
Les rapports entre l’Église et les médias sont complexes et anciens. L’Église est, elle-même, « médiatrice » de l’Évangile, de la Parole de Jésus dans le monde ! De tout temps l’Église a cherché à utiliser au mieux les langages à sa disposition pour faire connaître la Bonne Nouvelle.
Les techniques modernes de communication, avec internet et Google représentent, à la fois, une chance et un défi pour elle. Les questionnements éthiques sont considérables. La nécessité d’une « éducation » à l’usage des médias est plus que jamais nécessaire.
SOMMES-NOUS DES AMICHES ?
Les débats récents autour de la diffusion de la 5G dans notre pays ont montré, jusqu’à la caricature, que la pression des mutations technologiques s’impose aux politiques comme une évidence. Tous les questionnements sont rejetés au nom de la « loi du Progrès » devant assurer une communication toujours plus rapide et toujours plus fiable. Qu’en est-il vraiment ?

Le retour sur les mutations de ces trente dernières années oblige à s’interroger sur leurs conséquences sociales, culturelles et économiques. Tout est allé très vite… souvenez-vous ! La numérisation des données, écrits, images et son a permis leur stockage et leur diffusion possibles par le biais d’internet d’un bout à l’autre de la planète…grâce aux satellites géostationnaires. D’où la balkanisation des publics, chaque communauté peut recevoir les programmes de son pays d’origine, sans faire l’effort de s’intégrer à l’espace culturel où elle vit.
L’obsession de la vitesse dans la transmission des données aboutit à cette aberration économique d’une spéculation financière, sans rapport avec l’économie réelle, sans parler des monnaies virtuelles qui viennent concurrencer les monnaies officielles ! Les réseaux sociaux bouleversent également les systèmes d’information traditionnels.
Il est plus que jamais nécessaire de s’interroger sur l’impact dans notre vie sociale, culturelle et même religieuse de toutes ces « prothèses électroniques » qui nous envahissent !
UN INDICATEUR INTÉRESSANT : LA JOURNÉE CHRÉTIENNE DE LA COMMUNICATION
Lorsque les Pères conciliaires publièrent en 1965 le décret sur les moyens de communication sociale « Inter Mirifica », ils avaient bien conscience que ce texte court n’était pas à la mesure des défis qui s’annonçaient. Ils eurent l’idée de créer, à l’échelle de l’Église universelle, une « Journée Chrétienne des Moyens de Communication Sociale ». La première eu lieu en 1966 à l’initiative de Paul VI. Toutes les années, un thème est proposé à l’ensemble des communautés chrétiennes, appuyé sur un document de présentation par le Pape lui-même. « Viens et Vois », tel est celui de la 55e JCC, en 2021, (cf le document publié à cette occasion par le Pape François).
Cette Journée est l’occasion, également, des rencontres de Journalistes et professionnels des médias pour la St François de Sales fin Janvier. Année après année, l’Église s’interroge sur son rapport aux médias et questionne les pratiques des professionnels. Place de l’homme, de la liberté de création, rôle de l’économie, dangers du virtuel, recherche de la vérité, autant de questions simples, elles sont présentes dans le travail des journalistes, la responsabilité des rédactions, mais aussi celle des « consommateurs » des médias. L’enquête annuelle publiée par La Croix et Bayard Presse à cette même époque de l’année permet également de suivre les évolutions de ce secteur économique.
LES ENJEUX DU MULTI MEDIAS

L’arrivée d’internet a bouleversé la production et la diffusion des informations. Chaque quotidien a maintenant une édition numérique qui peut aller jusqu’à supprimer la diffusion papier !
La multiplicité des canaux d’information ne garantit pas sa qualité. On peut être inquiet par exemple de la diminution lente du nombre de journalistes en France (– 6% entre 2008 et 2019). Pourtant leur travail est plus que jamais nécessaire, pour analyser, vérifier, mettre en perspective l’actualité. Ils sont à la source de ce qui va être communiqué, par divers canaux.
La menace de l’équilibre du modèle économique de la communication s’est accentuée du fait de la vampirisation des informations par Google qui ne rémunère pas les journalistes, et se contente de reprendre les travaux publiés sur d’autres médias. Le travail d’information avec ses exigences de rigueur, d’honnêteté n’est plus reconnu à sa juste valeur.
Les médias d’inspiration catholique subissent de plein fouet ces évolutions. Ils résistent plutôt bien dans le cadre du groupe « Bayard Presse » capable d’innover et de créer, (cf la publication du supplément hebdomadaire de la Croix), une réussite avec un nouveau style d’écriture et de mise en page, plus varié, plus dynamique.
UN REGARD POSITIF
Les communautés chrétiennes sont invitées à vivre « le nouvel âge de la communication », comme une chance objective pour la diffusion de la « Bonne Nouvelle », sans naïveté mais avec exigence. Cela suppose la formation et l’acquisition de compétences dans les nombreux « métiers » de la communication, qu’elle soit interne à l’Église ou ouverte au grand public. Les écoles catholiques relèvent l’approche de cette « nouvelle culture » pour aider les jeunes à se situer de manière libre et responsable avec ces nouveaux langages.
On peut être agréablement surpris par la créativité que la pandémie a suscitée dans les paroisses et communautés pour de multiples initiatives, utilisation de l’internet pour les réunions ou célébrations, chaînes de réseau téléphonique, sans parler de la présence sur les réseaux sociaux. Cette crise sanitaire aura des effets durables sur nos usages des moyens de communication.
Concluons avec cette prière du Pape François pour la JCC 2021