PM 308

308 L’Eglise au défi de l’Evangile

Comment l’Eglise peut-elle se situer ?

Il est peu de dire que l’Eglise catholique comme institution (peut-être plus que d’autres grandes institutions) est déconsidérée par l’opinion publique, surtout en France. Sa place et son rôle dans la société se sont considérablement affaiblis ; on lui conteste sa posture de « mater et magistra », (mère et éducatrice des peuples), revendiquée par le pape Jean XXIII, dans son encyclique de 1961. Le scandale des abus sexuels, mais aussi de pouvoirs, a contribué à ternir davantage son image de force morale et spirituelle dans la société. De nombreux médias ne sont pas en reste pour souligner ses failles et faiblesses. Les fidèles eux-mêmes de l’Église catholique semblent souvent désemparés dans cette situation. En son sein, diverses tendances s’opposent ; le Pape François doit faire face à beaucoup d’opposition.

Par ailleurs, si la religion chrétienne perd de son influence, nos concitoyens sont avides de « spiritualité » ; ils cherchent à donner du sens à leur vie. Le souci de prendre soin de la planète face au désastre écologique annoncé fait partie de cette tendance actuelle ; et la pandémie du coronavirus fait s’interroger sur ce qui est « essentiel ».

Et alors, dans cette situation, comment l’Église peut-elle se situer ? et surtout comment peut-elle proposer l’Évangile comme une « bonne nouvelle »  ? Sans doute, ne s’agit-il plus de « nouvelle » puisque celui-ci est proclamé depuis 2000 ans ; mais peut-elle encore apparaître « BONNE » pour notre monde d’aujourd’hui ? D’où le titre de ce dossier.

Les divers articles tentent d’apporter des éléments de réponse. Ce qui transparaît à travers les divers témoignages et réflexions retenus, c’est que l’Évangile n’est pas une théorie, mais une force transformatrice. L’Évangile ne peut être incarné que par des hommes et des femmes vivant des situations concrètes d’amour et de service des autres. « Le service n’est pas idéologique, puisqu’il ne sert pas des idées, mais des personnes » (Cf pape François ; dossier p. 20). Mais cela suppose d’aller puiser à la source même de l’Évangile dont le cœur est la miséricorde même de Dieu, manifestée en Jésus.

C’est à ce niveau que doit se situer la véritable conversion susceptible de faire de l’Évangile une « bonne nouvelle » pour nos contemporains, comme l’indique Mgr Claude Dagens. Bien plus que par le changement de structure, c’est en se laissant transformer par l’Évangile que des chrétiens, et donc l’Église, apparaîtront comme de petites lumières que nos contemporains pourront voir et peut-être suivre, découvrant l’Évangile comme source de bien véritable.

F. Michel Morel
Revenir en haut